Deux jours après l’assassinat de Brian Thompson, le PDG de United Healthcare, le plus grand assureur maladie des États-Unis, la police de New York recherche toujours le suspect. Mais la police est parvenue à établir un portrait composite de l’individu et une chronologie des événements.
C’est une auberge de jeunesse bien connue des routards. Situé au 891 Amsterdam Avenue, une artère majeure toute proche de Central Park dans l’Upper West Side, un quartier calme de Manhattan, le « HI New York City Hostel » est une ancienne maison de retraite pour femmes, construite en 1883 en briques rouges, aujourd’hui aujourd’hui classé monument historique. Un endroit sympa pour dormir pour moins de 100 dollars la nuit dans les dortoirs. La journée de jeudi a été mouvementée. « Propriété privée, intrusion interdite » pouvait-on lire sur la porte d’entrée. Les jeunes qui sortaient, traînant leurs valises, ont été agressés par des journalistes qui leur demandaient ce qui se passait à l’intérieur. Munie d’un mandat de perquisition, la police de New York (NYPD) a passé l’établissement au peigne fin. Parce que c’est là que résidait l’assassin de Brian Thompson, le PDG de United Healthcare. Selon TMZ, le meurtrier dormait dans la chambre 407, au quatrième étage, qu’il partageait avec deux autres garçons…
C’est l’actualité du moment qui passionne New York. Parce que c’est difficile à comprendre. Qui était le tueur, que la police a du mal à identifier ? Pourquoi a-t-il ciblé cette victime, ce PDG apparemment inoffensif ? Un crime comme celui-ci est du jamais vu dans la ville de Scorsese et De Niro. Grâce à l’arsenal de caméras qui filment tous les lieux de passage de la ville, les enquêteurs sont parvenus, hier soir, à établir un portrait composite du suspect : un jeune homme mince d’environ 1,85 m à la peau claire. Ils commençaient tout juste à esquisser les prémices d’une chronologie de ses actes avant le meurtre.
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Il serait arrivé d’Atlanta
Selon la police, le suspect est arrivé à New York à bord d’un bus Greyhound en provenance d’Atlanta (Géorgie) la semaine dernière, avant les vacances de Thanksgiving. Il a disparu des écrans radar jusqu’au 30 novembre, date à laquelle il s’est présenté au « HI Hostel » avec une fausse carte d’identité du New Jersey, État voisin de New York. Il y a passé quatre nuits, qu’il a payées en espèces. Et il se trompe : en payant sa chambre, il flirte avec la caissière qui lui dit qu’elle veut voir son sourire. Il baisse donc son masque devant les caméras de surveillance de l’hôtel. Cela a permis à la police de diffuser sa photo découverte hier.
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-Le 4 décembre, jour du crime, il a été filmé pour la première fois à 5 heures du matin en train de marcher à proximité de l’hôtel avec ce qui ressemblait à une batterie de vélo électrique. Puis il se dirige vers le sud, dans le quartier des affaires de Midtown. À 6 h 17, il a été aperçu dans un Starbucks du quartier, en train d’acheter deux barres énergétiques et une bouteille d’eau. Vers 6h35, il réapparaît sur une vidéo récupérée par la chaîne Fox News, sur la 55e rue. On le voit marcher d’un bon pas, avec une veste à capuche, un masque noir sur le visage et un sac à dos gris clair. A 6h39, il arrive à pied devant l’hôtel Hilton sur la 54e rue devant laquelle il attend sa victime. A 6h44, Brian Thompson, vêtu d’une veste bleue, arrive à pied sur le trottoir, seul, et s’apprête à entrer dans le Hilton où il doit participer à une réunion d’investisseurs, prévue à 8 heures. L’assassin apparaît derrière, pointe un pistolet B&T Station Six à canon long de calibre 9 mm, qui, selon la police, a l’avantage d’être très silencieux.
Il tire au moins deux fois, dans le dos et la cuisse de sa victime, mais le revolver s’enraye. Brian Thompson s’est cependant effondré, mortellement blessé. Le suspect s’est enfui, d’abord à pied vers le 55e rue, puis sur un vélo apparemment électrique, se dirigeant vers le nord sur la 7e Avenue avant de disparaître dans Central Park, où les caméras sont bien moins nombreuses que dans les rues. Les enquêteurs l’interceptent une dernière fois à vélo dans le parc à 6h48. La chaîne CBS a mis la main hier sur une dernière vidéo datant de 6h59 où l’on voit le suspect passer à vélo dans la 85e rue, à proximité de son auberge de jeunesse. Ensuite, tout le monde avait perdu sa trace jeudi soir.
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Deux indices
Sur les lieux du crime, les enquêteurs ont néanmoins découvert deux indices majeurs. Ils retrouvent d’abord la bouteille d’eau achetée chez Starbucks par le tueur qui l’a probablement laissée tomber en fuyant, et qui a laissé des traces d’ADN dessus, malheureusement souillée et donc imparfaite. Ils retrouvent également un téléphone portable abandonné par le suspect, et surtout des douilles portant d’étranges inscriptions : « nier », « défendre » et « déposer ». Les enquêteurs se demandent : il s’agit peut-être d’une référence au livre du professeur de droit des assurances Jay M. Feinman intitulé « Delay, Deny, Defend : Why Insurance Companies Don’t Pay Claim and What You Can Do About ». C’est un dossier qui décortique les stratagèmes déployés par les assureurs pour éviter d’indemniser leurs clients.
L’une des pistes privilégiées est donc la vengeance d’un militant ou d’un individu s’estimant victime d’une fraude de la part des compagnies d’assurance. Mais hier soir, le mystère restait. Et la récompense de 10 000 $ offerte par la police de New York à quiconque parviendra à résoudre le problème est plus valable que jamais.