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Pourquoi Poutine n’est-il pas arrêté en Mongolie ?

Poutine en visite en Mongolie : pourquoi il n’est pas arrêté là-bas

L’Occident réagit avec indignation : malgré un mandat d’arrêt international, le président russe rend visite à son homologue mongol. Le contexte.

Publié aujourd’hui à 19:19

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C’est une provocation qui a fait sourire Vladimir Poutine : lundi soir, le chef du Kremlin s’est rendu en Mongolie, malgré le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre lui. La Mongolie aurait dû réagir et l’arrêter. Au lieu de cela, elle lui a déroulé le tapis rouge. Des photos montrent le président russe marchant sur la piste d’atterrissage aux côtés du ministre mongol des Affaires étrangères après son arrivée. Entouré de nombreux soldats en uniformes traditionnels, il a été accueilli en grande pompe.

Les militants des droits de l’homme sont indignés

Officiellement, Poutine s’est rendu en Mongolie pour participer mardi à une cérémonie marquant le 85e anniversaire de la victoire soviétique et mongole sur une armée japonaise. La visite annoncée a suscité par avance l’indignation en Occident : diverses organisations de défense des droits de l’homme ont exhorté la Mongolie à remplir ses obligations. La Mongolie est un État membre de la CPI, la reconnaît et doit donc agir.

« Tout déplacement dans un État membre de la CPI qui n’aboutit pas à une arrestation encouragera le président Poutine dans ses actions actuelles », a écrit lundi l’organisation de défense des droits humains Amnesty International. L’absence d’arrestation doit être considérée comme « une tentative de saper le travail de la CPI visant à poursuivre les criminels de guerre présumés ».

Poutine risque d’être arrêté dans 124 pays

C’est la première fois que Poutine se rend dans un État membre de la CPI depuis que le mandat d’arrêt a été émis en mars 2023. La Cour pénale internationale avait contre Poutine pour la déportation des enfants ukrainiens.

Le président russe risque actuellement d’être arrêté dans au moins 124 États membres de la CPI, répartis sur six continents. De nombreux États occidentaux et leurs alliés reconnaissent la Cour pénale internationale. Il existe cependant des exceptions : ni les États-Unis ni Israël n’ont ratifié l’accord.

Les possibilités de voyage de Poutine sont donc limitées. En août 2023, il a donc décidé de ne pas se rendre en Afrique du Sud pour le sommet des Brics. Il a participé à la visite par vidéoconférence. Il n’a cependant pas peur des conséquences de son voyage en Mongolie : le Kremlin a annoncé à l’avance, par l’intermédiaire des agences gouvernementales russes, qu’il n’était « pas inquiet » d’une éventuelle arrestation. Sur les photos de la visite, Poutine apparaît détendu à côté du président mongol Uchnaagiin Khürelsüch, qui rit également.

Selon les médias, les deux gouvernements ont signé un accord sur la modernisation de la centrale électrique d’Oulan-Bator et sur l’approvisionnement de la Mongolie en kérosène. Poutine a également invité le président Uchnaagiin Khürelsüch au prochain sommet des pays BRICS en Russie. « Nous vous attendons », a déclaré Poutine, selon les agences de presse russes.

Pourquoi la Mongolie n’a-t-elle pas arrêté Poutine ?

La Mongolie dépend fortement de la Russie pour son approvisionnement énergétique. Un porte-parole du gouvernement mongol a déclaré mardi au journal américain Politico que le pays importait 95 % de ses produits pétroliers et plus de 20 % de son électricité de son « voisinage immédiat ». « Cet approvisionnement est crucial pour notre existence et celle de notre peuple », a-t-il déclaré.

« La Mongolie a toujours mené une politique de neutralité dans toutes ses relations diplomatiques, comme le montrent nos déclarations précédentes », a déclaré le porte-parole. Ils s’excusent, mais « ils ont les mains liées », a résumé le communiqué du porte-parole à Politico.

Pour le gouvernement mongol, la politique étrangère est une tâche délicate en raison de sa situation géographique : le pays, démocratiquement gouverné, est limitrophe de la Russie au nord et de la Chine au sud. « La Mongolie marche sur une corde raide diplomatique pour ne pas contrarier ses deux voisins, avec lesquels elle entretient des liens historiques et économiques étroits », écrit Politico.

« Conséquences » pour la Mongolie

Pour Poutine, son voyage dans le pays voisin est un triomphe. Il n’a pas seulement démontré son influence dans la région asiatique. Le président russe a montré à l’Occident qu’il pouvait ignorer les règles et les institutions qui y sont en vigueur.

La visite d’Etat de Vladimir Poutine risque d’avoir des répercussions pour la Mongolie. L’Ukraine a appelé à ce que la Mongolie soit tenue responsable de ses actes, mais sans plus de précisions, car Kiev n’a aucun moyen de le faire. Heorhii Tykhii, porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, a qualifié le refus de la Mongolie d’arrêter Vladimir Poutine de « coup dur porté à la CPI et au système de justice pénale internationale ». La Mongolie a permis à « un criminel accusé d’échapper à la justice ».

Cela signifie que le pays est en partie responsable des crimes de guerre commis par Poutine. « Nous travaillerons avec nos partenaires pour que cela ait des conséquences pour Oulan-Bator », a déclaré Tykhii.

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