Dans le petit club associatif de football de Val Yerres Crosne (VYCAF), le placement en détention provisoire de Jean-Marie Morvan, à l’été 2020, a laissé l’équipe dirigeante sidérée. Le 7 juillet, le septuagénaire a été écroué pour des faits de viols et d’agressions sexuelles incestueuses commis sur une mineure de moins de 15 ans par l’intermédiaire de son ascendant.
Pour la poignée de responsables informés de cette arrestation, la nouvelle était impensable. Comment ce vice-président, actif au sein du club depuis 35 ans et au-dessus de tout soupçon, a-t-il pu commettre les atrocités qui lui sont reprochées ?
Trois ans plus tard, la peur a disparu. L’histoire de Jean-Marie Morvan a fait le tour des médias du secteur, et personne ne s’étonne de ne plus le croiser dans le petit bureau du VYCAF ou aux abords du stade Pierre-Mollet, à Yerres. Tout ce qu’on souhaite désormais au sein du club, c’est oublier cette histoire. « Pourquoi veux-tu en reparler, qu’est-ce que ça va apporter ? » raconte Patrick Mollet, lors de notre visite quelques jours après le procès de l’ancien dirigeant.
Après trois ans d’enquête, la justice a rendu son verdict. Le 27 octobre, à l’issue d’une audience qui s’est déroulée à huis clos, le tribunal correctionnel départemental de l’Essonne a condamné le septuagénaire à 11 ans d’emprisonnement.
« Cela n’a rien à voir avec le club »
Si l’information de sa condamnation a circulé, nous refusons ici de commenter. « On ne veut plus en parler, ça n’a rien à voir avec le club », insiste son président. Les faits reprochés à Jean-Yves Morvan se sont déroulés dans la sphère privée, rappelle-t-il. La victime se trouve être la petite-fille de l’accusé.
Les faits se sont déroulés entre 2010 et 2016. Au moment des premiers attouchements, la jeune fille n’avait que huit ans. Son avocat n’a pas souhaité répondre à nos demandes.
“Il y a eu une enquête menée ici, l’ordinateur du club a été saisi et ils n’ont rien trouvé”, insiste Patrick Mollet, qui a répondu aux questions de la police il y a trois ans. La question était alors dans toutes les têtes : Jean-Marie Morvan avait-il profité de son rôle au sein du club pour abuser d’autres enfants ?
Le Major – le surnom que lui donnent certains au sein du VYCAF – était plutôt en charge de la partie administrative et donc pas en contact quotidien avec les jeunes. Il n’avait « aucune fonction d’encadrement direct auprès des enfants », soulignait le club dans un communiqué en 2020. Mais forcément, l’idée a germé dans la tête de tous les parents.
L’enquête n’a pas révélé l’existence d’autres victimes. Un point sur lequel l’avocat de Jean-Marie Morvan, Maître Antoine Lebon, n’a pas manqué de souligner devant le tribunal correctionnel départemental. « En dehors de ces faits, il faut rappeler qu’il était un père de famille, un professionnel et un vice-président impeccable », insiste l’avocat. C’est ce qui est ressorti des débats. »
Me Antoine Lebon met également en avant les résultats de l’expertise menée par des psychiatres et psychologues : son client n’a pas le profil d’un pédophile récidiviste, soutient-il. Père de deux enfants, dont une fille, Jean-Marie Morvan n’avait jamais fait l’objet de soupçons d’attouchements avant cette affaire.
Il a reconnu les faits
Devant les juges, le septuagénaire n’a pas cherché à se dérober. Comme il l’avait fait lors de son audition devant la police en juillet 2020, l’homme avait reconnu les faits de viols et d’agressions sexuelles qui auraient eu lieu lors des séances d’aide aux devoirs.
Au terme de ce procès, plusieurs questions restent cependant en suspens. Pour quoi ? Comment un homme présenté comme « irréprochable » a-t-il pu s’en prendre à sa petite-fille ? La partie civile n’aura pas eu les réponses attendues. « Il n’a pas réussi à s’expliquer sur ce point », reconnaît son avocat.
Quant à la sanction prononcée par le tribunal correctionnel départemental – 11 ans de réclusion criminelle – Jean-Marie Morvan « l’accepte ». « Il n’y aura pas d’appel », annonce Me Lebon. En revanche, l’avocat n’exclut pas de demander une réduction de peine compte tenu de l’âge avancé de son client – 78 ans – et de son état de santé.
« Il souffre de plusieurs pathologies au niveau des yeux, de l’audition, mais aussi des hanches et des genoux. Il suit un traitement. » La loi prévoit la possibilité d’une libération conditionnelle pour les détenus âgés de plus de 70 ans.
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