Influence en déclin
Car le rôle central au Conseil fédéral, tenu depuis deux décennies par le Centre – notamment sous la houlette de la redoutable Doris Leuthard – s’est estompé à vitesse grand V avec la Brigande. Beaucoup moins à l’aise que son prédécesseur sur l’échiquier des grands stratèges de la Coupole, Viola Amherd a préféré s’accrocher à ce qui était au départ une punition, le ministère de la Défense, plutôt que d’oser bousculer la cour des grands. Ce qu’elle aurait pu tenter fin 2022, lorsque Simonetta Sommaruga a quitté le prestigieux ministère des Transports et de l’Environnement.
Sa famille partisane ne lui a jamais pardonné cette faiblesse coupable, caractéristique d’un manque d’appétit politique, alors qu’elle aurait pu donner un nouvel élan gouvernemental au Centre. Depuis, et malgré son année présidentielle, les rumeurs de départ anticipé lui collent à la peau. Sa personnalité réservée n’a jamais réussi à nous faire oublier ce choix de l’immobilisme ; le nouveau Centre ne pouvait pas compter sur son énergie possible pour conquérir de nouveaux bastions.
Dans ce contexte, le départ de Viola Amherd pourrait donner un coup dur aux ailes de son parti. Car avec la démission du président Gerhard Pfister – que l’on voit rebondir au gouvernement – ce sont les deux postes les plus élevés du parti qui doivent désormais être pourvus. Et si possible avec un duo complémentaire et ambitieux. À trois ans des élections fédérales, il est difficile d’imaginer un meilleur scénario pour le Centre. En ligne de mire, évidemment, la reconquête du deuxième siège du Conseil fédéral, perdu en 2003.