l’essentiel
Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a refusé de participer au grand débat du Salon de l’agriculture organisé par Emmanuel Macron. Habitué à cet exercice en période de crise sociale, le président semble cette fois se heurter à un mur.
Assez rare pour être remarqué, l’Elysée a publié une « mise au point » après la polémique autour de l’organisation d’un grand débat en ouverture du Salon de l’agriculture. «Les militants écologistes des ‘Insurrections de la Terre’ n’ont été ni invités ni contactés. C’est une erreur commise lors de l’entretien avec la presse avant l’événement », a-t-il expliqué douloureusement. l’Elysée sur X.
Précision : pourquoi le président de la République a-t-il accepté de participer à un moment d’écoute et d’échange au Salon international de l’agriculture ?
Après l’appel des syndicats pour que l’édition 2024 du Salon de l’Agriculture « ne soit pas une édition comme la…
– Élysée (@Elysée)
Si Emmanuel Macron s’était fait une spécialité d’organiser de grands débats pour sortir des crises sociales, la ficelle semblait cette fois trop grosse. La démarche qui a fonctionné pour « l’après-Gilets jaunes » ne semble plus convaincre. Cette tentative de calmer la colère des agriculteurs s’apparente à un « accident de communication industrielle », selon Philippe Moreau-Chevrolet. Interrogé par La dépêchele spécialiste de la communication politique l’assure : “Emmanuel Macron a voulu tenir un débat historique mais il n’a plus les moyens politiques pour organiser ce type d’événement”.
La Salon “est un pistolet sur la tempe du dirigeant”
« La FNSEA est la maîtresse des horloges en ce moment… » Un rôle habituellement réservé à Emmanuel Macron, « mais ils ont le dessus politiquement ». Grâce au Salon de l’Agriculture, qui “est un pistolet contre le chef de l’exécutif”, selon Philippe Moreau-Chevrolet, la FNSEA entend tirer le maximum des négociations en cours et ne cédera rien au gouvernement. Pendant ce temps, Emmanuel Macron « fait les frais » d’une situation extrêmement tendue.
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Preuve en est : le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a confirmé qu’il ne participerait pas au débat jugeant que l’invitation des Soulèvements de la Terre, depuis refusée, montrait qu’il n’avait « rien compris aux problèmes » des agriculteurs.
«Le ‘En même temps’ est vraiment terminé»
Avec ce débat, Emmanuel Macron a voulu marquer l’histoire de l’agriculture tout en rééquilibrant son image avec une invitation adressée aux collectifs écologistes. Mais ce rééquilibrage, qui ressemble à une application du désormais célèbre mais dépassé « En même temps », n’a pas fonctionné. “C’est la première fois qu’il y a un accident de communication aussi grave”, constate l’analyste.
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“Cet échec est dû à la période, il faut faire des choix car les opinions se radicalisent”, analyse Philippe Moreau-Chevrolet. «Le ‘En même temps’ est véritablement terminé.» Pour lui, c’est devenu clair : « Emmanuel Macron a perdu le contrôle. Pour l’exécutif, c’est une bataille perdue d’avance contre la FNSEA ».
« Une humiliation pour Emmanuel Macron »
Une lourde défaite pour un gouvernement qui n’a subi que le rythme du premier syndicat agricole de France : début et fin de mobilisation, revendications, politique environnementale et donc désormais refus de débattre. “C’est une sorte d’humiliation pour Emmanuel Macron, qui n’y est pas très habitué”, estime le spécialiste.
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“La technique du grand débat a été exploitée à l’extrême mais elle ne fonctionne plus”, explique Philippe Moreau-Chevrolet. Emmanuel Macron a profité de cet exercice pour « se mettre en scène avec ceux qui le critiquent et montrer qu’il n’a pas peur de l’affrontement ». Un effet de communication qui s’est donc estompé avec le temps. “Le pouvoir a basculé et cet échec laisse présager la fin du règne.”
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