Un revers majeur dans sa politique de modération des contenus ? Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) va mettre fin à son programme de fact-checking aux Etats-Unis, a annoncé mardi son fondateur et patron Mark Zuckerberg. Une décision controversée, alors que ce dernier a récemment multiplié les gestes envers Donald Trump. Le président élu, qui doit entrer à la Maison Blanche le 20 janvier, a déclaré qu’il avait « probablement » influencé cette décision.
Pourquoi cette décision ?
Le programme de vérification des faits lancé en 2016 par Facebook, qui rémunère plus de 80 médias dans le monde, s’appuyait auparavant sur des partenaires indépendants pour vérifier les contenus rapportés. Les informations jugées fausses voient leur visibilité réduite, accompagnée d’un avertissement, afin de limiter la désinformation sur ses plateformes.
Mais c’est fini, du moins aux États-Unis. Meta a déclaré à Politico que ce ne serait pas le cas dans l’Union européenne pour le moment. Selon le patron du groupe, Mark Zuckerberg, “les auditeurs ont été trop politiquement orientés et ont fait plus pour réduire la confiance que pour l’améliorer, notamment aux Etats-Unis”.
L’annonce de Meta intervient alors que les républicains et le propriétaire du réseau social rival X, Elon Musk, se sont plaints à plusieurs reprises des programmes de vérification des faits, qu’ils assimilent à de la censure. “Les récentes élections semblent être un tournant culturel donnant, une fois de plus, la priorité à la liberté d’expression”, a déclaré le patron de Meta.
Par quoi les fact-checkers seront-ils remplacés ?
« Nous allons nous débarrasser des vérificateurs de faits et les remplacer par des évaluations communautaires, semblables àanciennement Twitter), à commencer par les Etats-Unis», a déclaré le patron du groupe, Mark Zuckerberg, dans un message publié sur les réseaux sociaux.
On précise qu’une image a été générée par l’intelligence artificielle. Ils sont rédigés par les utilisateurs eux-mêmes, avant d’être soumis au vote : s’ils sont approuvés par un grand nombre de personnes, alors ils sont affichés. Censées être factuelles, elles semblent parfois révéler des biais idéologiques.
Dans le même temps, le groupe devrait revoir et « simplifier » ses règles concernant les contenus sur l’ensemble de ses plateformes et « mettre fin à un certain nombre de limites concernant des sujets, comme l’immigration et le genre, qui ne sont plus dans l’ordre dominant ». discours.
Un rapprochement avec Donald Trump ?
Dans sa vidéo, Mark Zuckerberg indique que Meta se prépare à « travailler avec le président Trump pour repousser les gouvernements du monde entier qui attaquent les entreprises américaines et poussent à une censure accrue ». Ce n’est pas le premier geste du patron de Meta envers le président élu Donald Trump : Zuckerberg avait déjà fait un don d’un million de dollars pour le fonds finançant les cérémonies d’inauguration du mandat, prévues le 20 janvier.
Le candidat républicain s’était montré particulièrement critique à l’égard de Meta et de son patron ces dernières années, accusant l’entreprise de partialité et soutenant les discours progressistes. Donald Trump a été suspendu de Facebook après l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021, mais son compte a été réactivé début 2023.
Mark Zuckerberg a dîné en novembre avec Donald Trump dans la résidence de ce dernier à Mar-a-Lago (Floride), dans un geste perçu comme une volonté d’apaiser les relations avec le futur président américain. Lors d’une conférence de presse dans ces mêmes lieux ce mardi, le président élu a expliqué qu’il avait « probablement » influencé la décision de Meta.
Dans un autre geste adressé aux conservateurs, Meta a nommé un fidèle de Donald Trump, Joel Kaplan, à la tête de ses affaires publiques, en remplacement de l’ancien vice-Premier ministre britannique, Nick Clegg, qui a démissionné. « Trop de contenus sécurisés ont été censurés, trop de personnes ont été injustement enfermées dans Prison Facebook “, a déclaré Joel Kaplan dans un communiqué, insistant sur le fait que l’approche actuelle était allée “trop loin”.
Autre geste d’apaisement de la part de Meta : la nomination de la patronne de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), Dana White, également proche de Donald Trump, au conseil d’administration de Meta.
Quelles réactions ?
Sans surprise, l’annonce de Mark Zuckerberg a ravi son concurrent Elon Musk, qui a racheté Twitter pour en faire X, et qui aura sa place dans l’administration Trump, à la tête du futur Département de l’Efficacité du Gouvernement. “C’est cool”, a-t-il commenté restaurer liberté d’expression », et qui se poursuit par la phrase : « Mark Zuckerberg dit que les modérateurs de contenu sont politiquement biaisé tout en promettant un système similaire à celui de
“C’est une décision intelligente de la part de Zuck et je m’attends à ce que d’autres plateformes suivent”, a répondu Linda Yaccarino, PDG de X. Une décision également saluée sur le réseau social par Brendan Carr, récemment nommé par Donald Trump à la tête du régulateur américain des télécoms et qui affirme régulièrement vouloir « démanteler le cartel de la censure » imposé par « Facebook, Google, Apple, Microsoft ».
Mais la décision de Zuckerberg suscite également des critiques. “Il s’agit d’un revers majeur dans la politique de modération des contenus, à une époque où la désinformation et les contenus dangereux évoluent plus rapidement que jamais”, a déclaré le co-fondateur du Center for Information Resilience. (CIR), Russ Burley, dans un communiqué de presse. « Les efforts visant à protéger la liberté d’expression sont essentiels, mais renoncer à la vérification des faits sans alternative crédible ouvre la porte à un flot de contenus encore plus dangereux », a-t-il insisté.
Une évolution plus globale
Parmi les développements à venir, Meta devrait déplacer ses équipes « confiance et sécurité » de la Californie, généralement plus progressiste, vers le Texas, un État plus conservateur. “Cela nous aidera à renforcer la confiance nécessaire pour accomplir le travail en nous souciant moins des préjugés au sein de nos équipes”, a déclaré Zuckerberg.
Un mouvement qui s’accompagne aussi de la volonté de revenir sur sa décision, en 2021, de réduire les contenus politiques sur ses plateformes. L’entreprise souhaite désormais adopter une approche plus personnalisée, en donnant aux utilisateurs un meilleur contrôle sur la quantité de contenu politique qu’ils souhaitent voir sur Facebook, Instagram ou Threads.