Le Liban, en ruines, doit désormais reconstruire sur les décombres, et la facture s’annonce (très) élevée, d’autant que le pays est plongé dans une crise économique dramatique depuis 2019. La Banque mondiale estime à environ 8,5 milliards de dollars les pertes économiques. . et les dégâts causés par le conflit.
Si l’Iran et le Hezbollah ont déjà promis de s’engager, le soutien des autres pays arabes apparaît essentiel. L’Arabie saoudite a déjà proposé son aide, renforcée dans son initiative par la récente dégradation de ses relations avec Téhéran. Mais l’aversion des puissances arabes à l’égard du Hezbollah n’est un secret pour personne au Moyen-Orient. Et cela pourrait contraindre le groupe armé à faire profil bas dans les mois à venir.
Le début de la fin ?
Même au niveau interne, il semble que le temps du changement soit venu. Alors qu’une grande partie de la communauté chiite semble rester fidèle à la « Résistance » autoproclamée, d’autres Libanais estiment que le « parti de Dieu » est le principal responsable du conflit. Moins charismatique que Hassan Nasrallah, le nouveau chef du Hezbollah, Naïm Qassem prend le relais de son prédécesseur dans des conditions difficiles. Mercredi, c’est le président du Parlement libanais, Nabih Berri, qui a prononcé le “discours de victoire”.
Il est également difficile pour les milices de maintenir leur engagement militant à flot alors que le sud du Liban est désormais hors de portée. Contraint par l’accord de cessez-le-feu de se retirer de la zone frontalière avec Israël, il se retrouve privé de sa principale raison d’exister : comme «résister“al” Ennemi sioniste“e”libérer les territoires« sous son contrôle depuis ses positions derrière le fleuve Litani ? Et reconstruire ses infrastructures dans le sud, terrain privilégié des affrontements avec Tsahal ?
Malgré les attaques israéliennes en Syrie, « le pays n’est pas une priorité pour Tel-Aviv »
Reconstituer son arsenal militaire semble également épineux. La trêve négociée par les États-Unis et la France comprend une surveillance accrue des frontières libanaises avec la Syrie. Traversant le territoire syrien d’est en ouest, le couloir terrestre de l’Axe de la Résistance (le réseau mandataire de l’Iran) approvisionne le Hezbollah en armes et projectiles. Néanmoins, depuis plusieurs mois, le pays subit une multiplication des bombardements israéliens visant à détruire cet axe logistique.
Changement sur la scène politique libanaise
Il ne fait aucun doute que son soutien militaire au Hamas a coûté cher au Hezbollah. Dans ces conditions, il semble pour l’instant vouloir jouer la carte du consensus. Proche allié du parti, Nabih Berri a annoncé jeudi la tenue d’une nouvelle séance en vue de l’élection du Président de la République le 9 janvier 2025, «ce qui ne serait un défi pour personneMais le délai a été bloqué pendant deux ans par les milices dans l’espoir d’élire leur propre candidat, le chef de l’ex-organisation armée Marada, Sleiman Frangié.
Au Liban, « le Hezbollah est parfaitement capable de diriger, d’organiser et de déterminer les principales stratégies politiques du pays »
Naïm Qassem est même allé jusqu’à affirmer que «Les procédures de formation interne s’inscrivent dans le cadre de l’accord TaëfCe traité, destiné à mettre fin à la guerre civile libanaise de 1975 à 1990, prévoit notamment le désarmement de toutes les milices présentes sur le territoire libanais. Un scénario difficilement envisageable quand on connaît l’importance de sa dimension militaire pour le Hezbollah. Mais qui démontre une nouvelle fois sa volonté de ne pas faire de bruit en attendant des conditions plus favorables à son retour sur le devant de la scène.
De là à se retirer un temps de la vie politique ? Impossible, car le parti pro-iranien reste un acteur incontournable sur la scène politique, sociale et économique du Liban. Mais ce déclin pourrait encore ouvrir la voie à une stratégie de défense nationale fondée sur le renforcement des capacités militaires de l’armée libanaise.