Elle fait partie des survivantes du gouvernement Barnier. Peu connue du grand public, Sophie Primas, ancienne vice-présidente du Sénat, sera chargée ce vendredi de rendre compte du premier Conseil des ministres de François Bayrou. Une mission inédite puisque l’ancien sénateur de 62 ans, longtemps affilié aux Républicains (LR), est le premier porte-parole du gouvernement à ne pas être issu du parti présidentiel… depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017.
Sous Michel Barnier, Sophie Primas a travaillé au ministère du Commerce extérieur et des Français de l’étranger. Une visite rapide au cours de laquelle elle s’est montrée très critique à l’égard de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. Depuis la censure qui a fait tomber Michel Barnier, le nouvel exécutif se sait fragile, et espère tenir plus longtemps que la précédente équipe gouvernementale, soit 91 jours seulement. « Nous sommes dans une période d’instabilité institutionnelle où nous avons changé trois fois de Premier ministre en un an. Il va falloir trouver des voies de passage et faire avancer ensemble cette nouvelle équipe », a admis Sophie Primas au Monde.
Critique de Bayrou
Créer de la cohésion, malgré les dissensions. La mission s’avère délicate. D’autant que par le passé, cette amie proche de Gérard Larcher, le président LR du Sénat, n’a jamais caché ses désaccords avec François Bayrou. Comme pour de nombreux élus de droite, l’appel du président du MoDem à voter pour François Hollande et non Nicolas Sarkozy en 2012 reste une trahison. En juin 2017, le nouveau porte-parole du gouvernement se réjouissait même de voir François Bayrou quitter le gouvernement après un mois, empêtré dans l’affaire des assistants parlementaires du MoDem.
Comment alors expliquer sa récente ascension au poste de porte-parole ? “Parce que c’est un LR qui veut montrer un gouvernement d’unité des forces”, juge à franceinfo un proche de l’élu de droite. Novice à ce poste, Sophie Primas est pourtant loin de l’être quand on regarde son CV politique.
Cette ingénieure agronome de formation, née à Saint-Mandé (Val-de-Marne), a débuté sa carrière dans les Yvelines, comme adjointe à la mairie d’Aubergenville en 2001. Elle a ensuite occupé des mandats locaux et nationaux, en devenant députée des Yvelines ( 2010 et 2011) sous l’étiquette UMP, maire d’Aubergenville (de 2014 à 2017), sénateur (2011 à 2024) et enfin vice-président du Sénat (2023 à 2024).
Une fracture avec la ligne Ciotti
Malgré un solide ancrage de droite, elle oscille entre plusieurs courants. Elle a ainsi affiché son soutien à François Fillon pour la primaire de la droite en 2016, avant de rejoindre l’équipe de campagne de Valérie Pécresse en 2022. Plus récemment, elle a claqué la porte du parti Les Républicains en juin, après un profond désaccord avec la ligne d’Eric Ciotti. .
« Il n’était pas question pour le parti dans lequel je suis depuis des années de s’allier au Rassemblement national. Si un gouvernement de droite ou de gauche n’émerge pas, il n’y aura que des extrêmes au sein du gouvernement », a-t-elle expliqué. Désormais, elle se serait rapprochée du mouvement « Nouvelle Energie » de David Lisnard, le maire LR de Cannes.
Tout en revendiquant un profond attachement aux Yvelines. « Je fais partie de ces parlementaires opposés à la coupure du lien entre territoire national et territoire local », s’est-elle défendue auprès du Monde. Une position qui la rapproche de François Bayrou, défenseur d’un retour au cumul des mandats pour les parlementaires.