La dynamique est en train de changer en Afrique du Nord alors que la région traverse une année politique plus calme en 2025, présentant un équilibre délicat entre les progrès et les défis persistants qui façonnent l’avenir de la région.
Après une année 2024 chargée, marquée par les élections présidentielles en Algérie et en Tunisie, l’année 2025 devrait être politiquement plus calme, puisque les Egyptiens seront les seuls à se rendre aux urnes pour élire un nouveau parlement. Cependant, les défis tels que les problèmes liés au climat et la pression migratoire européenne signifient que les gouvernements ne resteront pas inactifs, prédit AfricaReport.
Après les accords avec la Tunisie et l’Egypte, l’Union européenne, qui cherche de plus en plus à externaliser la gestion des migrations au-delà de ses frontières, va tenter de convaincre Rabat de signer un mémorandum, complétant ainsi sa « défense » méditerranéenne.
Les capitales nord-africaines surveilleront également de près la Libye cette année et les éventuelles influences déstabilisatrices du Liban et de la Syrie. La guerre au Soudan, la question palestinienne et la possible reprise des processus de normalisation avec Israël resteront probablement des sujets clés dans la région. Cela est particulièrement vrai dans le contexte du retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
La Tunisie vue à travers le prisme de la migration
Après neuf ans de négociations, les 27 pays de l’UE ont adopté le Pacte sur la migration et l’asile en 2024 pour harmoniser et améliorer la réponse à l’immigration irrégulière dans toute l’Union. Cependant, l’accord n’allège pas la pression sur les pays de première entrée, comme l’Italie, où en septembre 2023 environ 11 000 migrants sont arrivés par bateau sur l’île de Lampedusa en une semaine, la plupart d’entre eux étant partis de Tunisie.
La Première ministre italienne de droite Giorgia Meloni a adopté une position radicale en concluant des accords avec les pays africains pour endiguer le flux de migrants. Les discussions de Meloni avec la Tunisie ont abouti à un protocole d’accord pour un partenariat global en 2023, dans lequel l’Europe enverrait des fonds pour former et équiper les garde-côtes, et investirait dans l’emploi et l’éducation pour dissuader les migrants d’effectuer des traversées dangereuses. Ce protocole s’appuie sur un accord conclu par l’Italie avec la Libye en 2017. La formule est destinée à servir de cadre reproductible pour les pays d’origine. Après la Tunisie, la Libye et l’Égypte ont également signé des mémorandums similaires avec l’UE, mais ont négocié des conditions financières plus favorables.
S’appuyant sur cet élan, Meloni s’est engagé à inclure le mémorandum dans le Plan Mattei, l’effort de l’Italie visant à stabiliser les populations en renforçant l’aide au développement sur le terrain en Afrique. Cette approche, pour laquelle l’Italie prévoit de consacrer 5,7 milliards de dollars, est similaire au programme Global Gateway de l’UE, qui alloue 156 milliards de dollars au continent.
Toutefois, les conflits au Moyen-Orient laissent présager une résurgence des flux migratoires. Parmi les neuf routes migratoires convergeant vers l’Europe, celles de la Méditerranée orientale et centrale sont les plus empruntées.
Meloni a également tenté d’externaliser l’accueil des migrants irréguliers en créant des centres de détention en Albanie pour un investissement de 625 millions de dollars sur cinq ans. Cependant, comme dans le cas du Royaume-Uni, à qui il était interdit d’expulser des Rwandais, les juges italiens ont opposé leur veto à une procédure qu’ils jugent contraire au droit d’asile et au principe de non-répression.
Libye/Tunisie : frontières brisées
Le poste frontière de Ras Jedir est un point de friction majeur entre la Libye et la Tunisie. En mai 2024, un désaccord entre la milice amazighe de Zuwara et les forces du gouvernement d’unité nationale a conduit à sa fermeture, obligeant les pays à envisager des méthodes alternatives de transport transfrontalier de marchandises.
L’enjeu est de taille pour la Tunisie, qui exporte chaque année pour 900 millions de dollars de marchandises vers la Libye. Les forces de sécurité des deux côtés s’efforcent d’éradiquer la contrebande et de sécuriser la région. Le point de passage est utilisé par les flux de migrants irréguliers pour rejoindre la Tunisie vers l’Europe. La Tunisie devra travailler avec Tripoli et Benghazi sans se laisser entraîner dans leurs différends.
Après avoir déjà déçu les Américains d’origine arabe qui pensaient que Trump les soutenait, le président élu parviendra-t-il à réaliser l’impossible : finaliser « l’accord du siècle » entre Israéliens et Palestiniens tout en prolongeant les accords d’Abraham ? de 2020 ? C’est loin d’être certain.
L’Algérie voit d’un mauvais oeil la nomination de Rubio, très critique à l’égard du régime actuel d’Alger. La Tunisie et les États-Unis sont mutuellement indifférents, tandis que Rabat devrait se réjouir de la victoire de Trump. La reconnaissance par Washington de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en 2020 a conduit plusieurs capitales occidentales à suivre son exemple.
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