“Chacun doit prendre ses responsabilités.” Jusqu’au bout, Michel Barnier a tenté d’éviter la chute de son gouvernement. Mais après le recours au 49.3 lundi pour tenter de faire adopter le budget de la Sécurité sociale, le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national ont déposé chacun une motion de censure. Ils seront débattus ce mercredi après-midi et sauf miracle, le sort de Michel Barnier est déjà scellé. Emmanuel Macron devra alors trouver un successeur. Quels sont les scénarios possibles pour sortir de la crise politique ? On fait le point.
Répété deux fois avec Michel Barnier
Mardi soir, à l’Assemblée nationale, le député macroniste Eric Woerth a cité le nom de… Michel Barnier pour remplacer Michel Barnier. “Rien ne s’oppose à ce qu’il soit renommé puisqu’il n’y a pas de majorité alternative”, a murmuré l’ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy. Il a notamment évoqué cette fois un gouvernement plus serré.
Avantage : Le président n’aurait pas à trop se creuser la tête et éviterait les semaines d’incertitude qu’a connues le pays après les élections législatives.
Désagrément : Cette piste est politiquement inflammable puisque Michel Barnier resterait à Matignon malgré la censure, et alors qu’il semble incapable de trouver une majorité pour gouverner.
Tirage depuis « le bloc central »
L’avenue la plus probable est qu’Emmanuel Macron trouve un successeur à Michel Barnier au sein du « bloc central », dans l’ancienne majorité présidentielle ou au sein de la droite. Plusieurs noms ont déjà été évoqués : le patron du MoDem François Bayrou, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ou encore le président du Sénat, Gérard Larcher.
Avantage : Ce type de profil pourrait éviter que la censure soit immédiatement votée par le Rassemblement national, et garantirait un minimum de stabilité.
Désagrément : Une fois de plus, c’est le RN qui aurait les cartes en main et pourrait faire pression sur l’action du gouvernement.
Donnez une chance au PFN
Et si Emmanuel Macron décidait de laisser le Nouveau Front populaire tenter sa chance à Matignon ? Il y aurait une forme de logique puisque c’est la gauche qui est arrivée en tête (mais sans majorité) lors des dernières élections législatives. Comme c’est le cas depuis l’été, les insoumis ont sans surprise mis la pression sur Emmanuel Macron. “Nous l’avons dit et redit que Lucie Castets serait notre candidate à ce mandat”, a déclaré ce mardi à l’Assemblée nationale la patronne du groupe LFI, Mathilde Panot.
Avantage : L’intéressé se prépare depuis plusieurs mois maintenant à gérer le pays.
Désagrément : Lucie Castets, comme tout gouvernement soutenu par des rebelles, serait probablement très vite censurée.
Essayez le profil centre-gauche
Cette option semble désormais être l’option privilégiée par le Parti socialiste. Olivier Faure a ainsi appelé Emmanuel Macron à nommer un Premier ministre de gauche ouvert au « compromis » avec le bloc central. “C’est le Front populaire au gouvernement et le Front républicain à l’Assemblée”, a résumé le patron du PS. En clair, une personnalité politique capable de satisfaire suffisamment d’élus au sein du NFP mais aussi du côté macroniste pour éviter la censure. L’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, le président des députés PS Boris Vallaud ou encore Olivier Faure pourraient correspondre à une telle majorité.
Avantage : LLe sort du futur locataire de Matignon ne dépendrait pas du bon vouloir du RN.
Désagrément : Les profils ne sont pas fréquents dans les rues. Et les insoumis ont déjà fait savoir qu’il était « hors de question » d’envisager un accord avec les macronistes.
Un gouvernement technique
C’est une carte qui avait déjà été envisagée cet été. L’idée serait de nommer à Matignon et dans tous les ministères des profils techniques qui n’appartiendraient à aucun camp politique. Cela permettrait d’achever le budget 2025, et de faire fonctionner le pays jusqu’en juin, avant une éventuelle nouvelle dissolution.
Avantage : Cette solution pour éviter un blocage total pourrait trouver une majorité de non-censure au sein de l’Assemblée nationale.
Désagrément : Le gouvernement d’experts n’aurait aucune légitimité démocratique et ne pourrait prendre aucune décision en dehors de la gestion des affaires courantes.
La démission d’Emmanuel Macron
Cette hypothèse est revendiquée par La France insoumise depuis plusieurs semaines. Ces derniers jours, Marine Le Pen a d’ailleurs évoqué cette piste “pour potentiellement sortir d’une crise politique”, sans appeler directement à la démission d’Emmanuel Macron. “Le président a été élu démocratiquement, légitimement”, a répondu le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, ce mardi à l’Assemblée, regrettant une volonté de “chaos institutionnel” de la part des insoumis.
Avantage : Cela pousserait à une élection présidentielle anticipée, permettant aux Français de décider d’une ligne politique.
Désagrément : La situation resterait bloquée à l’Assemblée nationale jusqu’en juin prochain, avant une éventuelle dissolution.