Pour la République tchèque, la décision prise par Kiev de ne pas renouveler un accord signé récemment en 2019 autorisant le transit du gaz russe à travers son territoire et donc de fermer les robinets du gazoduc transnational par lequel le gaz de Sibérie arrivait en Europe, signifie que elle se retrouve désormais sans approvisionnement en gaz russe.
Cependant, comme dans d’autres pays européens, à l’exception notable de la Slovaquie notamment, les dirigeants tchèques n’ont cessé de répéter que le nécessaire avait été fait, depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, pour que la Tchéquie puisse s’approvisionner auprès d’autres sources. à l’ouest via l’Allemagne afin de ne plus dépendre en aucune manière des importations en provenance de Russie.
L’expert en sécurité énergétique interrogé jeudi par la radio tchèque, Michal Kocůrek estime donc que la volonté de l’Ukraine de ne plus laisser passer le gaz russe sur son territoire pour miner la capacité de Moscou à financer l’effort de guerre, n’aura pas de conséquences stratégiques majeures pour un pays comme la République tchèque. République et la majorité des autres pays européens :
« Il s’agit d’un changement important certes, mais qu’il convient de relativiser dans le contexte des événements survenus depuis 2022. De mon point de vue, cet arrêt du transit via l’Ukraine ne modifie pas fondamentalement la situation sur le plan international. marché, car le volume de gaz russe importé était devenu marginal par rapport à la période précédant l’invasion russe de l’Ukraine et donc avant 2022.
Selon Michal Kocůrek, l’un des pays les plus touchés est la Slovaquie. Alors que cette dernière pouvait, jusqu’à tout récemment, facturer des frais de transit importants lors du transport du gaz russe vers la Hongrie et l’Autriche notamment, elle se retrouve désormais tout au bout de la chaîne d’approvisionnement.
C’est aussi la raison pour laquelle, lundi dernier, en vue de mettre fin, à partir du 1er janvier, au transit via l’Ukraine, le ministère tchèque de l’Industrie et du Commerce a proposé à la Slovaquie de mettre à sa disposition ses capacités de transport de gaz, expliquant que le pays tchèque La République disposait d’infrastructures suffisantes pour approvisionner son voisin. Une main tendue que, pour l’instant, le gouvernement slovaque a cependant refusé d’accepter, son Premier ministre Robert Fico préférant menacer l’Ukraine de cesser de lui fournir de l’électricité ou de réduire l’aide aux réfugiés séjournant en Slovaquie.
Pour la Tchéquie, alors que lundi dernier, l’opérateur Net4Gas indiquait que 95% du gaz importé en Tchéquie fin 2024 provenait de l’Est, et donc principalement de Russie, la question peut cependant se poser de savoir pourquoi. Une question à laquelle Martin Záklasník, ancien directeur de la branche tchèque de l’entreprise énergétique E.ON et également interviewé par la radio tchèque, a répondu en estimant qu’il s’agissait d’une position commerciale logique compte tenu du prix du marché :
«Cela se produit depuis novembre et je pense que c’était une décision délibérée, tout simplement parce qu’acheter du gaz russe était moins cher. Je suis convaincu que la société russe Gazprom a voulu utiliser cet argument pour influencer différents acteurs du marché, qui pourraient alors dire : « Vous voyez ? Le gaz russe est moins cher et nous devrons en acheter du plus cher.» C’est pourquoi près de 100 % du gaz arrivé en République tchèque en novembre et décembre provenait de Russie. Toutefois, si l’on considère l’ensemble de l’année 2024, la part du gaz non russe dans l’approvisionnement tchèque était d’environ 55 %. »
Et selon Michal Kocůrek, la décision de l’Ukraine de ne plus laisser transiter par gazoducs le gaz russe vers la Slovaquie met un terme à un débat qui a beaucoup fait parler ces dernières semaines en République tchèque :
« Nous cesserons de discuter de la question de savoir si nous prendrons ou non le gaz russe. Nous n’en prendrons pas davantage simplement parce qu’il n’y aura plus en Slovaquie de surplus de gaz russe que les négociants tchèques puissent acheter. »