OTTAWA | Ceux qui pensaient que c’était une mauvaise plaisanterie lorsque Donald Trump parlait d’annexion du Canada doivent y réfléchir à deux fois.
• Lisez également : Trump menace d’utiliser la « force économique » contre le Canada
• Lisez également : Donald Trump Jr entame sa visite privée au Groenland
• Lisez également : Annexion du Canada par la « force économique » : les propos de Trump sont une « tactique de négociation », selon les fabricants et exportateurs
Le monde vu par Trump n’est pas un conte de fées.
Ses objectifs expansionnistes sont bien réels. Hier, lors d’un point de presse long et détaillé, il n’a pas exclu l’idée d’annexer par la force le Groenland, qui appartient au Danemark, et le canal de Panama, sous le contrôle du pays du même nom.
Donald Trump s’est amusé mardi soir en publiant sur son compte TruthSocial des images montrant le Canada « annexé » aux États-Unis.
Pas l’armée
Pour le Canada, il a exclu l’envoi de l’armée. La « force économique » nous fera plier.
Ceux qui pensaient que Donald Trump se contenterait d’un meilleur contrôle de notre propre frontière avec les Américains devront également y réfléchir à nouveau.
Le plan d’un milliard de dollars présenté par Ottawa pour freiner le commerce illégal du fentanyl, le crime organisé et les migrants n’a pas changé l’humeur du président.
Trump, qui prêtera serment dans moins de deux semaines, ne rêve rien de moins que d’abolir cette ligne qu’il juge « artificielle » entre nos deux pays.
Pour se justifier, Donald Trump affirme qu’il n’a pas besoin de nous, de nos « voitures », de nos « produits laitiers », de notre « bois d’œuvre », de tout ce qui fait largement tourner notre économie.
Donald Trump s’est amusé mardi soir en publiant sur son compte TruthSocial des images montrant le Canada « annexé » aux États-Unis.
Dans sa tête, on vit à ses dépens, profitant de sa protection militaire sans rien offrir en retour.
« Nous n’avons besoin de rien de leur part », a-t-il déclaré.
Évidemment, son discours est truffé d’incohérences.
Le Canada n’exporte pas de produits laitiers vers les États-Unis.
De plus, les Américains bénéficient massivement de notre énergie bon marché, comme le pétrole et le gaz naturel, et de nos minéraux essentiels (voir encadré).
Il n’en demeure pas moins que Donald Trump met le doigt là où ça fait mal pour le Canada, qui vit, il est vrai, sous la protection militaire des États-Unis.
« Nous dépensons des centaines de milliards chaque année pour prendre soin du Canada », a-t-il déclaré.
Il exagère, mais il n’a pas complètement tort.
Position faible
Le Canada se retrouve humilié devant le monde dans une période de grandes turbulences créée par la démission de Justin Trudeau lundi.
Pendant des mois, le gouvernement fédéral fonctionnera au ralenti. Le Parlement est fermé jusqu’au 24 mars ; suivront des élections générales et l’arrivée d’un nouveau régime qui mettra des semaines à s’installer.
Qui parlera au nom du Canada pendant cette période ?
Justin Trudeau? Pierre Poilievre? Doug Ford? François Legault? Des candidats à la direction du Parti libéral du Canada? Toutes ces réponses ?
Hier, l’affront était trop grave pour qu’on puisse le lâcher, même si la réaction du premier ministre Trudeau a été timide.
«Jamais, au grand jamais, le Canada ne fera partie des États-Unis», a-t-il déclaré dans un article sur X.
« Les travailleurs et les communautés de nos deux pays bénéficient du fait qu’ils sont les meilleurs partenaires commerciaux et en matière de sécurité l’un de l’autre. »
Toujours souverain
Pierre Poilievre, de son côté, a promis de reconstruire l’armée canadienne et de reprendre le contrôle des frontières, dont celle de l’Arctique.
Il y aura beaucoup à faire.
Les libéraux ne sont pas les seuls à être coupables de sous-investissement dans la défense. Les gouvernements conservateurs précédents n’ont pas fait mieux.
Équilibrer le budget comme le promet Poilievre tout en investissant massivement dans notre défense exigera d’énormes sacrifices.
En fin de compte, ce sera aux Canadiens de choisir les priorités de leur gouvernement, puisque aux dernières nouvelles, ils sont toujours souverains.
Nous aimons dire que le Canada et les États-Unis sont les meilleurs amis du monde.
Avec ce genre d’amis, sous Trump, nous n’avons pas besoin d’ennemis.
QUAND LES ÉTATS-UNIS DÉPENDENT DU CANADA
Le Canada est le plus grand fournisseur étranger d’uranium des États-Unis. C’est également le premier exportateur d’hydrocarbures et de certains minéraux stratégiques.
Voici les produits canadiens les plus importants dont dépendent les États-Unis.
Hydrocarbures
- 99% du gaz naturel importé aux États-Unis
- 50% du pétrole brut importé
Énergie nucléaire
- 27% de l’uranium utilisé dans les réacteurs nucléaires américains
Minéraux critiques
- 64% du zinc importé par les Etats-Unis
- 40% tu nickeles
– Mathieu-Robert Sauvé, Le Journal de Montréal
Avez-vous des informations à nous partager sur cette histoire ?
Écrivez-nous au ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.