[EDITION SPÉCIALE JMLP] Le Pen, ennemi médiatique numéro un

[EDITION SPÉCIALE JMLP] Le Pen, ennemi médiatique numéro un
[EDITION SPÉCIALE JMLP] Le Pen, ennemi médiatique numéro un

Pendant la diffusion Le moment de vérité de février 1984, François-Henri de Virieu présente aussitôt Le Pen comme « une personne marginale dans le jeu politique « . Peu flatteuse, l’étiquette décrit, plus que la situation de Le Pen elle-même, celle à laquelle les médias grand public va essayer de le contenir pendant deux décennies.

Années 80-90 : réduction à Hitler

Simple, efficace : le réduction à Hitler, à Mussolini, à Pétain fonctionnera à pleine capacité. Le Pen est « un adepte de Franco et d’Hitler » (Le monde1984), « un antisémite répété » (Humanité1990). Toujours dans Le monde (1984), un dossier concocté par Edwy Plenel porte sur un antisémitisme très français qui allait se réveiller avec Le Pen – l’islamo-gauchisme restait à inventer.

L’entreprise de diabolisation systématique atteint son point culminant avec l’affaire Carpentras. Un reportage télé (FR31990) relays the declaration of former minister François Léotard: “ Nous rejetons ce que dit M. Jean-Marie Le Pen, car ce sont peut-être ces paroles qui ont motivé ces actions. » Or, ni le président du FN ni le FN n’en sont responsables, comme l’explique l’INA en fin d’article. Dans cette histoire, l’enquête journalistique a été délibérément laissée de côté.

Envoyé spécial ou… Déviant spécial ?

Bruno Gollnisch se souvient particulièrement d’un spectacle Envoyé spécial (à l’époque dirigé par Paul Nahon et Bernard Benyamin). ” Diffusé comme par hasard la veille d’un congrès du RNil raconte B.V., l’émission interrogeait différents skinheads qui disaient : « Bien sûr que les chambres à gaz existaient ! Et si Jean-Marie Le Pen arrive au pouvoir, hein… » Voici les zozos, sans lien avec le RN, que la télévision avait trouvé pour disqualifier le mouvement. »

Envoyé spécial s’intéressera régulièrement à Le Pen, toujours à sens unique – » A tel point que j’ai renommé le spectacle « Spécial Dévoyé » », se souvient Jean-Yves Le Gallou, rejoint par B.V.. Pour plus d’efficacité, la presse écrite assure la promotion de chacun Envoyé spécial anti-Le Pen. Exemple typique de réduction à Hitlerun rapport de 1992 est décrit par Le monde comme méritant à diffuser dans les écoles et lycées « . A l’occasion d’un autre numéro deEnvoyé spécialLe Pen dans le texte » 1997), Libé rappelez-vous que nous ” on ne peut pas filmer, inviter, interviewer Jean-Marie Le Pen comme un autre homme politique ».

Rire avec Le Pen ? Insupportable!

De « marginal » à « banni des airs », il n’y a qu’un pas. En 1985, prenant prétexte de propos tenus à la BBR (Fête des Bleu-Blanc-Rouge) contre les journalistes de la station, Europe 1 boycotté Le Pen pendant plus de deux ans. Une sanction inédite dans l’histoire des médias, taillée sur mesure pour celui qui est l’ennemi médiatique n°1.

En septembre 1995, Patrick Sébastien se déguise en Le Pen et réalise une parodie de Bruel : Briser le noir. Une vidéo est diffusée de Kersauson montrant la séquence à Le Pen, qui rit. Reprochable, le presse papier se drape dans sa dignité. Libé décrit le spectacle comme « plusieurs fois ». Le Parisien l’a boycotté en publiant une page aux trois quarts blanche. Le CSA (alors Arcom…) constate que nous avons « a failli inciter à la haine raciale « . On peut se moquer de Le Pen, lui infliger des caricatures infâmes – en 1987, Le monstreun mensuel satirique, formule le vœu que Le Pen attrape le sida -, mais on ne peut pas rire avec lui : Patrick Sébastien et Patrick Le Lay, le PDG de TF1ont été condamnés en 1996 pour « incitation à la haine raciale ».

2002 : entre les deux tours

Durant les deux semaines d’hystérie collective qui ont sévi en , entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2002, la presse a été donneuse d’ordre et caisse de résonance. La première page de Libé affiche » NON “, comme Humanité ce qui, d’ailleurs, gratte le visage de Le Pen. Le monde sort opportunément des « révélations » : « La campagne du leader du RN réveille à Alger la mémoire de la torture » et, avant les élections législatives, « Le Pen, bourreau en Algérie ».

Les réactions de 2002 constituent l’apogée de la lutte médiatique anti-Le Pen. Après un tel étalage d’insultes et de faux dont l’éthique journalistique est absente, pas d’autre choix que de baisser le ton. De plus, Le Pen a passé le relais à sa fille en 2011. Il y avait moins d’intérêt pour la dactylographie. Et puis… les événements ne lui donnent-ils pas raison ? Les émeutes de 2005 et les attentats des années 2010 ont donné suite aux avertissements de Le Pen concernant l’immigration et l’islamisation. Et si Le Pen n’était pas le diable dépeint par les médias, mais un lanceur d’alerte ?

La haine anti-Le Pen se transforme en marronnier

Loin de faire amende honorable, les journalistes continuent de tituber la doxa : « Le porteur de scandales » (Libé2013), « Jean-Marie Le Pen, champion of convictions » (Le Parisien2015) ou Infos Francepour qui le parcours de Le Pen peut se résumer ainsi : « une vie politique rythmée par des propos condamnés par la justice » (2016). Les mots, usés, n’ont plus beaucoup de sens. La haine anti-Le Pen tourne au désastre.

Quand, en 2018, paraît le premier tome de ses Mémoires (Fils de la nationMuller Éditions), la presse est presque respectueuse. C’est l’œuvre d’un « torche “, plus ” que cela nous plaise ou non, Le Pen est notre histoire », écrit Le Pointce qui résume assez bien l’ambiance. Jean Daniel le voit » les nouveaux vêtements d’un fasciste heureux » (Le nouvel Obs), des réflexes d’une autre époque car, en 2022, Infos France ose relayer l’avis de l’historien Nicolas Lebourg, pour qui « il est certain que Jean-Marie Le Pen n’a jamais été fasciste « . Tout ça pour ça !

Et maintenant ?

Interrogé par B.V.Bruno Gollnisch rit en se souvenant d’Alain Duhamel : « Pendant dix ans, quinze ans, de 1980 à 1995, M. Duhamel a assuré que Jean-Marie Le Pen et le Front national ne seraient qu’un feu de paille. » Avec le décès de Jean-Marie Le Pen, une dernière page médiatique s’écrit. On rappellerait volontiers son avertissement de 1993 : « Messieurs et dames journalistes, mais à quelle catégorie de privilégiés vous considérez-vous appartenir ? Vous êtes ici pour faire votre travail ! »

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