Questions sur les premiers secours proposés à Abdirahman Abdi

On ne sait pas exactement quand le cœur d’Abdirahman Abdi a cessé de battre le 24 juillet 2016. Mais voici ce que l’enquête du coroner sur sa mort, qui entre dans ces derniers jours, a permis de reconstituer les derniers instants de ce Canadien de Somalie. origine, est décédé à l’âge de 38 ans.

Lors de son interpellation violente en juillet 2016, et après l’avoir menotté, les deux policiers ont appelé les secours à 9h48.

L’agent Daniel Montsion a vérifié si M. Abdi respirait toujours, mais ni lui ni son collègue, Dave Weir, n’ont tenté de prendre son pouls sans gants ni de procéder à une réanimation cardio-pulmonaire (RCR).

Huit minutes après l’appel, les ambulanciers sont arrivés et ont constaté qu’Abdirahman Abdi n’avait pas de pouls, ne respirait pas, ne présentait aucun autre signe vital et était en arrêt cardiaque. Ils ont ensuite demandé à l’agent Montsion de s’entraîner RCP.

Mais à ce moment-là, le cerveau de M. Abdi manquait d’oxygène et, comme l’a dit un pathologiste, il était déjà irréversiblement endommagé.

Les médecins ont finalement constaté son décès à l’hôpital le lendemain.

Abdirahman Abdi, 38 ans, était un Canadien souffrant d’une maladie mentale d’origine somalienne. (Photo d’archives)

Photo : Avec l’aimable autorisation de la famille

L’enquête du coroner sur la mort d’Abdirahman Abdi a débuté le 18 novembre. Prévue pour durer 21 jours, elle vise à fournir des recommandations pour éviter qu’un tel événement ne se reproduise à l’avenir.

Elle a réfléchi à différents moments de l’arrestation, notamment au premier contact de M. Weir avec M. Abdi et à la façon dont les choses auraient pu se passer différemment.

Mais lundi et mardi, l’enquête s’est concentrée sur un autre problème : les agents Montsion et Weir, n’ayant pas pris directement le pouls de M. Abdi et n’ayant pas déclenché le signal. RCP Avant l’arrivée des secours, ont-ils prodigué les premiers soins adéquats dans les moments cruciaux qui ont suivi cette arrestation ?

Chaque minute compteselon un médecin

Cette vaste enquête n’a pas pour vocation de trouver un coupable. Accusé d’homicide involontaire, de voies de fait aggravées et de voies de fait armées, l’agent Montsion, qui a frappé plusieurs fois M. Abdi, avait déjà été déclaré non coupable en 2020 à l’issue d’un procès très médiatisé.

Lundi et mardi, le coroner s’est davantage intéressé au gestion de M. Abdi par la police, entre le moment où il a été appréhendé et l’arrivée de l’ambulance.

Des témoignages contradictoires ont été fournis sur l’importance d’une réanimation immédiate dans ce cas précis.

Le Dr Kwadwo Kyeremanteng, médecin à l’unité de soins intensifs de M. Abdi, estime qu’en cas d’arrêt cardiaque sans réanimation et sans oxygène (ou avec oxygène limité) au cerveau, chaque minute compte.

Mais le RCP comporte des risques, comme des côtes cassées, mais aussi des avantages, notamment la capacité de détecter les signes vitaux, de sorte qu’en fin de compte, les avantages l’emportent sur certainement sur les risques, selon le médecin.

Si mon enfant était inconscient et qu’un passant pratiquait RCPmême si cela s’avère inutile, je vous en serais reconnaissant» a soutenu le Dr Kyeremanteng.

Dans son témoignage, le médecin légiste en chef de l’Ontario, Michael Sven Pollanen, a déclaré qu’il était impossible de déterminer avec précision l’heure du décès de M. Abdi.

Pour cette raison, il est difficile, selon lui, d’être catégorique sur la façon dont l’absence de RCP sur M. Abdi jusqu’à l’arrivée de l’ambulance aurait pu avoir un impact sur l’issue des événements, a-t-il déclaré.

Le rythme cardiaque d’Abdirahman Abdi a repris, mais en raison du manque de flux sanguin vers son cerveau, il était en mort cérébrale» a déclaré le Dr Pollanen.

Il a reconnu que dans un cas comme celui-ci, il est nécessaire effectuer une tentative de réanimation le plus rapidement possibleprécisant toutefois que cela ne garantit pas que la personne survivra.

L’enquêteur défend les policiers

La question des premiers secours prodigués à Abdirahman Abdi a refait surface lundi et mardi lors du témoignage du sergent Grayson Lafoleyl’un des policiers d’Ottawa qui ont dirigé l’enquête interne sur cette arrestation.

Celle-ci, dont les résultats n’ont été rendus publics que lundi, visait en partie à déterminer si les actions des policiers étaient conformes à la politique de gestion et de contrôle des prisonniers du Service de police d’Ottawa (SPO). .

La police n’a rien trouvé à redire à cet égard.

Cependant, comme l’a souligné l’agent Lafoley, Interrogée par l’avocate de l’enquête publique Alessandra Hollands, l’enquête ne portait pas sur le niveau de soins prodigués à M. Abdi, mais simplement sur la question de savoir si les premiers soins avaient été prodigués.

Le policier a souligné plusieurs actions entreprises par les agents : appeler les ambulanciers, augmenter le niveau de priorité de cet appel, appliquer un pansement sur la victime, rester près de son corps, la placer deux fois en position de récupération et pratiquer le RCP lorsque les ambulanciers l’ont demandé.

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Agent Dave Weir (à gauche) et agent Daniel Montsion (à genoux au centre) (photo d’archives)

Photo : YouTube

Lundi, Mme Hollands a demandé à M. Lafoley si le fait de ne pas avoir vérifié le pouls de M. Abdi avait joué un rôle dans son enquête.

M. Abdi avait mordu M. Montsion. Attendre d’un policier qu’il pose la main sur le cou d’une personne violente n’est donc pas nécessairement une application réaliste des premiers secours.il a répondu.

Les agents ne sont ni des médecins, ni des infirmiers, ni des assistants médicaux, a-t-il ajouté. Qu’ils puissent ou non prendre le pouls d’une personne dans cette situation constitue une attente injuste de la part des agents.

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Un an après la mort d’Abdirahman Abdi, une plaque à sa mémoire a été installée dans l’alcôve où a eu lieu la violente altercation.

Photo : - / Guy Quenneville

Un instructeur du Collège de police de l’Ontario a expliqué lors de l’enquête que le RCP n’y était pas enseigné, même si M. Montsion prétendait avoir reçu une telle formation à plusieurs reprises autre part.

L’agent Montsion explique qu’il n’a pas vérifié le pouls de M. Abdi parce que Je pouvais voir qu’il avait un pouls. Je pouvais dire qu’il avait un pouls parce qu’il respirait.

M. Monstion ajoute qu’il a arrêté de vérifier la respiration de M. Abdi environ une minute à une minute et demie avant l’arrivée des ambulanciers, car la scène était devenue chaotique et bruyante, une observation confirmée par l’ambulancier qui a répondu à l’appel.

La scène est devenue encore plus tendue lorsque M. Montsion a commencé à pratiquer RCPa souligné ce dernier.

L’enquête devrait se poursuivre mercredi et se conclure lundi.

Avec les informations de Guy Quenneville de - Nouvelles

 
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