“Une volonté manifeste d’intimidation” de la part de la Russie, selon un expert

“Une volonté manifeste d’intimidation” de la part de la Russie, selon un expert
“Une volonté manifeste d’intimidation” de la part de la Russie, selon un expert

Un Atlantic 2 de la Marine nationale française a été visé par un système anti-aérien russe dans la nuit de mercredi à jeudi, au-dessus de la mer Baltique. Comment analyser cet incident ?

Cela contribue à une situation de tension autour de la Russie, notamment dans la zone baltique. Cette tension est, dans une certaine mesure, entretenue par la Russie. Et ce n’est pas complètement nouveau. Depuis 2014, on voit par exemple des bateaux ou des avions russes circuler en éteignant leurs transpondeurs pour ne pas se situer à proximité des côtes des pays européens. L’incident de mercredi, survenu dans les eaux internationales, n’obéit pas aux règles établies dans ces espaces où, par définition, la Russie et les pays de l’Otan sont en contact permanent. Il y a évidemment une volonté, du côté russe, de ne pas respecter ces règles établies. Il s’agit d’un acte qui manifeste une intention hostile.

Ce n’est pas le premier incident de ce type : les Atlantique 2 sont parfois suivis de très près par des chasseurs russes, les frégates sont parfois survolées par des drones…

La mer Baltique est devenue une zone de tension. Il y a d’un côté la Russie et de l’autre les pays membres de l’Otan. Et c’est un espace presque clos. Il y a donc constamment des choses qui pourraient devenir des incidents graves.

Ancienne diplomate, Marie Dumoulin est directrice du programme Europe élargie du Conseil européen des relations internationales. (Collection personnelle Marie Dumoulin)

Comment expliquer cette attitude de la Russie ?

Il y a très probablement la volonté de la Russie de montrer que, d’une certaine manière, elle est chez elle et qu’elle ne veut pas d’une présence militaire occidentale dans cette zone. Ce n’est évidemment pas la conception des autres pays riverains de la Baltique (Danemark, Suède, Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Allemagne, tous membres de l’OTAN).

Faut-il établir un lien entre cet incident et le sabotage de câbles sous-marins, sachant que l’Atlantic 2 patrouillait dans le cadre d’une opération de protection des infrastructures sous-marines ?

La grande différence est que, dans l’affaire du câble sous-marin, la Russie, si elle est effectivement impliquée, agit par intermédiaire : ce ne sont pas des bateaux militaires russes, ce n’est pas revendiqué et la Russie peut le nier. Dans le cas de l’incident de mercredi, il est difficile de le nier, même si l’on peut parler d’un « problème technique ».

Peut-on parler de « guerre hybride » contre la Russie ?

C’est certainement ainsi que la Russie voit les choses. L’attitude agressive de la Russie s’explique par le fait qu’elle considère la guerre en Ukraine comme une confrontation avec l’Occident. Mais les pays occidentaux, en général, ne veulent pas en arriver là. Il y a en tout cas eu un certain nombre d’incidents hybrides impliquant la Russie : cyberattaques, ingérences et tentatives de déstabilisation… La Russie se comporte de manière assez agressive, avec une volonté évidente d’intimidation.

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Que peuvent faire les autorités françaises après cet incident ?

Je pense qu’ils demanderont des explications à la Russie par les voies officielles. Des rappels peuvent être effectués sur les mécanismes d’interaction à respecter. Mais le fait que les autorités françaises en communiquent est aussi une manière de dire à la Russie que nous ne laisserons plus ce type d’incidents se produire.

* Marie Dumoulin est directrice du programme Europe élargie du Conseil européen des relations internationales.

Canada

 
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