(Washington) Un premier décès humain lié à la grippe aviaire a été enregistré aux Etats-Unis, ont annoncé lundi les autorités sanitaires de Louisiane, précisant qu’il s’agissait d’un patient âgé qui souffrait d’autres pathologies.
Publié à 16h20
Mis à jour à 20h51
Charlotte CAUSIT
Agence -
Ce patient, âgé de plus de 65 ans, était le premier cas humain grave détecté aux Etats-Unis. Il avait été contaminé par le virus H5N1 via des oiseaux de basse-cour et sauvages.
Souffrant d’une maladie respiratoire, il se trouvait dans un « état critique », ont rapporté les autorités sanitaires en décembre, lorsque son hospitalisation a été rendue publique.
L’enquête « n’a pas identifié de cas supplémentaires de H5N1 ni de preuves de transmission de personne à personne ». Ce patient reste le seul cas humain de H5N1 en Louisiane », a indiqué le département local de la santé sur son site Internet.
C’est pourquoi il considère que le risque que présente la grippe aviaire pour le grand public reste « faible ». Quant aux « personnes qui travaillent avec des oiseaux, des volailles ou des vaches, ou qui sont exposées à ces animaux dans le cadre de leurs loisirs », le risque est « plus élevé ».
Depuis plusieurs mois, les États-Unis sont confrontés à une épizootie – l’équivalent d’une épidémie chez les animaux – de grippe aviaire.
Le virus circule dans les élevages de volailles et dans les troupeaux de bovins et 66 cas de grippe aviaire chez l’homme ont été détectés depuis début 2024, la grande majorité étant bénigne et liée à des contacts connus avec des animaux infectés.
Même si aucun cas de propagation entre humains n’a été observé, le niveau de circulation du virus inquiète les experts.
“Je ne m’inquiète pas pour la personne moyenne, mais pour les personnes qui sont en contact avec des animaux dont nous savons qu’ils peuvent être infectés”, déclare Jennifer Nuzzo, professeur d’épidémiologie à l’Université Brown. Et de poursuivre : « C’est un méchant virus que personne ne voudrait attraper. »
Exposition
“Bien que tragique, un décès dû au virus H5N1 aux Etats-Unis n’est pas inattendu”, ont également rappelé les Centres américains de prévention et de contrôle des maladies (CDC) à propos du décès signalé en Louisiane.
“En dehors des États-Unis, plus de 950 cas de grippe aviaire H5N1 ont été signalés à l’Organisation mondiale de la santé, et environ la moitié d’entre eux ont entraîné la mort”, rapportent-ils dans un communiqué de presse.
Ces cas ont été enregistrés entre 2003 et fin 2024 dans 24 pays, dont un grand nombre en Chine et au Vietnam, précise un document de l’OMS.
“La grande majorité des cas de contamination et de décès sont liés à une exposition connue” à un animal malade, note M.moi Nuzzo.
Dans l’état actuel des choses, ce spécialiste de la surveillance des épidémies s’inquiète particulièrement du fait que davantage de personnes travaillant dans les fermes ou en contact avec des animaux sauvages « tombent malades et meurent ».
Par ailleurs, souligne-t-elle, si le patient louisianais présentait d’autres pathologies, le cas d’un adolescent canadien hospitalisé en 2024 pour grippe aviaire montre que des personnes plus jeunes et en meilleure santé peuvent aussi être gravement touchées.
La grippe aviaire A (H5N1) est apparue pour la première fois en 1996, mais depuis 2020, le nombre de foyers chez les oiseaux a explosé et un nombre croissant d’espèces de mammifères ont été touchées.
Risque de mutation
Les experts craignent que cette forte circulation du virus ne facilite une mutation permettant sa transmission d’un humain à l’autre. Certains craignent également qu’elle se mélange à la grippe saisonnière et devienne ainsi plus transmissible.
Le séquençage génétique du virus trouvé chez le patient de Louisiane a montré qu’il était différent de la version détectée dans plusieurs troupeaux de vaches laitières et dans des élevages de volailles.
Et une petite partie du virus a présenté des modifications génétiques suggérant qu’il pourrait avoir muté à l’intérieur du corps pour s’adapter aux voies respiratoires humaines. Toutefois, cette mutation n’est pas la seule nécessaire pour rendre un virus plus contagieux ou transmissible entre humains, rassurent les chercheurs interrogés par l’AFP.
A l’approche de l’investiture de Donald Trump, qui a exprimé son souhait de supprimer une agence chargée de se préparer aux risques épidémiques, la situation inquiète les acteurs de la santé.
L’administration sortante n’est pas non plus exempte de critiques, les experts jugeant sa réponse insuffisante et mettant en garde contre des carences en matière de contrôle des contaminations.
“Nous pourrions faire tellement plus”, estime Jennifer Nuzzo, qui appelle notamment à renforcer les mesures de prévention pour les travailleurs agricoles, notamment par la vaccination.