Le responsable de l’incendie est une voisine, une dame d’une soixantaine d’années. Elle a été convoquée ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Tournai.
A la barre, la Mouscronnoise balbutiait : «Cela n’améliorera pas les choses, mais je suis désolé.« Vous reconnaissez pleinement les faits qui vous sont reprochés.
“On ne voit ça qu’au cinéma”
Les victimes et leurs avocats ont également eu la parole. Il ne fait aucun doute que beaucoup vivent aujourd’hui un choc post-traumatique. “Les deux mots qui reviennent le plus sont « colère » et « incompréhension ». Tous mes clients étaient présents au moment de l’accident. Outre la présence de la bouteille, les conduites de gaz étaient également présentes. Nous avons échappé à une issue tragique et à une issue fatale», insiste l’avocat de la majorité des occupants de l’immeuble, Maître Moulin. Elle raconte les événements de la soirée : «il y avait une coupure de courant, certains regardaient la télévision, d’autres dormaient. M. V. a pris l’initiative et est descendu de la maison. Il a vu de la fumée s’échapper du sous-sol et a ordonné aux autres résidents de l’immeuble d’évacuer. C’est à ce moment-là que se produisit la première explosion. Le chaos était total, entre alarme incendie, obscurité totale et air irrespirable..» Selon son récit, certains ont vu leur salle de bain exploser, d’autres ont dû attendre sur le balcon, une dame a même dû laisser son chien dans son appartement et a dû s’enfuir au plus vite, heureusement l’animal a été retrouvé sain et sauf. “On ne le voit qu’au cinéma», a témoigné l’une des victimes.
Les résidents du bâtiment n’ont pu regagner leurs logements qu’au mois de mars suivant. Chacun a dû se débrouiller seul pour trouver un nouveau logement : plusieurs mois à l’hôtel, en Airbnb, et des logements divers qui dans certains cas pouvaient être précaires. “Les économies ont fondu comme neige au soleil, l’assurance ne rembourse pas aussi vite que souhaitéajoute l’avocat. Une personne a même été contrainte de quitter son appartement dans l’immeuble et d’emménager dans un logement du CPAS.“
Des dommages et intérêts de 7 500 à 8 500 euros ont été demandés « ex aequo et bono », ainsi que des sommes encore provisoires.
Une rupture amoureuse à l’origine du drame
Le procureur du roi a rappelé ce qui ressort du dossier : la dame venait de rompre avec un homme habitant le palais. Le jour de l’accident, elle a voulu “énerver” son ex-compagne et a mis le feu à quelques effets personnels qui se trouvaient dans son garage et est repartie, laissant derrière elle une pièce fermée avec chauffage et… une bonbonne de gaz. Tout le monde connaît déjà la suite. “Compte tenu de la gravité des faits, mais aussi du bonheur que les victimes n’aient pas eu de séquelles physiques et de l’absence de condamnation antérieure de la dame, je demande une peine de cinq ans.», a conclu le représentant du ministère public.
L’avocat du prévenu, Maître Berger, n’a pas eu de véritable explication à donner sur le geste commis par son client : « Il La raison profonde du geste de Madame me manquera toujours. Elle a déclaré qu’elle était mariée à cet homme depuis de nombreuses années et qu’après leur rupture, elle avait eu un épisode de dépression et avait rechuté dans la consommation d’alcool, qu’elle avait auparavant arrêtée.. La rupture, la colère qui en résulte, l’état dépressif et l’alcool… cela n’aide pas à expliquer mais à comprendre un peu.“
La défense a demandé un sursis probatoire. “Aujourd’hui, à quoi servirait-il à la société de mettre Madame en prison pendant cinq ans, sinon d’en faire un exemple ?“, a déclaré l’avocat.
L’accusé s’est exprimé une dernière fois à la barre des témoins avant de quitter l’audience : «Je pense que j’ai perdu le contrôle de ma vie ce jour-là… Je ne sais pas ce qui me passait par la tête.“
Sa sentence sera prononcée le 23 janvier.