Dimanche 22 décembre 2024, il est 20h11 précises lorsque le bar du Rocher explose en plein cœur d’Espaly. La magie de la Coupe de France vient d’opérer et les Espaviots comprennent qu’ils ont tiré au sort le vainqueur du match qui suivra, entre Lens et le Paris Saint-Germain. Avant même le résultat de ce 32e de finale, le tirage au sort avait été célébré comme si le « petit » FC Espaly était certain de défier l’immense club de la capitale. Les Espaviots avaient donc certainement raison. Mais il a quand même fallu retenir notre souffle jusqu’à la fin des tirs au but pour assurer la qualification des Parisiens.
Comme un symbole, le staff et les joueurs ont décollé de ce même bar du Rocher hier après-midi pour se mettre au vert à Clermont-Ferrand. Beaucoup ont dû prendre des jours de congé, mais c’est le prix à payer pour vivre pleinement le match de leur vie.
Les Altiligériens ne pouvaient rêver plus belle affiche. «Je veux jouer le PSG au Vélodrome», s’est exclamé le président Perbet au soir des qualifications pour les 32es de finale. Un rêve dont il s’est rapproché, deux semaines plus tard, après l’exploit contre Dijon. Dès que le ballon du « FC Espaly » a été tiré au sort après celui du PSG, le leader et son club sont passés dans une autre galaxie.
Le premier grand chantier réalisé fut celui du stade. Finalement, son souhait n’a pas pu être pleinement exaucé. « Le Vélodrome n’était pas disponible puisque l’OM y joue », plaisante Espaviot. Mais au-delà de la plaisanterie, jouer au stade Marcel-Michelin, c’est un rêve. Vous connaissez mon caractère, je suis autant rugbyman que footballeur. » L’excitation est montée d’un cran après Noël, lorsque les Espaviots ont vu toutes les places vendues en moins d’une heure et demie. Un incident de plus qui a permis de mesurer l’engouement que peut susciter un tel événement, où près de 13 000 spectateurs sont attendus.
Si Christian Perbet aime rappeler la dimension auvergnate de la rencontre, il a souhaité ramener une partie de l’Espaly à la préfecture du Puy-de-Dôme. Lundi matin, les cages Viouzou ont été transportées chez Michelin.
Afin de se sentir chez lui, le FC Espaly a également tout mis en œuvre pour faire revenir ses fidèles supporters dans la capitale auvergnate. Les bus affrétés par la Région doivent décoller tout au long de la journée. Les premiers à partir sont les bénévoles, dès 9 heures, pour monter le stade. Les diplômés de l’école de football emboîteront le pas dans l’après-midi. « Nous sommes 2 000 à partir, il y aura une ambiance fantastique », prédit Christian Perbet. Cela nous mènera loin, c’est sûr. Assez loin, je ne sais pas. »
Côté logistique, tout est fait pour mettre les joueurs dans les meilleures conditions. Ces derniers jours, ils ont même pu bénéficier de bains froids. Un dispositif nécessaire puisque ces amateurs s’apprêtent à disputer un deuxième match dans quatre jours. Samedi dernier, les Rouge et Noir ont effectivement décroché un bon match nul (1-1) face à Bourgoin, le deuxième du groupe. « Nous avons clôturé cette tranche de championnat qui était importante, pour ouvrir la grande tranche de Coupe de France », résume l’entraîneur Lionel Vaillant.
Les pensionnaires de National 3 ont mis toutes les chances de leur côté avant ce grand soir. Mais ils savent qu’il n’y a qu’une seule vérité, celle du terrain. Pour être à la hauteur, il ne faut pas se laisser inhiber par l’évènement, ni intimider par son adversaire.
Difficile pourtant, entre supporters, de ne pas rester admiratifs devant « ceux qu’on regarde chaque week-end ou en milieu de semaine quand il y a la Ligue des champions ». La Coupe d’Europe, en effet, c’est cette échéance que tout le monde garde dans un coin de sa tête à Paris. Mercredi prochain, le PSG disputera un match décisif contre Manchester City, au Parc. Mais Luis Enrique l’assure, son équipe veut faire les choses dans l’ordre et assurer d’abord sa place en huitièmes de finale de Coupe de France. « Quand on joue au PSG, il n’y a pas de rencontre amicale, pas de match pour se détendre », a déclaré l’entraîneur parisien. Nous sommes dans une bonne période, il faut garder la même mentalité. »
S’il est privé de Marquinhos et Dembélé absents, Enrique a donc prévu d’aligner un onze de départ solide, de quoi bousculer bon nombre d’équipes en Europe. Des garçons comme Lucas Hernandez, Vitinha et Désiré Doué devraient être là ce soir.
Face à cette détermination affichée par l’ogre de la concurrence, Lionel Vaillant a dû se creuser la tête pour trouver des solutions. Mais il n’y a pas de recette miracle, ni de plan anti-PSG à mettre en place. Le technicien d’Espaviot ne devrait surtout pas bouleverser son système. Il misera plutôt sur la continuité, d’autant que son équipe est invaincue depuis six matches, même s’il collectionne les nuls en championnat.
Lionel Vaillant espère que ce choc contre les meilleurs d’Europe pourra servir pour la suite de la saison. « L’objectif est d’enchaîner des séquences positives contre la meilleure équipe de France. Je veux que, lorsque nous nous reverrons jeudi, nous puissions nous dire « on a quand même réussi à faire ça ». »
En fin de compte, il n’y aura pas de réelle obligation d’obtenir des résultats. « Au final, il faut que les joueurs aient tous fait le maximum de ce qu’ils savent faire », implore le président Perbet. Que cela nous conduise à un résultat ou à un autre est presque un détail. » C’est un discours qui permet de soulager un peu la pression, mais ce n’est certainement pas le signe que le FC Espaly a renoncé à la qualification. « Les chances de réaliser l’exploit sont infimes, mais à partir du moment où il y a un petit pourcentage de chance de gagner, il faut l’exploiter au maximum », motive Lionel Vaillant.
Plus que jamais, est-il temps de rêver plus grand ?!
Lucas Jacquet