Donald Trump a dévoilé jeudi sa photo officielle du 47e président des États-Unis. La photo, qui présente une ressemblance frappante avec son célèbre cliché, marque une rupture nette avec la tradition.
Publié hier à 17h24
Un air de famille
La ressemblance entre la photo présidentielle de Trump et son mugshot (photo d’identification) n’est pas une coïncidence, selon Simon Thibault, professeur de science politique à l’Université de Montréal. « En politique, rien n’est laissé au hasard », dit-il. Trump et ses stratèges ont sûrement discuté du message à communiquer avec ce portrait officiel qui restera dans l’histoire. »
La photo médico-légale a été prise en 2023, dans le cadre du procès contre Trump et ses collaborateurs en Géorgie, où il est accusé d’avoir interféré avec les élections présidentielles de 2020, rappelle Valérie Beaudoin, chercheuse associée à l’Observatoire des États-Unis. de la Chaire Raoul-Dandurand.
En faisant référence à cette image dans son portrait présidentiel, le président élu fait un pied de nez à ses adversaires, selon Valérie Beaudoin. » Et il se présente à ses partisans comme un Che Guevara du mouvement MAGA, opprimé et injustement accusé. »
Selon Simon Thibault, le 47e Le président des États-Unis se donne aussi des allures de rebelle. “Ce portrait rappelle le symbole qu’il veut incarner : celui d’un outsider qui défie l’establishment et gagne”, ajoute-t-il.
Rompre avec la tradition
Cette photo de Trump rompt avec la tradition, instaurée par Lyndon B. Johnson, selon laquelle les présidents affichent un sourire sur leur portrait officiel, signe de confiance et de bienveillance, souligne Simon Thibault.
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Pourtant, pour son deuxième mandat présidentiel, Trump affiche un regard « sévère » et un air de « défi ». «Le message est clair», ajoute M. Thibault.
Avec sa tête penchée en avant, son regard intense et son expression sérieuse, Trump reprend son image de « combattant qui ne se laisse pas imposer », affirme Olivier Turbide, professeur de communication politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Le président élu se démarque donc. “Mais ce n’est pas surprenant”, poursuit Olivier Turbide. Aller à contre-courant va même de soi pour ce président qui a construit sa stratégie autour d’une image marginale depuis son premier mandat, ajoute-t-il.
Selon Olivier Turbide, cette nouvelle photo restera dans l’histoire. « Comme le photo d’identification, on peut imaginer qu’elle deviendra une image iconique largement utilisée sur divers produits dérivés destinés à ses supporters : mugs, casquettes, t-shirts, affiches, et bien d’autres choses », ajoute-t-il.
Un éclairage qui évoque la peur
L’éclairage en contre-plongée focalisé sur le visage de Trump est atypique, constate David Boily, directeur de la division photo et vidéo de La presse. « Nous évitons généralement de faire des portraits avec ce type d’éclairage, car cela donne l’impression de raconter des histoires de peur en camping », commente-t-il.
David Boily évoque la différence prononcée entre le portrait de 47e président et celui de son vice-président, JD Vance. « Pour Vance, la lumière est normale et un peu moins sombre au niveau du visage. Cela me dit qu’ils ont fabriqué un éclairage sur mesure pour Trump », dit-il.
Le photographe remarque également une ressemblance frappante entre la photo de Donald Trump et celle de Lion rugissant (en français, Le lion rugissant), ce portrait mythique de l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchill, réalisé à Ottawa en 1941 par le photographe canadien Yousuf Karsh. « Cela pourrait très bien être une coïncidence », ajoute David Boily.
Le contexte dans lequel Le lion rugissant avait été capturé est en effet très différent de celui du portrait de Trump. L’image en noir et blanc incarnait la persévérance britannique face à l’ennemi allemand, qui gagnait alors du terrain en Europe.
A noter également que l’air sombre de Churchill est imputable au photographe, qui venait de confisquer le cigare qu’il avait toujours aux lèvres.