« les collections de ce musée sont extraordinaires »

« les collections de ce musée sont extraordinaires »
« les collections de ce musée sont extraordinaires »

l’essentiel
Après 43 ans de carrière au Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, Francis Duranthon prend sa retraite. Le paléontologue et directeur du musée revient sur quatre décennies riches en rencontres et en changements majeurs. La personne qui lui succédera n’a pas encore été nommée.

Vous devez votre carrière à une coquille… Parlez-nous-en.

J’avais 8 ans et dans les fondations de ce qui allait devenir la future maison familiale, j’ai trouvé une coquille fossile. Je ne savais pas ce que c’était, j’ai demandé à mon père qui m’avait dit qu’avant, il y avait la mer. Je ne l’ai pas cru et je me suis intéressé au monde des fossiles. En découvrant ce monde, j’ai découvert celui des dinosaures. Je me suis dit que c’était ce que je voulais faire.

Après une scolarité dans le Lot, j’ai poursuivi mes études à l’Université Paul Sabatier de Toulouse. J’ai également obtenu mon autorisation pour y diriger des recherches, après une thèse réalisée à l’Ecole Pratique des Etudes Avancées de Montpellier. Je travaillais déjà au Musée, j’ai été embauché à 20 ans comme saisonnier.

Un recrutement qui a débuté après un entretien d’embauche bien particulier…

Mon entretien d’embauche a duré 45 secondes. Nous étions trois candidats lorsque la directrice nous a fait venir dans son bureau. Nous étions debout. Elle s’est tournée vers nous : « s’il vous plaît, transmettez la commodité de la conversation », je me suis assise, les deux autres candidats ont fait de même. Elle m’a alors demandé : « Est-ce qu’on t’apprend encore ça à l’école ? “Bien sûr mademoiselle, répondis-je, ce sont Les Précieux Ridicules et je ne doute pas que chaque matin vous vous regardez dans le reflet de vos grâces.” « Très bien : vous êtes embauché. » Elle nous connaissait tous les trois, nos parcours étaient similaires, elle a tranché entre nous avec la littérature.

A 20 ans, imaginiez-vous faire toute votre carrière au Musée ?

Je ne savais pas exactement ce que je voulais faire mais très vite, j’ai réalisé que les collections de ce musée étaient extraordinaires. Je me suis dit : pourquoi aller ailleurs, alors qu’ici, il y a de tout ? En 1998, le projet de rénovation arrive et il n’y a plus aucune raison de partir.

Pouvez-vous partager quelques souvenirs mémorables ?

Punch, un éléphant empaillé en 1910, était présenté au premier étage du Musée. Au début des années 2000, nous avons profité de la réfection de la toiture pour la démonter à l’aide d’une grue spéciale. Nous l’avons mis sur une remorque surbaissée et l’avons stocké toute la nuit dans un hangar. Il a fallu prendre les rues à contresens : les forces de l’ordre ont été mobilisées. Il a été remis en place en 2008 lors de la réouverture du musée.

Au début de mon mandat, je me souviens aussi de la joie que j’avais en découvrant le passage secret qui menait du deuxième étage au fond d’une fenêtre et qui menait à l’église Saint-Exupère. Nous avons retrouvé des graffitis de résistants qui ont observé le quartier général de la Gestapo depuis le musée.

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Et il y a eu aussi des rencontres exceptionnelles…

Ce fut un plaisir de travailler avec Yves Coppens qui m’a envoyé, moi et mon collègue José Braga, en Mongolie où il y avait un dépôt très spécial. J’ai aussi eu la chance de passer trois jours avec Théodore Monod à parler de chameau. Il y a également eu des rencontres avec la communauté artistique. Luc Besson voulait tourner une séquence pour Le Grand Bleu et quand il a vu les peluches, il a dit qu’il ne pouvait pas rester ici car c’était trop dur de les voir encore.

Parallèlement à votre carrière au Musée, vous avez réalisé de nombreuses fouilles. Parlez-nous-en.

Tout au long de ma carrière, j’ai développé des chantiers de fouilles. L’un des plus beaux moments de ma carrière concerne un gisement que j’ai découvert dans le Gers. Cinq nouvelles espèces y ont été découvertes, dont une l’année dernière.

J’ai participé à de nombreux projets partout dans le monde. Les fouilles au Pakistan en 1995 ont été extraordinaires malgré la difficulté de l’expédition. Nous avons eu la chance de redécouvrir les restes du plus grand mammifère ayant jamais existé à la surface de la planète : le Paraceratherium. Depuis, j’ai beaucoup travaillé en Afrique australe à la recherche d’hominidés fossiles. Cela m’occupera au cours des prochaines années.

Au-delà des fouilles, quels sont vos projets ?

Je n’ai pas tout prévu. J’envisage d’écrire des ouvrages de mémoire et de vulgarisation de la paléontologie. Cela dépendra des opportunités qui se présenteront. En tout cas, je continuerais la paléontologie, c’est sûr, et je continuerai à suivre de très près ce qui se fait au musée.

Savez-vous qui vous succédera ?

Mon successeur n’a pas encore été nommé. Mon départ définitif est le 1er mai. Là, je pars en congé de fin d’activité. Il est important de laisser de la place à mon successeur. Je deviens un homme d’un autre temps, ce qui est normal.

 
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