Une semaine après leur victoire au relais, 48 heures après le succès d’Émilien Jacquelin en individuel, Eric Perrot et Quentin Fillon Maillet ont signé dimanche un doublé de prestige, en monopolisant les deux premières places du départ groupé de la Coupe du monde. de Kontiolahti (Finlande).
Perrot : « Je voulais être confronté à ce que je voulais réaliser »
«C’est un tout qui se réalise», savoure Simon Fourcade, un coach paradisiaque. Une vague de confiance déclenchée à la fin de l’hiver dernier et surfée avec brio : une préparation qui paie, une nouvelle philosophie de tir qui porte ses fruits et même des techniciens qui ont œuvré pour dompter la neige froide.
Quelques mois après sa première victoire à Soldier Hollow (États-Unis), Éric Perrot a su hausser le ton au moment clé de cette mass start, le premier tir debout, pour ensuite se comporter en patron et prendre le dessus sur Sturla. Holm Laegreid au moment de conclure. « Cette victoire repose déjà sur le fait que depuis cet été, je me suis fixé un plan précis pour rester concentré sur l’essentiel quand il y a des moments importants, comme les derniers instants de cette mass start. Pouvoir poser mon ski, même quand j’ai l’impression que ça rentre ; pour réussir mon tir, même quand je me dis que d’autres tirent mieux”, a expliqué le Savoyard, nouveau leader de la Coupe du monde.
La tête pleine de rêves de réussite, le Franco-Norvégien de 23 ans a pris ses responsabilités. « Oui, je suis ambitieux. Et à partir du moment où j’étais seul en tête j’ai essayé de me dire « tu es face à tes ambitions, à ce que tu veux et tu dois prendre tes responsabilités ». C’est pour ça que je me suis installé sur la cible 1, je ne voulais pas jouer la prudence en laissant passer Laegreid », résumait le Peisey-Nancroix. « Je voulais faire face à ce que je voulais réaliser et me forcer à me recentrer sur mon projet. Faire face à mon ambition me permet d’être présent dans ce moment important, et je suis vraiment heureux d’avoir relevé ce défi. »
« J’ai ressenti beaucoup de frustration chez Éric en début de semaine, car il avait beaucoup d’attentes et n’arrivait pas à mettre les choses en place comme il le souhaitait, a analysé Simon Fourcade. «Je ne voulais pas que cela déclenche une processus négatif et contre-productif. Il fallait juste qu’il comprenne qu’il ne lui manquait pas grand chose et qu’il savait rebondir et mettre les choses en place au bon moment. »
Fourcade : « Enlever le pied ne faisait pas partie du vocabulaire de Quentin »
Il y a trois ans, lorsque Perrot arrivait en Coupe du monde, Quentin Fillon Maillet était le roi. Dimanche, c’est le Jura qui l’a aidé à enfiler le dossard jaune de n°1 mondial, “alors que le seul que je portais était celui de Raphaël Poirée qui est à la maison”, a amusé son cadet.
Cet automne, il disait être à son meilleur niveau depuis deux ans. Sa deuxième place, malgré trois fautes (autant que Johannes Boe 7e à 49”5), l’a confirmé. « Quentin revient au niveau », a convenu Fourcade. Il lui a fallu du - pour acquérir une nouvelle philosophie de formation. Lui qui s’est tellement donné, il a fallu lui demander de ralentir un peu, notamment sur ses intensités d’entraînement et cela a pris du -. C’est un travailleur acharné, qui se donne à fond et ralentir ne faisait pas partie de son vocabulaire. Il a vraiment fallu insister car c’est contre-intuitif. Et depuis cet été, il est en bonne forme processus ce qui lui permet aujourd’hui de réussir sur piste. »
« Depuis le début de la saison j’ai retrouvé de bonnes sensations physiques, avec un tir qui n’était pas parfait, mais qui m’a permis de prétendre à une deuxième place. Je suis donc très heureux et j’espère que cela inspirera d’autres”, s’est réjouie le double champion olympique. « Cela ne me soulage pas d’un poids, mais c’est une petite victoire car il y avait beaucoup de doutes. Avec l’âge, on se pose toujours cette question : « Suis-je physiologiquement capable d’être performant en ski ? « . Sur ces dix, la réponse est oui. Quant à ses coéquipiers qui ont dominé les Norvégiens tout au long de ce premier rendez-vous de l’hiver.