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À Rio de Janeiro, le jacquier menace les cyclistes et la biodiversité

LETTRE DE RIO DE JANEIRO

Récolte du jacquier au parc Alice, dans la zone sud de Rio de Janeiro, le 25 septembre 2023. ANNE-DOMINIQUE CORREA / LE MONDE

Comme beaucoup de cyclistes à Rio de Janeiro, Eduardo Richard, océanographe de 34 ans, s’entraîne plusieurs fois par semaine dans le parc national de Tijuca, une oasis tropicale qui recouvre un massif au cœur de la ville. « C’est le paradis du vélo : il y a peu de voitures et beaucoup de montées »explique le sportif à la silhouette athlétique, qui profite de ce samedi matin de septembre pour faire son parcours habituel avant que la chaleur ne devienne suffocante.

Mais il y a quelques années, un événement vient gâcher sa balade : le 2 mars 2018, alors que le jeune cycliste s’engageait dans un chemin, il a glissé au détour d’un virage sur un de ces énormes fruits verts qui pourrissaient au sol et pue la forêt. « Mon genou droit saignait et mon coude me faisait mal pendant des jours »se souvient-il en revisitant la scène de l’accident.

Connu sous le nom de « jacquier » ou jacque, ce fruit à la peau coriace recouverte de petites pointes et à la chair fibreuse, pouvant peser jusqu’à 30 kg, est devenu l’un des principaux ennemis des cyclistes de Rio de Janeiro. “C’est un danger!”estime Eduardo Richard, casque sur la tête et lunettes de vitesse. Si j’étais allé plus vite, j’aurais pu me casser le bras. » Poussant sous les climats tropicaux, les jacquiers abondent dans le parc : il suffit de lever les yeux pour voir leurs fruits imposants suspendus au-dessus des allées. Ces arbres peuvent atteindre 20 mètres de hauteur.

Eduardo Richard, cycliste, dans le parc national de Tijuca à Rio de Janeiro, le 23 septembre 2023. ANNE-DOMINIQUE CORREA / LE MONDE

« Une espèce envahissante »

Eduardo se considère ” chanceux “ : le 10 février 2021, un jacquier tombe sur la tête d’un cycliste qui s’évanouit aussitôt. « Comme si tous les problèmes que nous rencontrons sur la route à cause du manque de respect des conducteurs ne suffisaient pas, maintenant il faut s’inquiéter des crics ! »le comité de sécurité des cyclistes de Rio de Janeiro s’était alors indigné sur Facebook, appelant la direction du parc national de Tijuca à ” couper “ des jacquiers.

Cette demande ravit les scientifiques : ils se battent également depuis des années pour réduire la population de jacquiers dans les zones protégées comme Tijuca. “C’est une espèce envahissante”explique Rodolfo Abreu, 41 ans, spécialiste des plantes exotiques de la forêt atlantique, l’écosystème qui s’étend sur 100 000 km2 de la côte sud-est du Brésil. Il ne reste qu’environ 10 % de la superficie originelle de cette forêt millénaire, dévastée au XIXème siècle.e siècle au profit des plantations de café, et qui abrite quelque 8 000 plantes endémiques.

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