La CEDEAO prend une grande décision pour juger les crimes commis sous Yahya Jammeh

La CEDEAO prend une grande décision pour juger les crimes commis sous Yahya Jammeh
La CEDEAO prend une grande décision pour juger les crimes commis sous Yahya Jammeh

La Cedeao a décidé ce dimanche 15 décembre 2024 de créer un tribunal spécial pour juger les crimes commis en Gambie entre 1994 et 2017 sous l’ancien dictateur Yahya Jammeh, réfugié en Guinée équatoriale, une décision « historique » réclamée par le - aux victimes de ces atrocités. et les défenseurs des droits de l’homme.

Les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), réunis dimanche à Abuja, « a pris la décision historique de créer un tribunal spécial pour la Gambie »» a annoncé le ministère gambien de la Justice dans un communiqué transmis à l’AFP.

La Gambie est confrontée au défi de rendre justice à la multitude de crimes commis au cours des vingt années (1994-2017) où Yahya Jammeh a dirigé d’une main de fer ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, enclavé au Sénégal, sauf pour sa façade maritime.

Jusqu’à présent, les rares procès pour les crimes commis par le régime de Jammeh se sont déroulés loin de la Gambie.

La décision de la CEDEAO « permet également l’adoption du statut du tribunal qui garantira la justice et la responsabilisation pour les graves violations des droits humains commises entre juillet 1994 et janvier 2017 » sous Jammeh, indique le ministère.

– « Jalon historique » –

« Il s’agit d’une étape historique qui marque une étape importante pour la Gambie, la région et la communauté internationale »souligne le communiqué.

Parmi les procès déjà organisés hors de Gambie, l’ancien ministre gambien de l’Intérieur Ousman Sonko, proche de Jammeh, a été condamné en mai en Suisse à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité.

En novembre 2023, un tribunal allemand a condamné Bai Lowe, 48 ans, membre gambien d’un escadron de la mort dirigé par Jammeh, à la prison à vie, également pour crimes contre l’humanité.

Le gouvernement gambien a approuvé les recommandations d’une commission en 2022 « Vérité, réconciliation et réparations » qui a examiné les atrocités perpétrées pendant l’ère Jammeh.

Il s’agit notamment de l’exécution de 240 à 250 personnes par des agents de l’État, des disparitions forcées, des viols, des actes de torture, des détentions arbitraires et même de l’administration forcée de faux traitements contre le SIDA.

Les autorités ont accepté de poursuivre 70 personnes, à commencer par Jammeh, qui s’est exilé en Guinée équatoriale en janvier 2017 après avoir perdu l’élection présidentielle de décembre 2016 face à l’actuel président Adama Barrow.

Le gouvernement gambien a annoncé en février 2023 qu’il travaillait avec l’Organisation des États de l’Afrique de l’Ouest pour créer un tribunal chargé de juger les crimes commis pendant les 22 ans de règne de l’ancien dirigeant.

– L’équation de l’extradition –

“Après des années de retard, cet accord (pour un tribunal spécial) pourrait enfin permettre aux victimes de Yahya Jammeh d’accéder à la justice”Reed Brody, de la Commission internationale de juristes, qui a travaillé avec les victimes et les autorités gambiennes, a déclaré dimanche dans un texte transmis à l’AFP.

« Le tribunal doit désormais être financé et établi rapidement, avant que d’autres survivants ne meurent »un souligné M. Brody.

« Après le puissant témoignage public de la commission vérité, qui a profondément affecté les Gambiens, il existe une forte attente en Gambie et dans le monde que justice soit rendue »dit-il.

Il l’a senti « Il sera difficile pour la Guinée équatoriale de refuser de remettre Yahya Jammeh à un tribunal qui représente l’ensemble de la région ouest-africaine. »

Le procès contre l’ancien président Jammeh est encore très incertain car il n’existe pas d’accord d’extradition entre la Gambie et la Guinée équatoriale, un petit pays d’Afrique centrale gouverné d’une main de fer par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, détenteur du record mondial de longévité d’un État depuis un leader vivant et a remporté l’élection présidentielle de novembre 2022 avec près de 95 % des voix.

C’est également un sujet délicat en Gambie, pays encore dans une phase de transition démocratique fragile, où l’ancien autocrate, bien qu’en exil, continue d’exercer son influence.

L’actuel président gambien Adama Barrow a soutenu l’idée d’un tribunal « hybride », composé de juges gambiens et étrangers, dans un discours prononcé en février 2023. « Nous proposons de développer un cadre judiciaire spécial et de créer un tribunal hybride pour juger les auteurs d’actes considérés comme des crimes internationaux »dit-il.

 
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