(Laval) Le jeu physique de la Ligue américaine a parfois été sans pitié pour des équipes rapides et talentueuses, mais le Rocket de Laval ne s’est laissé intimider d’aucune façon depuis le début de la saison.
Publié hier à 18h27
Simon Serviteur
La Presse Canadienne
Les coups percutants alimentent certes le spectacle, mais ce n’est pas nécessairement ce qui vient à l’esprit lorsque vient le temps d’analyser le jeu de certains espoirs offensifs du Canadien de Montréal.
Malgré tout, Joshua Roy, Owen Beck, Filip Mesar et Jared Davidson, pour ne nommer que ceux-là, ont adhéré à la mentalité intense et physique de l’entraîneur-chef Pascal Vincent depuis son arrivée au pouvoir. Aussi, ils s’efforcent de l’appliquer de match en match, même si ce n’est pas exactement leur rôle premier.
« Il y a des moments sur la glace où ce n’est plus une question de système de jeu. C’est vous ou votre adversaire. Votre travail consiste à récupérer la rondelle. Il n’est pas nécessaire que ce soit un gros chèque. Tout le monde est capable de se placer devant le joueur adverse, de bloquer son bâton et de récupérer la rondelle. Les joueurs ont acheté ce concept et nous sommes une équipe physique», a observé Vincent mardi après l’entraînement à Laval.
Le Rocket se portait déjà bien depuis le début de la saison, mais quelques matchs en décembre ont semblé cimenter cette mentalité.
L’équipe a bien réagi au jeu physique des Marlies de Toronto lors de leur visite à la Place Bell il y a environ un mois, et elle a tenté de garder son sang-froid lors d’un match émouvant contre les Sénateurs de Belleville, quelques semaines plus tard.
Ce choc contre les Sénateurs a montré à quel point il n’est pas facile de valser entre intensité et indiscipline. La jeune équipe lavalloise a écopé de 62 minutes de pénalité lors de ce match et est actuellement la plus punie de la Ligue américaine, avec 562 minutes accordées.
Même s’il souhaiterait un meilleur contrôle de la part de ses hommes, Vincent n’a pas l’impression que ce total donne une image complète de la situation.
« Nous avons demandé aux gars de s’impliquer dans toutes les batailles. Ils le font, mais cela nous coûte des pénalités. Il ne s’agit pas de pénalités de paresse, mais plutôt de pénalités d’agressivité. Parce qu’ils veulent la rondelle. Il faut maintenant trouver un moyen de corriger ces pénalités de bâton. Cette maîtrise des émotions vient souvent avec l’expérience », a-t-il déclaré.
La Ligue américaine permet évidemment de développer des habiletés individuelles et de se préparer à la LNH, mais c’est souvent le premier aperçu pour les jeunes joueurs de l’aspect très physique du hockey professionnel.
La transition du junior au professionnel a donné des maux de tête à certaines recrues et les joueurs talentueux se rendent vite compte qu’il y a moins de marge de manœuvre avec la rondelle. Pour le défenseur William Trudeau, qui était déjà robuste dans la LHJMQ et qui l’est toujours depuis son arrivée avec le Rocket, travailler à l’extérieur de la patinoire peut être une solution possible pour une transition moins ardue.
-« Il faut absolument s’habituer au jeu physique. Quand on passe du junior à la Ligue américaine, il y a des joueurs de 30 ans qui sont plus gros. Si vous gagnez un niveau supplémentaire en salle de sport, vous êtes plus fort et plus confiant. À un moment donné, tu réalises que tu es capable de rivaliser avec ces gars-là, que ce soit dans les batailles pour la rondelle ou dans le jeu physique en général », a-t-il expliqué.
Dans le cas du Rocket, les joueurs talentueux sont également soutenus par des coéquipiers qui n’hésitent pas à appliquer de solides coups d’épaule.
Même s’ils sont rookies, Luke Tuch et Florian Xhekaj ont déjà jeté les gants à quelques reprises depuis le début de la saison. Le capitaine Lucas Condotta s’impose en échec avant et le long de la bande, tandis que le vétéran Vincent Arseneau impose le respect sur la glace.
Arseneau, favori du public, prend très au sérieux son rôle de protecteur et d’instigateur d’une mentalité physique au sein de l’équipe.
« En tant que plus âgé de l’équipe, c’est mon rôle de m’assurer que tout le monde est d’accord avec cela. La Ligue américaine est une ligue difficile. Si on veut gagner des matches, il faut apporter un côté physique. Ce ne sont pas toujours de gros succès, mais être face à votre adversaire provoque des revirements », a-t-il déclaré.
Vincent a rapidement constaté que la présence d’Arseneau sur le banc permettait aux autres joueurs de jouer plus librement sur la glace, tout en calmant la chaleur des équipes adverses. C’est ce qui rend la décision de le laisser de côté quelques fois encore plus déchirante.
« Vincent est un très bon coéquipier. Lorsqu’il est sur la glace, tout le monde se sent protégé et l’équipe adverse sait que si les choses tournent mal, il est là. Il est capable de jouer au hockey et il est capable de s’assurer que l’équipe soit respectée. Aucun club ne vient nous déranger ou nous interpeller devant notre banc”, a souligné l’entraîneur principal.
Après un week-end émouvant face aux Monsters de Cleveland, au cours duquel l’équipe de Laval a récolté trois points sur quatre de façon convaincante, il faudra compter sur la discipline face aux Penguins de Wilkes-Barre/Scranton, qui seront de passage à la Place Bell mercredi soir.
Les Penguins ont remporté le premier duel 5-3 à la fin novembre, grâce notamment à trois buts en avantage numérique.
« C’est une bonne équipe et ils se portent bien ces derniers temps. Ils sont très dangereux en zone offensive. Il y aura une part de discipline, mais en même temps, je ne veux pas changer la mentalité de mes gars », a insisté Vincent.
Cayden Primeau défendra la cage du Rocket, qui est toujours privé de l’attaquant Brandon Gignac et du défenseur Joshua Jacobs.