Esther Chimwere se souvient avec précision de ses deux fausses couches. Cette mère de quatre enfants, âgée de 35 ans, vit dans le district de Phalombe, au Malawi, à la frontière avec le Mozambique.
Chimwere, qui a abandonné l’école en raison d’un mariage précoce, a admis qu’elle n’avait pas apprécié l’importance d’assister à des séances prénatales et de suivre une bonne alimentation pendant sa grossesse.
Lors de ces cours, appelés séances cliniques pour les moins de cinq ans, les responsables de la santé enseignent aux femmes enceintes la planification familiale, les bonnes pratiques d’hygiène et les aliments qu’elles devraient consommer pour améliorer leur santé et celle du bébé à naître.
« J’aurais pu avoir six enfants si je n’avais pas fait deux fausses couches. Je n’ai pas suivi les conseils des professionnels de santé qui m’ont conseillé de manger des repas équilibrés », a déclaré Chimwere.
Plus de temps passé à l’hôpital qu’à la ferme
Ses quatre enfants souffraient de malnutrition et de maladies d’origine hydrique, ce qui l’obligeait à passer plus de temps dans un centre de santé voisin que dans les champs.
Des enquêtes menées dans les districts de Blantyre et de Nsanje montrent que la malnutrition constitue un problème majeur, même si de nombreuses familles d’agriculteurs disposent de suffisamment de nourriture.
Lonely Issah, 29 ans, mère de quatre enfants de l’autorité traditionnelle Kapeni à Blantyre, a déclaré à DW que ses enfants présentaient des signes de malnutrition en raison d’une mauvaise connaissance de la façon de préparer et de manger une alimentation équilibrée.
« Lorsqu’un de mes enfants est tombé malade et a été emmené à l’hôpital, c’est là qu’on m’a parlé de l’importance de préparer et de manger un repas équilibré, y compris de l’importance de fréquenter les cliniques pour les moins de cinq ans en tant que mère », a déclaré Issah.
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S’attaquer aux causes profondes de la malnutrition
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Malawi présente l’un des taux de malnutrition les plus élevés d’Afrique australe. Près de 36 % des enfants malawites souffrent d’un retard de croissance. La cause profonde de ce problème réside dans une mauvaise alimentation, alimentée par la pauvreté et l’insécurité alimentaire, et aggravée par le changement climatique.
L’UNICEF, l’agence des Nations Unies pour l’enfance, a récemment alerté sur le fait qu’au moins 573 000 enfants de moins de cinq ans risquent de souffrir de malnutrition au Malawi. L’UNICEF a averti que l’insécurité alimentaire due aux effets du changement climatique menace d’annuler les progrès réalisés dans la réduction de la malnutrition chronique.
La banque publique allemande d’investissement et de développement, KfW, a financé l’UNICEF pour mettre en œuvre un plan quinquennal visant à promouvoir la nutrition, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, le développement de la petite enfance et les programmes agricoles.
Encourager une alimentation saine et l’allaitement maternel
L’Union des agriculteurs du Malawi (FUM), The Hunger Project et le gouvernement du Malawi mettent en œuvre le projet.
« Nous apprenons aux femmes à préparer des repas équilibrés, à respecter les règles d’hygiène et à allaiter », a expliqué à DW Jennipher Kaliati, qui travaille avec Hunger Project. Elle a ajouté que le projet encourageait également les familles à avoir un jardin dans leur cour.
Esther Chimwere, qui participe au projet, en a parlé avec éloge.
« C’est ma sixième grossesse et, grâce à des conseils, je participe désormais aux consultations prénatales. J’ai également un jardin et je fais de l’élevage de volailles. Cela me permet désormais de manger des repas équilibrés et bien préparés », a déclaré Chimwere.
« Mes enfants sont en meilleure santé qu’avant. Je me sens aussi beaucoup plus en forme. »
Nourrir les défavorisés
Mary Namaya, coordinatrice en nutrition pour l’Union des agriculteurs du Malawi, basée à l’Autorité traditionnelle Lundu à Blantyre, a déclaré à DW qu’ils plaidaient également en faveur de programmes de développement de la petite enfance dans diverses communautés.
« Nous avons également constaté que de nombreux enfants souffrent de malnutrition. Nous avons décidé de commencer à leur fournir de la bouillie afin qu’ils grandissent en meilleure santé », a déclaré Namaya.
Le gouvernement malawien a fait de la promotion d’une alimentation saine et équilibrée une priorité, et offre même à certaines familles leurs propres animaux.
« Les familles reçoivent des poulets, des cochons et des chèvres. Une fois que la famille a élevé plus de poulets ou de chèvres, elle les transmet à d’autres », a déclaré Precious Kalua, agent de vulgarisation du ministère de l’Agriculture basé à Blantyre. a déclaré à DW que c’est ainsi que le gouvernement encourage les repas équilibrés.
« Les cas de fausses couches, de décès maternels et de retard de croissance sont désormais de l’histoire ancienne dans ma région. Quiconque n’adhère pas à de bonnes habitudes alimentaires ou ne suit pas de séances de consultation pour les moins de cinq ans est convoqué », a déclaré à DW le chef du village Mchacha, sous l’autorité traditionnelle de Malemia, dans le district de Nsanje.
Les ravages causés par le cyclone tropical Freddy en mars de cette année ont rendu la situation encore plus difficile, laissant près de 659 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays, dont de nombreux enfants.
Néanmoins, le Malawi espère que les efforts combinés du gouvernement, des autorités locales et des ONG réduiront la mortalité infantile, mettront fin à la faim, amélioreront la nutrition et favoriseront l’agriculture durable.
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Edité par : Chrispin Mwakideu
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