« Le pays doit avancer. » Cette courte phrase du président de la Chambre, Nabih Berry, lancée dans une déclaration à la chaîne locale LBCI, résume bien l’attitude du tandem Amal-Hezbollah à l’égard de la formation du prochain gouvernement. Deux jours après la nomination de Nawaf Salam au poste de Premier ministre aux dépens de Nagib Mikati, les deux partis ont boudé les consultations parlementaires non contraignantes menées mercredi par M. Salam en vue de constituer son équipe. Une petite « revanche » porteuse d’un message fort à M. Salam, également au président de la République, Joseph Aoun, mais surtout à l’Arabie Saoudite. Mais de là à dire que le tandem met déjà des obstacles au nouveau pouvoir ? Pour l’heure, tout indique que le duo chiite a soigneusement pris soin d’opter pour une réaction mesurée pour ne pas couper tous les ponts avec le chef de l’Etat et le Premier ministre désigné. Ses milieux assurent en effet que ne pas aller aux consultations parlementaires ne signifie pas rester en dehors de la future équipe ministérielle. D’autant que tous ces points devraient être au menu de l’entretien prévu en principe vendredi entre MM. Berry et Salam.
Lire aussi
Gouvernement : la machine est en marche, mais personne ne dévoile toutes ses cartes
Le président du Parlement, qui devait inaugurer mercredi les réunions du Premier ministre désigné avec les différents blocs parlementaires de la Chambre, comme le prévoit le protocole, a manqué la réunion. « Nous voulions exprimer une position politique claire. Nous sommes en colère parce que les dispositions de l’accord sur l’élection présidentielle n’ont pas été respectées”, a-t-il déclaré. L’Orient-Le Jour Kassem Hachem, député du Berry. Il tient à souligner que la démarche de M. Berry coordonnée avec le Hezbollah “n’a rien à voir avec la personne du Premier ministre désigné”. “C’est une position de principe qui n’influencera pas les prochaines étapes”, ajoute-t-il. Il laisse ainsi entendre que le tandem chiite serait disposé à rejoindre la future équipe ministérielle. Même son de cloche avec le Hezbollah. “Nous nous opposons à une manière de faire de la politique qui risque de détruire les efforts visant à consacrer le partenariat sous le nouveau mandat”, explique un proche du parti sous couvert d’anonymat, en allusion aux garanties qu’aurait obtenues le tandem. du Quintette, notamment d’Arabie Saoudite, concernant la reconduction – entre autres – de Nagib Mikati en échange de la facilitation de l’élection de Joseph Aoun. Il affirme toutefois que sa formation « ne ferme pas totalement la porte à une participation au futur cabinet ». Selon les informations de notre journal, cette semi-ouverture serait le fruit de contacts et d’efforts diplomatiques menés par le président Aoun lui-même, mais aussi et surtout de ce que le proche du Hezbollah cité plus haut qualifie de « signaux positifs émis par le Premier ministre ». -désigner à l’égard du tandem ». « Nous l’avons appris par plusieurs députés, confie-t-il. Parallèlement, le vice-président de la Chambre, Elias Bou Saab, s’efforce également de convaincre le duo chiite de faire partie du cabinet. « Mais pour l’instant, aucune position claire n’a été prise », indique une source parlementaire. Il faudra attendre la rencontre prévue « probablement vendredi » entre MM. Berry et Salam.
En attendant, tous les autres protagonistes sont d’accord : l’heure n’est pas à la politique politique ou au traditionnel bazar gouvernemental. Nous devons assurer le soutien le plus large possible au tandem Joseph Aoun-Nawaf Salam. Les blocs parlementaires ont donc fait écho au Premier ministre désigné qui avait « tendu la main » au tandem chiite depuis Baabda mardi. Tous se sont donc prononcés contre toute approche « fondée sur une logique de marginalisation ou de mise à l’écart », pour reprendre les mots d’un député anti-Hezbollah. “Nous avons connu la marginalisation et nous ne le voyons pas dans ce qui se passe aujourd’hui”, a souligné le leader de Kataëb, Samy Gemayel, à l’issue de l’entretien de son bloc (que Adib Abdel Massih vient intégrer) avec Nawaf Salam. “Celui qui choisit de rester à l’écart ne peut pas accuser les autres de le marginaliser”, a-t-il déclaré. Le tandem chiite a également été appelé par divers partis à rejoindre le gouvernement pour permettre le début du nouveau mandat de six ans. “Mais cela ne veut pas dire que nous accepterons le chantage politique”, ajoute un député de l’opposition qui a requis l’anonymat.
Lire aussi
Après le « coup d’État » de Salam, le tandem chiite prêt à avancer ?
De son côté, le Premier ministre désigné ne veut pas sauter des étapes. Mercredi, il a mené une première série de contacts avec différents blocs parlementaires, place de l’Etoile. Selon plusieurs députés, Nawaf Salam, qui a « une vision claire de son équipe », a « pris des notes », sans oser s’exprimer sur la composition ou le volume de son équipe. “Quand il aura terminé les consultations parlementaires (qui se poursuivront jeudi), nous passerons aux choses sérieuses”, a déclaré un député.
Conditions et quelques demandes
Certains groupes parlementaires ont cependant déjà posé leurs conditions. “Nous avons demandé les portefeuilles de l’Intérieur (régulier), des Affaires Sociales et des Travaux Publics”, a déclaré à L’HUILE Walid Baarini, membre du bloc de modération nationale (députés ex-Hariri à majorité sunnite). “Nous avons fait ce choix car nous souhaitons activer l’aéroport de Qleyaat (Akkar)”, explique-t-il.
De leur côté, les Forces libanaises étaient clairement opposées au fameux triptyque « armée, peuple, résistance », cher au Hezbollah, figurant dans la déclaration ministérielle. “Ces temps sont révolus”, commente Ghayath Yazbeck, député FL, affirmant que son parti n’a demandé aucun portefeuille particulier. Idem pour le bloc du Renouveau (Michel Moawad, Achraf Rifi et Fouad Makhzoumi), qui s’est prononcé en faveur d’une équipe élargie qui assurerait la couverture politique du cabinet. De même, le Courant Patriotique Libre de Gebran Bassil n’a formulé aucune revendication. « Nous ne sommes attachés à rien. Nous devons venir en aide au président de la République et au Premier ministre désigné », a déclaré le leader du CPL à la sortie du Parlement, appelant toutefois à respecter des « critères unifiés » dans la formation du gouvernement.
« Le pays doit avancer. » Cette courte phrase du président de la Chambre, Nabih Berry, lancée dans une déclaration à la chaîne locale LBCI, résume bien l’attitude du tandem Amal-Hezbollah à l’égard de la formation du prochain gouvernement. Deux jours après la nomination de Nawaf Salam au poste de Premier ministre aux dépens de Nagib Mikati, les deux partis boudaient le…