l’essentiel
Depuis trois ans Karima Brik se bat pour savoir qui est à l’origine du sinistre qui a détruit trois voitures et endommagé son pavillon à Nailloux, à 3h30, dans la nuit du 27 octobre 2021, alors qu’elle dormait dans le pavillon. avec son compagnon et ses deux enfants âgés de 12 et 6 ans. Le dossier a été rapidement classé sans suite de la part des gendarmes, mais la justice a rouvert l’enquête.
Karima Brik est soulagée. Avec le sentiment que la justice a enfin pris la mesure de l’enfer qu’elle a vécu avec sa famille dans sa maison de la rue Salvador Allende, à Nailloux, dans la nuit du 27 octobre 2021. Après trois ans de combat, assistée de son avocat Me Agathe David, elle, a réussi à convaincre le parquet de Toulouse de rouvrir l’enquête sur ce qu’elle considère comme une omerta.
« Sinon, comment expliquer, s’interroge-t-elle encore, le classement très rapide de cette affaire par les gendarmes, alors qu’on avait de nombreux indices » ? Une question à laquelle devrait répondre le juge d’instruction qui vient de reprendre le dossier pour retracer le scénario criminel. Il était un peu plus de 3 heures du matin ce soir-là lorsque la maison fut réveillée en sursaut. « Nous avons entendu du bruit et au moment où nous avons regardé ce qui se passait à l’extérieur, les trois voitures de fonction de mon compagnon étaient en feu », raconte la jeune femme. Le feu s’est même propagé à la façade de leur maison et a atteint le sous-sol lorsque les pompiers et la police alertés par Karima sont finalement arrivés sur place. Sur le mur situé à côté de la porte d’entrée du pavillon, géré par le bureau départemental HLM, un tag a été dessiné à la hâte phonétiquement : « Pedofil ». Signe évident d’un acte prémédité.
Les suspects ne sont finalement pas inquiets
Dans la foulée, une voiture et ses quatre occupants ont été interceptés dans le village. Il y a un majeur, sous contrôle judiciaire, et trois mineurs. Mais ils ont été rapidement disculpés par la police qui n’a trouvé aucune trace de liquide inflammable sur les lieux. “Ce qui ne conduit pas forcément à la conclusion d’un incendie d’origine accidentelle”, prévient toutefois le rapport d’expertise. Mais les enquêteurs de la brigade Nailloux n’ont trouvé aucun nouvel indice susceptible d’expliquer ce qui s’est réellement passé. Ni aucun coupable. A peine quelques voisins, au profil suspect, ont été entendus comme témoins. Karima évoque également un incident antérieur, lorsque les deux pneus d’une des voitures de son mari, également instructeur au club de football local, ont été crevés. L’affaire est vite classée et la famille de Karima doit continuer à vivre avec leurs fantômes, sans savoir qui était tellement en colère contre eux qu’ils ont incendié leur maison. « Mon fils a dû bénéficier du soutien d’un psychologue, explique-t-elle. “Et personne ne nous a aidé, même si nous nous sentions dans un climat d’insécurité permanente, pas plus à la mairie qu’aux gendarmes où l’on nous a assuré que l’affaire poursuivait son cours mais qu’il ne fallait pas qu’elle soit médiatisée.”
-Le témoignage des enfants
Une étrange injonction à la discrétion relevée par Me Agathe David, l’avocate de Karima qui évoque ensuite « plusieurs zones d’ombre qui demeurent dans ce dossier ». Sa plainte avec constitution de partie civile fin 2023, restée longtemps lettre morte, a donc relancé le dossier après l’intervention du procureur général de la République, qui a demandé la reprise des investigations. Yasmine, 15 ans, qui était alors victime de harcèlement à l’école et Noah,
Âgés de 9 ans, les enfants de Karima, ont été entendus à leur tour par les gendarmes de la compagnie de Villefranche-de-Lauragais, fin octobre, dans le cadre d’une nouvelle commission rogatoire. “Mon fils, qui fait depuis l’objet d’un suivi psychologique à l’hôpital Purpan, a été témoin de la scène de l’incendie et il a pu donner de nombreux détails aux enquêteurs”, souligne Karima, désormais certaine que les choses sont prises. sérieusement. Et cette justice sera rendue. Même si le mal est fait et que sa famille continue d’en payer les conséquences. En avril 2023, Karima a été brutalement agressée dans la rue, à Nailloux, par un jeune homme qui, selon elle, lui avait crié « qu’il aurait mieux fait de brûler sa maison ». L’agresseur n’était autre que l’un des mineurs qui avaient été interceptés à proximité du logement de Karima la nuit de l’incendie. Aujourd’hui, l’entreprise de son mari a été mise en liquidation et la famille a dû déménager et quitter définitivement Nailloux. Mais avec l’espoir de connaître enfin la vérité.