Ce dimanche ce sera le cardinal François Bustillo qui aura l’honneur d’accueillir le pape François dans son diocèse d’Ajaccio. Cette dernière, jusqu’ici méconnue du grand public, parfois critiquée par les politiques, fait désormais le tour des télévisions et des radios.
Pour la première visite du pape François en Corse, le cardinal François Bustillo aura la lourde tâche d’accueillir le cliché souverain dans son diocèse d’Ajaccio. Souvent décrit comme atypique et critiqué par certains politiques, voici le parcours de l’ancien frère franciscain de 56 ans.
Jusqu’à il y a cinq ans, personne ne connaissait son nom. Devenu évêque de Corse (2021) puis cardinal (2023) en deux ans, le visage de cette figure de l’Église originaire d’Espagne occupe désormais la Une des magazines et sa voix chantante colore les plateaux de télévision et de radio.
« Le cardinal Bustillo est un anticonformiste », disait de ce dernier un observateur romain. En Corse, ces derniers jours, les éloges ne manquent pas pour ce cardinal qui a convaincu le pape de venir. « Il l’aime non pas parce qu’il est basque, mais parce qu’il aime les gens », assure Thibault Carli, diacre de 35 ans du village de Moltifao. « Il nous ressemble tellement ; et s’il existe une culture corse, il en est l’exemple”, a-t-il insisté.
Ce soutien spontané du peuple corse à l’étoile montante de l’épiscopat français trouve sans doute ses racines dans le profil atypique de cet évêque qui n’est pas français.
Un voyage assidu
François-Xavier Bustillo est né en 1968 à Pampelune en Espagne. Il a grandi dans une famille catholique dont il était l’aîné. A dix ans, il entre au petit séminaire franciscain de la vallée du Baztan, près d’Espelette en France.
En 1992, il fait profession solennelle et s’engage définitivement dans l’Ordre. Il s’installe ensuite à Toulouse pour poursuivre ses études à l’Université catholique, avec une maîtrise en théologie qu’il obtient en 1997. Entre--, il devient diacre en 1993 et est ordonné prêtre l’année suivante dans sa ville natale de Pampelune. par le cardinal Fernando Sebastian Aguilar.
En 2018, il devient gardien du couvent Saint-Maximilien-Kolbe de Lourdes. Monseigneur Nicolas Brouwet lui confie également la protection des mineurs et des personnes vulnérables dans le diocèse de Tarbes et Lourdes, et il est de nouveau nommé membre du conseil épiscopal.
François Bustillo a été ordonné évêque par le futur cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, dans la ville impériale, le 13 juin 2021. En Corse, sa nomination a rapidement fait l’unanimité. “Il est partout, dans toutes les fêtes locales et a rapidement rencontré tous les prêtres… Il a aimé ça, et on a tout de suite oublié qu’il n’est pas né ici”, a déclaré à I.MEDIA un prêtre de son diocèse.
La hausse spectaculaire
Le choix inattendu du pape François de le nommer cardinal en juillet 2023 est une immense fierté chez les Corses. Dans les mois qui suivent son cardinalat, François Bustillo multiplie les interviews avec la presse française, apparaissant notamment à la Une de Paris Match.
Contrairement à ses prédécesseurs français, le cardinal Bustillo s’attire rapidement la sympathie des milieux autonomistes en se déclarant favorable à une plus grande autonomie politique et culturelle de l’île. Sa stature et sa parole fédératrice lui valurent d’être fortement courtisé par les différents mouvements politiques corses.
En mars dernier, lorsque l’Assemblée de Corse a adopté un projet constitutionnel d’autonomie de l’île, le cardinal Bustillo ne s’y est pas opposé, y voyant même une opportunité d’apporter la paix sans nuire à l’unité de la nation française. Une position qui irrite certains responsables politiques à Paris.
Ainsi, lors d’un déjeuner en mai dernier avec les sénateurs autour du cardinal Bustillo, Bruno Retailleau, alors sénateur, a exprimé son grand désaccord avec l’évêque d’Ajaccio. Il voit dans ce projet d’autonomie une constitutionnalisation du “communautarisme dans un pays déjà archipel”.