En Syrie, l’État en place laisse des traces sur la population après la chute du régime de Bachad al-Assad

En Syrie, l’État en place laisse des traces sur la population après la chute du régime de Bachad al-Assad
En Syrie, l’État en place laisse des traces sur la population après la chute du régime de Bachad al-Assad

HA À Damas, la vie est revenue très vite à la normale. “C’était l’un de nos objectifs”, assure Mostafa Fadlali, bras droit du nouveau gouverneur de Damas, nommé peu après par Hayat Tahrir al-Shams (HTC). après la prise de la ville par les combattants rebelles. Originaire d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie, comme presque tous ceux qui remettent aujourd’hui l’État syrien sur les rails, cet agent public, diplômé en droit, sait qu’il a peu de - pour convaincre les habitants de Damas de sa gestion. compétences. “Aujourd’hui, ce qui nous importe, c’est de rétablir le fonctionnement des services de base de l’Etat”, ajoute-t-il.

Cela fonctionne plutôt bien : les boulangeries publiques ont rouvert rapidement, les déchets sont désormais collectés et l’approvisionnement en essence a été rétabli. L’électricité semble également s’améliorer. “A ce stade, c’est impeccable”, reconnaît Mohammed, un habitant de Damas, rencontré dans le quartier de Malki alors qu’il discutait des derniers événements avec son mukhtar (l’officier de l’état civil).

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HTC parie sur la fourniture de services de base pour attirer une population qui en a été privée pendant la majeure partie de la guerre. Les rebelles reproduisent ainsi le modèle de gouvernance qui leur a permis d’assurer leur pouvoir à Idlib, qui compte aujourd’hui parmi les provinces les mieux gérées du pays. Et ce malgré un siège féroce des forces du régime et la présence de dizaines de milliers de personnes déplacées, regroupées dans des camps de réfugiés.


Les boulangeries ont rouvert dans une grande partie du pays.

FADEL ITANI/AFP

Le même schéma s’est reproduit à Alep, conquise début décembre. « Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas prêter attention aux premières décisions du gouvernement concernant le respect des minorités, la liberté des femmes ou les exécutions arbitraires. Ils nous ont demandé trois mois pour nous tester : il me semble qu’on peut leur donner ça, non ? » explique Mohamed Hourani, le mukhtar du quartier Malki.


Près de l’université de Damas, des étudiants traînent dans la rue une statue renversée de l’ancien président Hafez al-Assad, décédé en 2000, père de Bachad al-Assad.

OMAR HAJ KADOUR/AFP

Mais la priorité donnée à la remise sur pied de l’État syrien a une conséquence immédiate : le report de la question du règlement de comptes avec les anciens criminels du régime. L’équipe du « peuple d’Idlib », qui prend le pouvoir partout, n’a effectivement pas procédé à une purge à grande échelle, ni a priori à des exécutions massives (certains meurtres semblent avoir eu lieu sans que personne ne s’en rende encore compte). qui est responsable).

Évitez le chaos

Au sein de l’administration, la gouvernance préserve consciemment les niveaux intermédiaires sur lesquels Ahmed el-Chareh, chef du HTC et nouvel homme fort de la Syrie, entend s’appuyer pour relancer le pays. A l’exception des services de sécurité (armée, police…), corrompus par les hommes de Bachar al-Assad, et dont HTC se méfie forcément. « Justice sera rendue : des comités seront mis en place pour éliminer l’administration de la shabiha [les gangs au service d’Assad, NDLR]mais pour l’instant nous gardons les équipes techniques. Sinon, l’État s’effondrerait et le chaos s’installerait », poursuit le nouveau responsable de la municipalité de Damas.

« Justice sera rendue : des comités seront mis en place pour purger l’administration shabiha »

Mostafa Fadlali plaide une dernière fois sa cause, assurant que la « transition politique promise », c’est-à-dire l’intégration de toutes les composantes syriennes au sein du gouvernement, se déroulera dans une seconde phase, lorsque la survie de l’État syrien et la sécurité du pays ses institutions auront été sécurisées.

 
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