Le président taïwanais Lai Ching-te est parti samedi pour une tournée dans trois pays du Pacifique, a constaté un journaliste de l’AFP à bord de son avion, avec deux escales prévues dans les territoires américains d’Hawaï et de Guam, au cours de ce voyage qui suscite l’ire de Pékin. Le vol de China Airlines, transportant Lai Ching-te, a décollé de Taipei peu avant 17h00 heure locale (09h00 GMT).
La Chine considère l’île de Taiwan comme l’une de ses provinces devant être réunifiée avec le reste de son territoire et n’exclut pas le recours à la force pour atteindre cet objectif. Pour son premier voyage à l’étranger depuis son entrée en fonction en mai, le président Lai se rendra aux Îles Marshall, à Tuvalu et à Palau, les seuls pays de la région parmi les 12 restants à reconnaître Taiwan.
Avant de passer deux nuits à Hawaï et une à Guam, pour se retrouver « vieux amis » E « membre du groupe de réflexion »a déclaré à l’AFP une Source de la présidence sous couvert d’anonymat.
Pékin s’oppose à tout contact officiel entre Taipei et les représentants étrangers. Plus généralement, la Chine cherche à l’effacer de la scène internationale en l’empêchant de participer aux forums internationaux et en faisant pression sur les entreprises pour qu’elles qualifient Taiwan de pays « province chinoise » sur leurs sites Internet.
Pékin a décrit Lai Ching-te comme “séparatiste” à de nombreuses reprises et ces dernières années, la pression militaire a augmenté autour de l’île avec de nombreuses manœuvres.
« Partenariat » avec les États-Unis
Des responsables taïwanais se sont déjà arrêtés sur le sol américain lors de déplacements dans le Pacifique ou en Amérique latine. C’est le cas du prédécesseur de Lai Ching-te, Tsai Ing-wen, qui a traversé ces mêmes territoires américains en 2017. En 2023, elle rencontre Kevin McCarthy, alors président de la Chambre des représentants américaine, en Californie. Pékin a répondu à cette réunion par des exercices militaires autour de Taiwan.
Début novembre, le ministre taïwanais des Affaires étrangères Lin Chia-lung a rencontré des membres du Parlement européen à Bruxelles. “Je pense que la République populaire de Chine (nom officiel de la Chine, ndlr) veut toujours donner l’impression que Taiwan est isolée et dépendante” d’elle, analyse pour l’AFP Bonnie Glaser, analyste au think tank allemand Marshall Fund.
« Lorsqu’un président taïwanais voyage hors de Taïwan, cela nous rappelle qu’il existe des pays dans le monde qui accordent de l’importance à leurs relations avec Taïwan. »ajoute-t-il, soulignant le rôle important de l’île dans l’industrie des semi-conducteurs. “Et bien sûr, lorsqu’il passe par les Etats-Unis, rappelez-vous (…) que les Etats-Unis et Taiwan entretiennent une coopération étroite”.
Washington reconnaît Pékin aux dépens de Taipei depuis 1979, mais celui-ci reste de facto l’allié le plus puissant de Taiwan et son principal fournisseur d’armes. Les États-Unis ont également annoncé vendredi avoir approuvé la vente potentielle de pièces de rechange pour les avions de combat F-16 et les systèmes radar à Taiwan, d’une valeur estimée à 320 millions de dollars.
Vendredi, un jour après l’annonce de la route de Lai Ching-te, le ministère de la Défense de Taiwan a déclaré avoir détecté 33 avions et huit navires de guerre chinois dans son espace aérien et ses eaux en 24 heures. Il s’agit du déploiement le plus important des trois semaines précédentes.