Deux semaines après la rentrée universitaire, de nombreux étudiants n’ont toujours pas trouvé de logement à Nice. La capitale azuréenne est la deuxième ville où les loyers sont les plus chers, après Paris. (1).
« Ici, les premiers prix pour un studio tournent autour de 650 euros, soit 100 euros de plus que dans les autres grandes villes françaises »plante pour la décoration Gabriel Pélisson. Avant d’apporter des pistes d’amélioration, aux côtés du groupe d’opposition écologiste, le membre des Jeunes écologistes de Nice s’est appliqué à dresser les conséquences de la crise du logement sur la précarité étudiante.
« Le loyer occupe la moitié du budget »
Ce mercredi, lors d’une conférence de presse, les écologistes niçois ont présenté les résultats d’une enquête menée auprès des étudiants et des agences immobilières. Ses conclusions sont édifiantes : « Le loyer représente près de la moitié du budget d’un étudiant. Pour 75 % d’entre eux, il reste moins de 100 euros à la fin du mois pour payer l’essence, la nourriture, les soins de santé, etc. »
En regardant le marché immobilier, le mouvement estime la part des logements du Crous à seulement 8% (2) au cœur du parc de Nice. Gabriel Pélisson martèle : « Les étudiants se tournent alors vers des plateformes privées ou des agences immobilières. Ces dernières nous ont expliqué – quand elles ne refusent pas directement les candidatures des étudiants – que nous ne trouverons rien à moins de 750 euros. »
Résultat : les étudiants, sans toit, sont contraints de recourir aux auberges de jeunesse, voire à l’hébergement d’urgence.
Plus de Crous, moins d’AirBnB
Face à ce constat alarmant, Juliette Chesnel-Le Roux, responsable du groupe d’opposition écologiste à Nice, propose une série d’actions. « Parce que nous ne voulons pas que Nice soit réservée aux étudiants riches, il est urgent de construire des logements étudiants. »
Mais avec très peu de terrains disponibles : où les construire ? Si, à la rentrée, le groupe privé Sergic a ouvert 168 appartements dans le nouveau quartier Joia Meridia, à Nice Ouest, l’élue souligne que les universités sont moins excentrées. Elle préfère encourager le développement de « logements mixtes », à la fois sociaux et étudiants « en centre-ville », en mobilisant « le patrimoine immobilier de la ville (…) Mais quand on pose la question en conseil municipal, ces biens sont vendus. Je pense à des immeubles entiers au port », regrette-t-elle.
« Dans ces quartiers, la plupart des appartements sont achetés pour de la location saisonnière… »grommelle Gabriel Pélisson. Une amertume partagée par Juliette Chesnel-Le Roux qui réaffirme sa volonté de limiter le nombre de meublés touristiques de type AirBnB. En 2024, il y aura 13 600 annonces à Nice, selon une étude réalisée par la municipalité en avril.
Municipalité qui a mis en place depuis 2021, une dérogation permettant aux propriétaires de louer de manière saisonnière pendant l’été à condition de faire de la location étudiante à l’année. Mais aux yeux de l’opposition, ces efforts ne suffisent pas : « En fait, les bailleurs sont surtout des professionnels (3) qui ne recherchent que la rentabilité. Et un étudiant, ce n’est pas assez rentable. »
1. Selon une enquête du site Se Loger, le loyer moyen au m² d’un appartement est de 18 €/m², en dessous de Paris qui arrive en tête du classement avec 30 €/m².
2. Actuellement, le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires recense 3 154 logements à Nice (pour 3 285 lits car il y a quelques T2). 75 autres seront livrés en septembre 2026 et 340 d’ici fin 2027-début 2028 dans le quartier Saint-Jean d’Angely.
3. Selon la Ville, 70 % des logements meublés de Nice sont détenus par des investisseurs.
Face 06 aide les étudiants
Pour la rentrée, la fédération étudiante Face 06 a distribué 500 kits de fournitures scolaires, mercredi 18 septembre, dans ses locaux du 12 avenue Giacobi, à Saint-Roch. Gratuits et accessibles à tous les étudiants quels que soient leurs revenus, ces kits comprennent tout le matériel nécessaire pour bien démarrer l’année : stylos, cahiers, classeurs, etc.
« L’objectif est de permettre aux étudiants de démarrer leur année universitaire dans les meilleures conditions possibles, sans subir le stress financier lié à l’achat de fournitures scolaires », souligne le collectif regroupant la majorité des associations étudiantes du département.
Mais parce que la précarité étudiante est alimentée par la crise du logement et l’inflation, les deux épiceries sociales AGORAÉ, gérées par Face 06, ouvriront leurs portes le 9 octobre, à Nice, au 12 avenue Giacobi et au 9 rue d’Alsace-Lorraine.
A cette même date, l’association activera l’ensemble de ses projets solidaires, à savoir : le plan APPARTÉ qui propose des logements étudiants à prix abordables, le restaurant qui propose des repas gratuits deux soirs par semaine, toujours au 9 Rue d’Alsace-Lorraine, ainsi que le Guide des Aides Sociales de l’Étudiant Azuréen qui recense l’ensemble des aides disponibles sur le territoire.
Pour plus d’informations : [email protected] ou 09 52 56 56 06
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