Par
Paolo Lesigne
Publié le
11 décembre 2024 à 20h06
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Segui Le Pays d’Auge
Les services de l’Etat, les élus et le Syndicat Mixte du Bassin de la Touques ont organisé une réunion publique pour expliquer les mécanismes de inondations qui a touché la région de Lisieux (Calvados) en 2019.
Quel était le but de la réunion ?
Mardi 3 décembre 2024, dans l’espace Victor Hugo, les services de l’État ont organisé une réunion publique pour présenter les mécanismes à l’origine de la crue qui a frappé la région de Lisieux dans la nuit du 25 juin 2019.
Ce jour-là, « d’intenses pluies se sont abattues sur les communes de Saint-Pierre-des-Ifs, Saint-Désir et Lisieux », rappelle-t-il. Guy Fitzerle sous-préfet :
« Le matin, les rues de Lisieux et Saint-Désir notamment étaient envahies par l’eau et la boue. Quatre véhicules ont été emportés, 121 maisons et une école ont été inondées. »
La Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM), les élus et le Syndicat Mixte du Bassin Versant de la Touques, a mandaté un bureau d’urbanisme pour reconstituer l’événement et comprendre le fonctionnement hydraulique du Cirieux et de son bassin.
Comment expliquer cette inondation ?
“C’est une crue soudaine”, dit-il Olivier Sonnetprésident du bureau d’études Hydraulique & Energie. L’effet de concentration est lié à l’intensité (de la pluie) et à la configuration du bassin. » L’orage violent et stationnaire a provoqué de fortes pluies, avec 55 mm de pluie entre minuit et 1 heure du matin : « C’est une crue estivale, une crue orageuse, remarque Fabien Mariedirecteur du syndicat des bassins versants mixtes de Touques. Dans le passé, les inondations hivernales étaient plus nombreuses, avec des montées et des descentes plus longues. »
Le bassin versant du Cirieux est caractérisé par des pentes abruptes, dépassant souvent 10 %. En conséquence, il est exposé à un risque d’inondation qui augmente rapidement. Les fortes pluies provoquent un ruissellement : l’eau glisse à la surface du sol.
« Les sols infiltrent peu l’eau et auront tendance à être saturés rapidement. »
Les affluents de la rive gauche (Bourguignolles, Merderet, Malicorne et Cour Marest) ont également débordé. Le Cirieux collectait l’eau liée au ruissellement, celle de ses affluents, en plus de son propre niveau hydraulique.
« Le - de réponse ou - de réaction du bassin représente le - entre le moment où il pleut et le moment où le niveau d’eau maximum est atteint dans les zones inondées : il a été estimé à 30 minutes pour les principaux affluents, et 30 minutes à 2 heures pour le Cirieux. . »
Ce soir-là, le débit du Cirieux était estimé à « 40 m3 par seconde, alors que le débit moyen habituel est de 200 litres par seconde », renseigne Fabien Marie.
Heureusement, la tempête s’est produite de nuit : « Cela a certainement permis d’éviter des pertes en vies humaines, estiment les services de l’État. Pas d’école, peu de trafic routier, la majorité de la population chez elle et pas de trains qui accompagnent les voyageurs. Le pire a été évité. »
Ce mauvais - était-il prévu ?
Non, du moins pas à Lisieux. Dany Targatmaire de Saint-Désir : « J’ai appelé Météo France quelques jours plus tard, et cet orage était annoncé dans la région de Caen. Au dernier moment il s’installe dans la région de Lisieux…”
Le maintien de Cirieux est-il en cause ?
Une personne dans l’assistance a déploré l’état de Cirieux. Si cela a pu avoir « quelques circonstances aggravantes », selon Olivier Sonnet, cela reste en marge :
« Compte tenu de la quantité d’eau arrivée, le lit Cirieux n’est pas capable d’absorber tout ce volume. »
Le professionnel insiste surtout sur le fait que « les habitations étaient situées en zone inondable » et sont donc directement exposées à des phénomènes exceptionnels comme celui-ci. « Il ne s’agit même plus de développer Cirieux, mais de penser beaucoup plus largement, à l’échelle des quartiers, où il faut redonner de la place à l’eau », ajoute Fabien Marie.
Un tel événement peut-il se reproduire ?
« Selon les estimations de la DDTM, cette crue est appelée crue millénaire. Statistiquement, il y a une chance sur 1 000 que cela se reproduise chaque année. » L’étude révèle que des précipitations tout aussi abondantes, voire plus, avaient déjà eu lieu « au cours des 30 ou 40 dernières années, dans des endroits pas si éloignés ». C’est par exemple le cas à Deauville en juin 2003.
Il s’agit donc d’un “événement très important, mais possible au vu des épisodes historiques survenus dans les territoires proches”.
Qu’a-t-on fait depuis ?
Cette étude existe déjà, elle a été lancée fin 2022 et a duré plus d’un an. Les communautés ont aussi mis des choses en place. La ville de Lisieux renforce la berge Cirieux rue du Héron. “Nous faisons des acquisitions pour construire des déversoirs à l’entrée de la ville”, ajoute-t-il. Sébastien Leclercle maire.
De son côté, l’Union Mixte du Bassin Versant de la Touques a réalisé des travaux sur le site de l’ancienne laiterie de Saint-Désir, pour redonner de l’espace à Cirieux. Coût du projet : 450 000 euros. « Pour réaliser les travaux, nous avons besoin de terrains », insiste Alain Mignot, président du syndicat. Pour ce projet il a fallu négocier avec Lactalis. Cela a duré environ 6 ans ! Nous ne pouvons pas rester les bras croisés, mais cela prend du -. »
Qu’est-ce qui est prévu désormais ?
L’Union mixte des bassins fluviaux de Touques, l’État, lance un Programme d’action de prévention des inondations (Papi), divisé en sept domaines. « Cela nécessitera du -, de l’argent et un technicien dédié à la réalisation de ce projet », prévient Alain Mignot.
La priorité :
« La sécurité des personnes passe avant tout. On ne peut pas changer le risque, mais il faut adapter le territoire à ce risque. »
Dany Targat confirme : « Nous ne pourrons jamais répondre à l’exceptionnel, mais nous pouvons nous préparer à au moins protéger les populations. »
Quels sont les sept domaines de travail du Papi, le Programme d’Action pour la Prévention des Inondations ?
- Amélioration de la connaissance des risques : étude de reconstruction, mise en place d’indicateurs d’inondation, supports d’information, exercice de simulation d’inondation.
- Surveillance et prévision des crues : des outils existent déjà (APIC, Vigicrues Flash), décident de leur adaptation au contexte d’augmentation très rapide, voire en développent de nouveaux s’ils sont insuffisants.
- Alarme et gestion de crise : plans de sauvegarde communaux (ou intercommunaux), systèmes d’alerte associés à des outils de surveillance des crues.
- Intégration du risque inondation dans la planification urbaine
- Réduction de la vulnérabilité des biens et des personnes (exemples : adaptation des bâtiments, sécurisation des accès à certains quartiers isolés des inondations) jusqu’à l’acquisition des bâtiments les plus exposés.
- Gestion du ruissellement : restauration des zones d’expansion alluviale, restauration des cours d’eau, réduction des phénomènes de ruissellement.
- Sécuriser les ouvrages hydrauliques routiers et ferroviaires.
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