La libération des camps de concentration et d’extermination nazis a eu lieu dans le sillage de l’avancée vers Berlin des armées alliées.
Le premier grand camp découvert fut, le 24 juillet 1944, celui de Majdanek (dans la banlieue de Lublin, en Pologne), libéré par l’Armée rouge. Les dernières remontent au 9 mai 1945, au lendemain de la capitulation allemande, avec la libération de Theresienstadt (ou Terezin en tchèque) au nord de Prague et de Stutthof, près de l’actuelle ville de Gdansk (Pologne).
Dès juin 1944, le Reichsführer-SS Heinrich Himmler avait ordonné l’évacuation des camps avant l’arrivée des Alliés et le transfert des détenus vers d’autres camps.
L’ordre concernait essentiellement les camps situés dans les pays baltes, menacés par l’avancée de l’Armée rouge. Avant de s’enfuir, les officiers SS reçurent pour instruction d’effacer les traces de leurs crimes.
Ainsi la libération par l’Armée rouge d’Auschwitz-Birkenau (en Pologne occupée), le 27 janvier 1945, fut précédée de la dissolution progressive du complexe à partir de l’été 1944 et de l’évacuation de plus de 60 000 détenus.
Lorsque les Soviétiques arrivèrent, ils ne découvrirent que quelque 7 000 prisonniers incapables de marcher et de suivre leurs camarades des « marches de la mort ».
– Censure, puis choc –
La découverte des premiers camps eut peu d’impact sur le grand public.
-Les commissions d’enquête russes et polonaises ont réalisé de nombreuses photos à Majdanek et à Auschwitz et les services photographiques de l’armée américaine ont réalisé un reportage sur le Struthof, seul camp de concentration nazi situé sur l’actuel territoire français.
Mais les images ne sont pas diffusées auprès du grand public.
En France notamment, les autorités ne veulent pas alarmer les familles sur le sort des « absents » (déportés, prisonniers de guerre, astreints à des travaux obligatoires).
Un véritable tournant médiatique se produit le 6 avril 1945 avec la découverte du camp d’Ohrdruf, annexe de Buchenwald (Allemagne). Lorsque les Américains, accompagnés du correspondant de guerre Meyer Levin et du photographe français de l’AFP Eric Schwab, entrent, ils voient les enfers encore fumants, les prisonniers émaciés exécutés d’une balle dans la tête.
Le 12 avril, une visite officielle depuis Ohrdruf est organisée pour les généraux Patton, Bradley et Eisenhower. “Je n’ai jamais vécu de ma vie un choc aussi profond”, a déclaré ce dernier. Leur décision fut immédiate : « Toute censure doit être levée. »
Le soir même, le quotidien français Ce Soir publiait en Une la réaction du général Patton – « Plus de pitié pour les bourreaux » – et l’image d’un charnier.