“M. St-Amand est exceptionnel compte tenu de la brutalité de son geste. C’est un individu exceptionnel par son absence totale d’empathie, de remords ou de tout sentiment bienveillant. […] Un individu exceptionnellement négatif comme lui mérite une peine exceptionnellement sévère », a soutenu le procureur de la Couronne, Me Éric Thériault, qui a demandé au tribunal d’imposer une peine de 27 ans d’emprisonnement et de déclarer l’accusé délinquant à contrôler. .
Bourreau de travail inopérante, épuisement, maux de tête chroniques, stress, insomnie, perte de mémoire, vision floue, mâchoire vissée, opérations nombreuses… La vie de la victime ne sera plus jamais la même. Sylvie Lachapelle a expliqué en détail les conséquences qu’elle subit en raison de cette violente agression qu’elle a subie au bar de l’Hôtel Central à Parent.
« Le 3 janvier 2020 était mon dernier jour de vie normale. La vieille Sylvie est décédée à cette date. Au début, je me sentais chanceux d’avoir survécu, mais aujourd’hui, je pense parfois que j’aurais été mieux mort. Je n’ai plus de vie», a soutenu par écrit Sylvie Lachapelle devant le tribunal.
Sylvie Lachapelle (Le Nouvelliste)
Celui qui accompagnait Patrice St-Amand lors de cette soirée de janvier 2020 s’est également fait entendre. Jason Brouillette a déclaré qu’après cinq ans, il n’y avait pas un seul jour où il ne pensait pas à cet événement. Dans une déclaration écrite, il affirme vivre encore avec la culpabilité et surtout l’incompréhension.
«Pourquoi ai-je accompagné l’accusé le soir des faits ? Pourquoi n’ai-je pas sauté dans son dos pour défendre Sylvie ? Pourquoi nie-t-il les preuves et persiste-t-il dans les procédures ? il se demande toujours.
“J’aurais aimé qu’il avoue, reconnaisse ses torts […] Son entêtement me fait peur», poursuit-il.
La serveuse qui se trouvait derrière le bar lors de l’agression a déclaré qu’elle éprouvait également un fort sentiment de culpabilité. Nathalie Hébert écrit que c’est un sentiment qui ne la quittera jamais puisque c’est elle qui a demandé à Sylvie Lachapelle de venir au bar ce soir-là.
« Aujourd’hui, nous craignons qu’il soit un jour libéré. Va-t-il donner suite aux menaces qu’il a proférées au bar ? J’ai vu de quoi il était capable », note-t-elle.
Rappelons que Patrice St-Amand avait été reconnu coupable en octobre 2023 de tentative de meurtre sur Sylvie Lachapelle. Une vidéo de surveillance montre Patrice St-Amand donnant plusieurs séries de coups, 21 au total, à la victime inerte au sol.
“Il a frappé pour tuer”
La Couronne demande une peine de 27 ans de pénitencier et déclare l’accusé délinquant à contrôler pour 10 ans. Dans sa plaidoirie, Me Éric Thériault a insisté sur la violence et les circonstances du crime. Pour lui, l’accusé a fait preuve d’une telle violence que cela “se rapproche d’un meurtre avec préméditation”.
“Les tirs étaient précis, l’homme frappait pour tuer”, a-t-il insisté.
Il a relevé de nombreuses circonstances aggravantes qui, selon lui, devraient être prises en compte lors de l’imposition de la peine ; le nombre de coups (21), la force brutale des coups, l’acharnement à la tête, les conséquences pour les victimes et une forme de préméditation.
“Monsieur fait des pauses, il aurait eu le temps de changer d’avis, il ne l’a pas fait”, a-t-il plaidé.
“Il empêche même les autres d’intervenir et d’aider Madame”, poursuit-il.
Le procureur criminel et pénal a également souligné le passé de violence de Patrice St-Amand et son profil narcissique.
« C’est la faute de tout le monde sauf lui. Tout le monde est méchant sauf lui, les policiers, les témoins… il n’est pas responsable. Il n’a ni empathie ni introspection », a-t-il soutenu.
Il a également souligné « pour être un bon sport » deux facteurs atténuants ; son enfance malheureuse et sa toxicomanie.
Me Thériault a poursuivi ses représentations sur sa demande de déclarer Patrice St-Amand délinquant à contrôler.
“La peine sert à punir et la demande à protéger le public”, a-t-il déclaré.
La couronne est principalement revenue sur le rapport d’expertise entendu par le tribunal la veille qui relevait un « bon nombre de caractéristiques » associées au délinquant psychopathe, sur son risque important de récidive en termes de violence et sur l’absence d’un « début de réadaptation ».
En début de journée, la Couronne avait clos son dossier en déposant, entre autres, le dossier carcéral de Patrice St-Amand détaillant une dizaine de manquements ; propos violents, refus d’obtempérer, dommages matériels, etc.
L’accusé refuse toujours de collaborer
Patrice St-Amand a continué de réclamer l’assistance d’un avocat à de nombreuses reprises lors de cette deuxième journée d’audience. Patient, le juge Simon Ricard lui a répété qu’il avait eu plusieurs occasions d’avoir un avocat et qu’il y en avait eu plusieurs dans le dossier depuis le dépôt des accusations. Il a également réitéré l’importance de prononcer une peine dans un « délai raisonnable ».
Patrice St-Amand n’a pas voulu présenter sa défense, ni participer aux plaidoiries, ni même parler au juge avant de prendre le dossier en délibéré, malgré les nombreuses pages de notes qu’il a rédigées lors de l’audience.
« J’ai l’intention d’en parler, mais pas aujourd’hui. […] Je maintiendrai mes arguments lorsque je ferai appel », a-t-il déclaré.
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