Il a tout perdu : veaux, vaches, cochons, couvées, mais aussi ses terres, ses tracteurs, sa voiture, ses meubles, ses fusils et son lit. Jean-Pierre Lambert, tout juste sorti de trois semaines de prison, a découvert, hébété, sa maison vide, froide et déserte, après une dure bataille perdue contre la Mutualité sociale agricole (MSA), qui lui réclamait des sommes colossales de cotisations impayées. payé. Il est assis, avec sa grande barbe blanche, dans l’ancienne cuisine de sa maison perdue dans la campagne sarthoise, devant des tas de dossiers entassés sur la toile cirée. Des lettres qu’il n’a pas ouvertes depuis des années, sûr de ses droits et avec la fierté d’un paysan à qui on ne dit pas quoi faire. Mais il est, à 66 ans, totalement ruiné, écrasé par ” un système “ qu’il combattait toujours et qui avait le dernier mot.
Jean-Pierre Lambert est né dans la ferme de ses parents, à 2 kilomètres de sa maison, sur les hauteurs de Courdemanche, village calme et endormi de 600 habitants. Le père possédait une belle ferme, cinquante hectares, un solide troupeau de vaches normandes, et il était un pionnier de l’agriculture biologique – sans engrais artificiels, sans pesticides chimiques. La mère ne l’a pas bien pris ; elle se sentait rejetée par le quartier, qui ne comprenait pas pourquoi ils ne faisaient pas comme tout le monde.
Le petit Jean-Pierre est le seul des cinq enfants qui rêve de terre et ne veut pas faire comme tout le monde. Il s’installe à 23 ans, 20 kilomètres plus loin, endetté jusqu’aux os. Mauvaise affaire. Les bâtiments de la ferme menacent la ruine, il loue un terrain qui s’avère sablonneux, très pauvre et malheureusement plein nord : “Pour les mêmes investissements qu’ici, il y avait 30% ou 40% de récolte en moins”, estime Jean-Pierre Lambert. Avec ses 40 vaches, en 1985, après cinq ans, il jette l’éponge.
-Son père lui a laissé une petite maison familiale, la Simonerie, où il vit toujours : ce n’est pas vraiment une ferme, juste une vieille bâtisse. Il achète un hangar, le démonte, le transporte, le transforme en grange et cultive progressivement 35 hectares, en biodynamie, c’est-à-dire un cran plus loin que l’agriculture biologique. « Pour nous, la ferme est un organisme. Plus il est indépendant, plus il est fort, explique l’agriculteur. J’avais 75 % des terres en prairies, le reste était constitué de céréales, de betteraves, de citrouilles – pas de maïs. Et ça a très bien fonctionné. Avec les prairies, la fertilité augmente, cela permet de fabriquer du blé pour la vente et une seconde céréale pour les animaux. » Sans acheter de semences, d’engrais ou de pesticides.
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