Pour les conducteurs de tracteurs, une année compliquée se termine et une année incertaine commence. Et tous les grands constructeurs semblent être logés à la même enseigne. Les immatriculations totales de tracteurs standards et spécialisés de plus de 50 ch, prises en compte dans nos estimations, diminuent de 10,4%. La faiblesse des prises de commandes n’annonce pas un retour à la croissance avant, au mieux, le second semestre 2025, comme le montrent les dernières enquêtes et analyses d’Axema et de Sedima.
Cette année 2024 a également été marquée par une surimmatriculation en décembre, une tradition chez certains constructeurs renforcée cette année par la fin du freinage mono-ligne au 1er janvier 2025. L’objectif était d’immatriculer les tracteurs concernés avant cette échéance. pour éviter qu’ils soient invendables sur le marché français.
Malgré ces bouleversements, notre classement évolue peu par rapport à l’année dernière. John Deere reste largement en tête. Pour compléter le podium, New Holland et Fendt poursuivent leur crossover, cette année à l’avantage du constructeur allemand. Claas et Massey Ferguson sont proches l’un de l’autre, avec un écart si faible, selon nos données, que nous n’avons pas encore décidé entre eux.
Derrière, Case IH continue sa marche en avant et se rapproche progressivement de la barre des 10%. Le trio des outsiders, Valtra, Deutz-Fahr et Kubota, reste stable dans le même ordre. Finalement, en queue de peloton, McCormick et Same ont tenu bon.
Quelles sont les parts de marché des tracteurs (standards et spécialisés) en 2024 ?
L’infographie ci-dessous présente, selon nos estimations, le classement des marques de tracteurs sur le podium des parts de marché 2024. Pour améliorer la lisibilité, seules les marques dont le score est égal ou supérieur à 1%, ont été retenues.
1 – John Deere : 21,6 %
2 – Fendt : 15,8%
3 – Nouvelle Hollande : 14,9 %
4 sur égalité – Claas : 10,1 %
4ème consécutif – Massey Ferguson : 10,1%
6 – Cas IH : 8,1 %
7 – Valtra : 5,9%
8 – Deutz-Fahr : 5%
9 – Kubota : 4,2%
10 – Mc Cormick : 1,1 %
11 – Idem : 1 %
1 – John Deere
« Ce résultat est cohérent avec la stratégie sur laquelle nous communiquons depuis plusieurs années. L’outil industriel John Deere a permis de bien gérer la situation post-pandémie et de livrer les tracteurs sans trop de retard. Cela a limité au maximum le phénomène des reports. Quant au changement des normes de freinage, il avait été largement anticipé afin d’éviter un stock trop important, que d’autres ont dû écouler en fin d’année en sur-enregistrant. Dernier élément : la qualité du travail de notre réseau de concessionnaires. Certes, une légère baisse apparaît, mais cela s’explique par un marché tendu et par le faible rééquilibrage lié aux retards de livraison. »
2-Fendt
« Nous sommes ravis de monter sur la deuxième marche du podium ! Le marché est complexe, et pourtant nous avons maintenu nos volumes et augmenté nos parts de marché, aussi bien en tracteurs standards que spécialisés, quelle que soit la puissance. Une performance rendue possible grâce à la qualité de notre réseau de revendeurs ! »
« Les délais de livraison de la série 700 Vario Gen7 sont résolus, le 600 Vario est lancé, notre image donne confiance…. Le stock de tracteurs monoligne de frein est épuisé, inutile de vendre les machines encore inscrites sur le parc ! Pour tout cela, félicitations aux concessionnaires et à nos équipes. »
3 – Nouvelle Hollande
« Nous enregistrons un léger repli de nos titres dans un marché qui se tend, avec un contexte agricole moins favorable. La gamme T7 est la plus vendue. Nous restons également bien présents sur des segments où nous sommes traditionnellement bien implantés, comme la polyculture avec nos gammes T5 et T6, et le domaine des cultures spécialisées, avec nos gammes spécialisées T4. »
« Pour 2025 nous restons mobilisés pour proposer des solutions d’équipement et de financement adaptées aux besoins de nos clients et à la situation. Après le lancement réussi de notre nouvelle moissonneuse-batteuse CR11 cet été, nous disposons d’un plan de lancement de produits bien établi pour poursuivre le renouvellement de nos gammes de tracteurs. »
4 sur égalité – Claas
« Il y a un élément sur lequel nous n’avons pas beaucoup de contrôle, c’est la surimmatriculation en décembre, avec la fin du freinage sur une seule ligne. Nous avons arrêté ces technologies en avril, nous ne sommes donc pas concernés. Mais cela affecte la part de marché. Après, cela impacte aussi ceux qui l’utilisent, car un tracteur déjà immatriculé perd de sa valeur. »
« Cette année, nous sommes portés par l’Arion 660, nos 200 chevaux, qui passe pour la première fois devant l’Arion 450, qui lui talonne de justesse. Cela prouve l’augmentation constante de la demande d’énergie. Même sur l’Arion 400, ce sont les plus puissants, les 430 et 450, qui sont les plus gourmands. Nous avons également lancé les Axos 300 série 3. Nous en avons livré une centaine depuis septembre. C’est pour nous un segment de reconquête. Nous en verrons tous les bénéfices en 2025. »
« Pour 2025, la vigne est en berne, les grandes cultures sont en déclin, ce sont les bovins de boucherie qui tirent le marché en ce moment. Nos usines montent en puissance. Elle est encore fragile, la reprise se profile plutôt à l’horizon au second semestre, avec Agritechnica en ligne de mire, mais aussi AgriSima en février 2026, pour lequel nous militons fortement. »
4 sur égalité – Massey Ferguson
Massey Ferguson attend pour commenter les chiffres publiés par Axema.
6 – Affaire IH
La rédaction a tenté de contacter la marque, mais n’a reçu aucun commentaire avant la publication de cet article.
7 – Valtra
« Nous n’avons pas demandé à nos concessionnaires de sur-enregistrer, nous avons moins de 50 tracteurs concernés par l’arrêt du freinage sur ligne unique. Nous n’avons pas non plus affiché nos prix. Nous restons sur une dynamique commerciale constante, sans tomber dans la panique en entraînant notre réseau dans des changements brusques. »
« Notre premier trimestre, voire notre semestre, a été assez faible. Nous avons perdu un concessionnaire côté breton, qui représentait près de 600 tracteurs. La dynamique a débuté en septembre. Les séries N et T représentent la moitié de notre volume, dont les N135, N155, T175 et T215. Le cœur de nos puissances se situe entre 135 et 250 ch. La série Q augmente en volume. Et la série S, qui constitue le haut de gamme, démarre bien. »
« En 2025, nous allons continuer à structurer notre réseau, c’est essentiel. Nous étions présents sur des tracteurs très connectés et haut de gamme, nous proposerons également des solutions plus simples et accessibles, avec des options incontournables sans dégrader la qualité, un créneau sur lequel nous n’étions pas toujours présents. Et il y aura aussi du nouveau chez Agritechnica ! »
8 – Deutz Fahr
Deutz-Fahr faisant partie du groupe Same-Deutz-Fahr, l’interlocuteur du groupe a tenu le même commentaire pour les deux marques : « Nous avons maintenu notre position malgré le marché difficile lié au contexte agricole. Rappelons que le phénomène de surimmatriculation, lié cette année à l’arrêt du système de freinage à ligne unique, impacte les chiffres. Ayant largement anticipé ce phénomène, nous n’avons pas eu à le faire, ni nos concessionnaires, pour écouler nos actions. Dès le départ, nous nous sommes conformés à la nouvelle norme. Il s’agit d’une performance notable dans un marché en baisse de 10%, résultat minimisé par la surinscription du mois de décembre. »
9 – Kubota
« Cela a été une année compliquée, que ce soit sur le plan concurrentiel, sur les besoins du marché et sur le plan économique. L’étau se resserre un peu partout, chez les concessionnaires comme chez les clients. La même situation est attendue pour 2025, au moins pour le premier semestre. L’enjeu pour nous sera de soutenir notre réseau de distribution, notamment à travers des événements locaux, car tout part de là. L’objectif sera principalement de maintenir notre part de marché, voire de l’augmenter si le marché redémarre. »
10 – Mc Cormick
La rédaction a tenté de contacter la marque, mais n’a reçu aucun commentaire avant la publication de cet article.
11 – Idem
Same faisant partie du groupe Same-Deutz-Fahr, l’interlocuteur du groupe fait le même commentaire pour les deux marques : « Nous avons tenu bon malgré le marché difficile lié au contexte agricole. Rappelons que le phénomène de surimmatriculation, lié cette année à l’arrêt du système de freinage à ligne unique, impacte les chiffres. Ayant largement anticipé ce phénomène, nous n’avons pas eu à le faire, ni nos concessionnaires, pour écouler nos actions. Dès le départ, nous nous sommes conformés à la nouvelle norme. Il s’agit d’une performance notable dans un marché en baisse de 10%, résultat minimisé par la surinscription du mois de décembre. »