Par
Laurent Hellier
Publié le
5 janvier 2025 à 10h36
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Ils s’appelaient Léon, Dézirée, Lucie, Suzanne, Yvette, Augustine, Yvonne… 24 noms pour les 24 morts dans leincendie d’hôpital de Grandvilliers s’est produit mercredi 9 janvier 1985.
L’incendie de l’hospice de Grandvilliers a tué 24 résidents parmi les plus vulnérables il y a 40 ans. Personne n’a oublié le début de l’année 1985 qui a plongé la Picardie verte et bien au-delà dans un profond deuil.
Même le président de la République, François Mitterrand sera au chevet des survivants le lendemain. Il reviendra d’ailleurs quelques années plus tard à Grandvilliers pour annoncer « la fin de la mort ».
Feu au milieu de la nuit
Le feu deorigine accidentelle a eu lieu un peu avant une heure du matin alors que les habitants dormaient. Un veilleur de nuit donne l’alerte mais il est déjà trop tard. A l’arrivée des pompiers sur place, plus de 200 m² de surface ont été ravagés par le flammes.
Le grenier en feu est tombé au premier étage et tout s’est effondré au rez-de-chaussée
L’aile la plus touchée abritait les personnes les plus vulnérables et les moins mobiles. Certains mourront sans même quitter leur lit.
Et l’épaisse fumée dans les couloirs rendait encore plus difficile le travail des secours. Trois pompiers sera également gêné par le gaz toxiques.
Et malgré la nuit glaciale du 9 janvier 1985, la chaleur de l’incendie présentait un paysage lunaire. Presque l’Apocalypse.
198 lits étaient occupés
Vers 3h30 du matin, l’incendie était maîtrisé grâce aux 80 pompiers mobilisés cette nuit-là.
Sur les 210 lits de l’hospice de Grandvilliers, 198 étaient occupés ce mercredi 9 janvier.
La plupart des habitants réveillés dans leur sommeil seront hébergés à la Mairie où les attendaient des matelas de fortune. Le lendemain, les survivants ont été transférés au Hôpitaux Fitz-James de Beauvais et Clermont.
40, 35, 26… Après un long moment d’incertitude sur le nombre de victimes, c’est finalement dans l’après-midi de mercredi que le nombre de corps officiellement retrouvés s’élève à 24.
La salle des fêtes transformée en chapelle ardente n’avait plus aucun caractère festif.
François Mitterrand à Grandvilliers
Rapidement, la rumeur de l’arrivée du Président de la République circule. A 9 heures du matin, François Mitterrand, arrivant via l’aéroport de Beauvais, atterrit à Grandvilliers accompagné d’une ribambelle de ministres dont celui de l’Intérieur, Pierre Joxe, tous accueillis par Guy Bouvier, maire.
Le samedi 12 janvier 1985, plus d’un millier de personnes assisteront aux obsèques des victimes. UN écran géant a été installé à l’église afin que chacun puisse suivre la cérémonie. Un message du Pape Jean-Paul II sera lu par l’abbé chargé du bureau. Puis les convois funéraires rejoindront un à un les différents cimetières de la région.
L’amitié franco-allemande sera symbolisée ce jour-là par la présence du maire de Bockenheim (ville allemande jumelée avec Grandvilliers). Il a parcouru 1000 kilomètres pour assister aux funérailles.
Quatre ans après le drame, François Mitterrand, alors au début de son deuxième mandat, revient à Grandvilliers pour annoncer « la fin de la mort », une phrase restée célèbre. Les hospices du XIXème siècle seront terminés à la fin de ce septennat
Après enquête, une fuite d’eau conjuguée au froid polaire de cet hiver 85 serait à l’origine du court-circuit dans le système électrique pourtant refait peu de temps avant. Le feu s’est ensuite déclaré dans les combles du bâtiment en bois. Nous connaissons la suite.
Une polémique sur les responsabilités et deux condamnations « de principe » surviendront plus tard. Mais on retiendra que 24 habitants sont morts ce jour-là.
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