En alimentant une crise énergétique en Transnistrie, le Kremlin cherche à déstabiliser la Moldavie à l’approche des élections

Depuis le 1er janvier, les gazoducs ukrainiens ne transportent plus de gaz russe vers l’Europe suite à l’expiration du contrat liant Gazprom à Naftogaz, l’énergéticien ukrainien. Au-delà de l’Autriche et de la Slovaquie, qui dépendaient toutes deux du gaz russe pour leur approvisionnement, la Moldavie a également cessé de recevoir du gaz en raison de l’arrêt des livraisons de Gazprom.

• Le groupe accuse l’État moldave de « refuser de régler ses dettes », qui auraient atteint un montant de 709 millions de dollars. Suite à un audit, Chișinău a reconnu avoir une dette envers Gazprom mais pour un montant bien inférieur : 8,6 millions.
• Jusque-là, la Transnistrie recevait son gaz gratuitement de Gazprom, qui en retour facturait à Chișinău la consommation de la région indépendantiste pro-russe. .
• Si la Moldavie a diversifié son mix énergétique ces dernières années et importe de l’électricité de Roumanie, l’ensemble de l’économie de Transnistrie, frontalière avec l’Ukraine, est aujourd’hui sous assistance respiratoire.

Les autorités de Transnistrie ont refusé l’aide proposée par la Moldavie et l’Ukraine. Depuis le 1er janvier, la centrale de Kuchurgan, qui produit 70 % de l’électricité consommée sur la rive est du Dniestr, fonctionne grâce à la combustion de charbon dont les réserves pourraient être épuisées dès le 20 janvier. Depuis plus de deux semaines , les coupures d’électricité ont été fréquentes et presque toute l’activité économique de la région est paralysée. .

Le gouvernement moldave accuse Moscou d’utiliser un faux prétexte de dettes impayées pour déstabiliser le pays à l’approche des élections législatives de juillet.

• Si la Transnistrie souffre le plus de l’arrêt des livraisons de gaz russe, cela impacte l’ensemble de l’économie du pays. En obligeant Chișinău à acheter de l’énergie à des prix plus élevés sur les marchés européens, le Kremlin espère déclencher une spirale inflationniste qui nuirait au parti de Sandu à l’approche des élections de juillet. .
• La Russie, qui a délibérément déclenché cette crise énergétique, cherche désormais à la résoudre. mercredi 15 janvier, Kommersant a indiqué qu’un accord portant sur l’achat de 3 millions de mètres cubes de gaz par jour, payé par l’État russe, était en discussion avec les autorités de Transnistrie .

La guerre hybride russe contre l’Europe s’est considérablement intensifiée depuis 2022 : près de 60 opérations de sabotage, tentatives d’assassinat, incendies, etc. ont touché le continent ces trois dernières années. Celles-ci visent à semer le chaos ainsi qu’à tester les infrastructures et les défenses des pays de l’OTAN. Ils interfèrent parfois directement avec la vie et les institutions démocratiques.