« Un coup très dur pour le Hezbollah », accuse Israël

Des téléavertisseurs utilisés par des membres du Hezbollah ont explosé en masse mardi au Liban et en Syrie, tuant neuf personnes et en blessant plus de 2.700. Israël est accusé d’être derrière cette opération qui a surpris le mouvement chiite libanais.

Une série d’explosions a touché mardi des militants du Hezbollah au Liban et en Syrie. Au moins neuf personnes ont été tuées et près de 2.800 autres blessées. Des bipeurs utilisés par le mouvement chiite libanais ont explosé au même moment. Ce système de bip est utilisé par le Hezbollah pour éviter les interceptions téléphoniques et la localisation de ses militants. Le mouvement a immédiatement accusé Israël d’être “entièrement responsable” de ces explosions et a affirmé qu’il “recevrait sa juste punition”.

Israël n’a pas fait de commentaires sur ces explosions. Les Etats-Unis, principal allié d’Israël, n’étaient “pas au courant” à l’avance des explosions, a indiqué le département d’Etat, exhortant l’Iran à éviter toute action qui pourrait aggraver les tensions dans la région. La série d’explosions marque une “escalade extrêmement inquiétante”, a déclaré l’ONU. Le Hezbollah a déclaré mercredi qu’il “poursuivrait” ses opérations de soutien à Gaza.

Quelle réponse du Hezbollah ?

Une telle attaque, qui intervient dans le contexte d’une guerre larvée entre le Hezbollah et Israël depuis le 7 octobre, est inédite. « Tout le monde a été surpris, c’est totalement inédit », explique Anthony Samrani, rédacteur en chef du journal libanais francophone L’Orient Le Jour, qui y voit une démonstration de force d’Israël contre la milice chiite Hezbollah. « C’est un coup très dur pour le Hezbollah. Il y a près de 3 000 blessés, dont beaucoup sont des combattants. En termes de sécurité, c’est un gros aveu de faiblesse du parti », souligne-t-il.

Et la responsabilité d’Israël ne fait aucun doute, selon le chercheur David Rigoulet-Roze, qui s’attend à ce que le Hezbollah, qui a immédiatement accusé Tel-Aviv, réponde militairement. « Il n’a pas été revendiqué, comme c’est habituellement le cas avec les Israéliens », souligne-t-il. « Mais cela conduit au chaos. Le Hezbollah sera évidemment amené à réfléchir à une riposte, dans une configuration de plus en plus tendue qui pourrait à terme déboucher sur une explosion. » Les écoles et universités libanaises resteront fermées ce mercredi pour condamner cet acte criminel, ont annoncé les autorités.

Des téléavertisseurs bloqués dans la fabrication ?

Quant au mode opératoire utilisé pour faire exploser ces bips, plusieurs hypothèses circulent. Un responsable du Hezbollah a avancé dès mardi l’hypothèse que les bips auraient été piratés, provoquant – à distance – une surchauffe des batteries jusqu’à leur explosion. Une théorie digne d’un film de science-fiction qui n’est pas partagée par tous les experts en sécurité. Ils notent que les bips en question font clairement partie d’un modèle récent acheté par le Hezbollah, qui cherchait une alternative aux smartphones. Ils auraient pu être truqués, au moment de leur fabrication, en intégrant des charges explosives… Le tout en toute discrétion.

Les appareils auraient ensuite été déclenchés simultanément à la réception d’un message, les faisant exploser à proximité de leurs propriétaires, ce qui en fait l’une des plus grandes attaques de chaîne d’approvisionnement de l’histoire, selon un responsable d’une entreprise de sécurité.