Jacques Roubaud, né le 5 décembre 1932 à Caluire-et-Cuire (Rhône), est une figure importante de la poésie contemporaine et un mathématicien reconnu. Membre emblématique de l’Oulipo, le collectif littéraire qui explore l’écriture contrainte, il a su tisser les liens entre mathématiques et poésie, développant une œuvre prolifique qui mêle prose, poésie, essais et autobiographie.
Sa passion pour les formes fixes et les contraintes l’amène à innover en poésie, notamment avec des créations originales comme le trident, forme poétique encore plus concise que le haïku, ou des structures basées sur des permutations mathématiques, comme Josefin et Mongine.
Fils de maîtres résistants, il se distingue dès son plus jeune âge par sa passion pour la poésie et les formes classiques, comme le sonnet et la sestina. Son parcours académique se distingue par une grande affinité avec les mathématiques.
Diplômé de mathématiques et docteur en lettres, il enseigne cette discipline à l’université de Rennes à partir de 1958, avant de devenir professeur à l’université de Paris-Nanterre de 1970 à 1991.
Il a défini sa poésie comme « jerésultat de la rencontre entre Mémoire et Nombre », un concept qui reflète la fusion de ses deux passions. Son œuvre littéraire a été récompensée par de nombreux prix prestigieux, dont le Grand Prix National de Poésie en 1990 et le Grand Prix Paul-Morand de Littérature de l’Académie française en 2008.
En 2021, il reçoit le Prix de poésie de l’Académie Goncourt pour l’ensemble de son œuvre. En 2016, les éditions Gallimard publient une anthologie personnelle de ses poèmes, je suis un crabe tacheté (1967-2014), qui retrace près de cinq décennies de création poétique.
Dans son riche ouvrage on retrouve également la série de « pseudo-Romains » autour du personnage de « Bel hortensia », aux poèmes pour enfants, qui explorent de manière ludique la créativité et les formes poétiques.
-Hervé Le Tellier, autre membre de l’OuLiPo, a rendu hommage au poète en publiant un poème sur X :
Parmi les autres hommages rendus au mathématicien on peut citer celui de l’équipe des éditions Tripod : « Jacques Roubaud a pris son dernier bus, nous lui souhaitons un bon voyage. Il faisait partie de ceux qui n’oubliaient jamais de remercier, surtout les plus petits. Comme ces trente étudiants qui ont inventé les 7 couvertures de son Ode à la ligne de bus parisienne 29. Comme ces 20 artistes qui ont dessiné les 4 couvertures de son Tokyo infra-ordinaire. Et comme les enfants que nous étions alors et en qui cet immense écrivain avait une confiance rieuse. A nous de le remercier, pour tout, et notamment pour Le Grand Incendie de Londres, qui est peut-être le plus grand roman de la littérature française contemporaine. Roubaud est un grand voyage, un voyage éternel. »
Ou encore celui de Pierre Ménard, qui reprend les mêmes mots que Jacques Roubaud : « Quand ta mort sera finie, et elle finira parce qu’elle parle. Quand ta mort sera finie. et ça finira. Comme chaque mort. Comme tout. Quand ta mort sera finie. Je serai mort. »
Crédits photo : Ji-Elle (CC BY-SA 3.0)
Di Hocine Bouhadjera
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