La est-elle devenue ingouvernable ?

La est-elle devenue ingouvernable ?
La France est-elle devenue ingouvernable ?

Oui, à condition qu’un certain nombre d’acteurs changent temporairement de comportement et adoptent une stratégie d’unité nationale. En attendant les nouvelles élections législatives, les partis qui le souhaitent doivent se mettre d’accord sur trois ou quatre priorités budgétaires, en faisant des concessions. Cela dépend vraiment des groupes parlementaires et aussi de leur capacité à négocier avec le chef de l’Etat. Nous aurons également besoin d’un Premier ministre à la hauteur de cette situation. Ce qui est paradoxal, c’est que cet appel au compromis surgit à un moment où la polarisation n’a jamais été aussi forte. C’est cette tension qui rend le pays pour l’instant ingouvernable. L’autre difficulté est que ce type d’accord prend du - à signer. C’est tout le - que nous avons perdu cet été.

Pourquoi n’avons-nous pas cette culture de la négociation en ?

Les acteurs politiques, à commencer par Emmanuel Macron, ne se sont pas adaptés en - réel à la nouvelle donne. Cela s’est clairement manifesté dans la nomination de Michel Barnier, qui a été interprétée comme une surprise et non comme le résultat de négociations engagées à l’Assemblée nationale. Nous avons continué à avoir une pratique présidentialiste alors que le contexte devenait parlementaire.

Quand est née la crise politique que nous vivons ?

Nous nous trouvons dans une crise qui dure depuis longtemps et qui s’est progressivement aggravée. Je remonterais à 1995, car c’était la première élection où nous avons commencé à perdre nos repères. Jacques Chirac est le candidat d’une droite classique mais, pour être élu, il mène une campagne quasiment à gauche. Cela compte beaucoup dans le malentendu qui surgit plus tard. Les premières décisions, dont la réforme de la protection sociale, semblent trop contradictoires avec la campagne. Cela entraînera la dissolution et une coexistence de cinq ans qui correspond au début du dysfonctionnement de la Présidence de la République.

type="image/jpeg">>
Olivier Rouquan, chercheur associé au Cersa (Centre d’études et de recherche en sciences administratives et politiques). (Photo envoyée par Olivier Rouquan)

Puis vient le choc de 2002…

Oui, avec la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour, la bipolarisation n’est plus atteinte. Et, lors de son deuxième mandat, Jacques Chirac a échoué à un autre pouvoir crucial pour la présidence. Après la dissolution, le référendum a été manqué (celui sur la Constitution européenne, ndlr). Avec la réforme quinquennale, le jeu devient un peu plus perturbateur. Le président se prend pour le Premier ministre et veut tout diriger. A partir de Nicolas Sarkozy, nous avons ce qu’on appelle les hyper-présidents qui, au niveau administratif, concentrent les pouvoirs. Seulement, en termes de légitimité, ils sont de plus en plus faibles. Cet écart entre leur « décisionnisme » et ce qu’ils peuvent faire crée de nombreux malentendus démocratiques. De chaque nouveau président, les Français attendent des miracles, une projection de l’ordre de la mythologie. Et c’est très décevant à chaque fois. Avec Emmanuel Macron, la partie tourne vraiment mal, avec la fin du bipolarisme et cette situation où les extrêmes mettent les partis de gouvernement dans une impasse.

Est-il - de changer nos institutions ?

Certaines élites pensent que notre Constitution, telle qu’elle est, est le point de stabilité qui nous permet d’éviter le chaos. Quel est le verrou qui nous permet de résister. De mon point de vue, cela signifie avoir une confiance disproportionnée dans la loi. Ce qui est sûr, c’est que, compte tenu de la configuration parlementaire, il apparaît compliqué d’adapter nos institutions au contexte. Une solution pourrait être de lancer une conférence sur le sujet. Emmanuel Macron devra sans doute le faire après sa réélection.

-

Entre l’échec des négociations de cet été et ce projet institutionnel sans cesse reporté, Emmanuel Macron restera-t-il le président des occasions manquées ?

J’ai l’impression que nous avons perdu trop de - au cours des vingt dernières années. Depuis au moins 2002, la France est incapable, en raison de son fonctionnement politique et institutionnel, de résoudre les problèmes et de mener les réformes qualitatives nécessaires. Le Macron de 2017 a voulu incarner une rupture avec tout cela. Rétrospectivement, le projet de loi n’est pas là. En partie à cause de la multiplicité des crises auxquelles elle a été confrontée.

Olivier Rouquan est chercheur associé au Cersa (Centre d’études et de recherche en sciences administratives et politiques).

Belgique

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

-

PREV à la recherche du monde brisé
NEXT La rencontre des valeurs : Focus sur Sword Group et Digital Realty Trust