Plus de trois ans après meurtre de Stéphanie par Vincenzo22 ans, en pleine rue à Hayange, l’heure du procès a sonné. Le conjoint de la victime, âgé aujourd’hui de 26 ans, est jugé à partir de ce mardi 10 décembre pour avoir tué sa compagne et mère de leur petite fille, d’une dizaine de coups de couteau, dans la nuit du 23 décembre au 24 mai 2021. L’affaire a suscité une grande émotion à l’époque : cela a eu lieu au milieu de la rue, devant le commissariat. Et ce, moins de trois semaines après le féminicide de Chahinezbrûlée vive devant chez elle par son ex-mari, à Mérignac en Gironde. Ces deux cas sont devenus emblématique des difficultés de la lutte contre les violences faites aux femmes, et ce, malgré le Grenelle des violences conjugales en 2019.
De nombreux témoins
Tout a commencé par une dispute au domicile du couple, le soir du 23 mai 2021. Il reprochait à sa compagne d’avoir une liaison avec un autre homme. Le couple était en difficulté depuis plusieurs mois. Ce soir-là, vers minuit, plusieurs voisins ont vu Stéphanie tombe par la fenêtre de son appartement du premier étage de la rue Poincaré : aujourd’hui encore, on ne sait pas si la jeune femme a tenté de s’enfuir en escaladant la rambarde, ou si elle a été délibérément jetée par la fenêtre.
Alors qu’elle court vers le commissariat voisin – fermé la nuit – son compagnon la rattrape et la poignarde onze fois au cou et à la poitrine. Il crie des horreurs, lui donne encore des coups de pied, lui crache dessus. Stéphanie décède quelques instants plus tard, sous les yeux de leur filleâgé de quatre ans.
À des passants qui tentent d’intervenir et d’aider la victimele meurtrier lance une nouvelle fois des insultes et des menaces, avant de s’enfuir en voiture. Il sera arrêté le lendemainau domicile d’une femme de sa connaissance, âgée aujourd’hui de 51 ans, qui est également poursuivie devant la cour d’assises pour avoir hébergé l’accusé alors qu’il était recherché pour meurtre.
Mission d’inspection
Outre l’enquête judiciaire, un la mission d’inspection a été rapidement réaliséeconjointement par l’administration et la justicepour savoir si le meurtre de Stéphanie di Vincenzo a pu être provoqué par des défaillances dans le suivi pénal et socio-judiciaire du couple.
On apprenait alors que durant les trois années précédant le meurtre, la police était intervenue une dizaine de fois au domicile du couple pour des disputes. Stéphanie di Vincenzo avait déposé une main courante en janvier 2020pour violence verbale, puis un plainte en novembrepour menaces de mort et appels malveillants répétés. Plainte qui était encore en cours de traitement au moment du meurtre, et qui n’avait pas été transmise au parquet.
Toutefois, d’autres signaux suggèrent, selon le rapport, que la situation ne présentait pas de danger grave et imminent. La victime n’avait jamais saisi les mains tendues que lui tendaient les services sociaux. Stéphanie di Vincenzo a varié dans ses propos, évoquant parfois, mais d’autres niant, toute violence physique de son compagnon sur sa personne.
En février 2021, alors que son compagnon est incarcéré pour des infractions routières, un incident au parloir éclate. Mais trois mois plus tard, alors que les magistrats ignoraient cet incident, ils ordonnent une peine modifiée avec bracelet électronique, au domicile de Stéphanie, qui avait donné son accord en janvier, avant l’incident de la prison. Nous sommes dix jours avant le meurtre.
Si les inspecteurs de cette mission ont a conclu qu’il n’y avait pas eu de faute professionnelleils avaient encore a souligné le manque de ressources et a préconisé une meilleure coordination de tous les services, pour identifier les « signaux faibles » de violence domestique au sein d’un couple.
L’accusé risque la prison à vie. Le verdict est attendu ce vendredi.