C’C’est l’une des mesures les plus strictes au monde dans ce domaine. Jeudi 28 novembre, le Parlement australien a approuvé une législation interdisant l’accès aux réseaux sociaux aux personnes de moins de 16 ans. Il s’agit d’un amendement au Online Safety Act 2021. Cette interdiction, qui n’entrera en vigueur que douze mois, relève le question : sera-t-il suivi d’effets concrets ou restera-t-il symbolique ?
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Le Premier ministre Anthony Albanese, qui a défendu cette mesure, la justifie en qualifiant les réseaux sociaux de plateformes « favorisant la pression sociale, une Source d’anxiété, un canal pour les escrocs et, pire encore, un outil pour les prédateurs en ligne », rapporte l’Agence France. Presse (AFP). Toutefois, le texte ne précise pas pour l’instant quelles plateformes seront ciblées.
A LIRE AUSSI Comment les adolescents jugent les réseaux sociauxTout au plus, est-il mentionné, dans une synthèse du texte de loi, qu’elle concernera « les services généralement acceptés comme les médias sociaux et les services qui concernent le plus de nombreux parents ». Cela inclura, au minimum, TikTok, Facebook, Snapchat, Reddit, Instagram,
Une interdiction facilement contournable ?
Michelle Rowland, ministre des Communications, a accepté, déclarant que l’interdiction s’appliquerait également à Snapchat, TikTok, Facebook, Instagram et aux euros. Certaines plateformes comme WhatsApp ou YouTube, considérées comme essentielles aux adolescents pour leurs devoirs, devraient être épargnées. Toutefois, YouTube n’est pas exempt de critiques, notamment concernant la modération de ses contenus.
A LIRE AUSSI Surprise, les jeunes ne sont pas si mal informésEn outre, la mise en œuvre concrète de la loi reste floue à l’heure actuelle. Selon la BBC, le gouvernement s’appuiera sur la technologie de vérification de l’âge. Les modifications excluent l’obligation pour les utilisateurs de fournir une pièce d’identité et les options devraient être testées dans les mois à venir.
Les chercheurs en informatique s’interrogent sur la viabilité de cette technologie. Ils estiment que les restrictions pourraient facilement être contournées grâce à un VPN (Virtual Private Network). Il permet à un utilisateur, au-delà de cacher une adresse IP, de se connecter à un serveur à l’étranger. Et donc d’échapper aux restrictions de votre propre pays.
Google, Snapchat, Méta, Tiktok et
Ces doléances ont déjà été abordées par les plateformes qui seront concernées. Google et Snapchat ont critiqué une législation qui ne fournit pas suffisamment de détails, tandis que Meta (la société mère de Facebook) la juge déjà « inefficace » et estime que « le secteur fait déjà des efforts pour garantir des expériences adaptées à l’âge ».
Pour TikTok, qui se dit « déçu », la définition d’une plateforme donnée par le Parlement est « si large et vague » que « presque tous les services en ligne pourraient être concernés ». Enfin, X affirme que le texte pourrait ne pas être conforme aux réglementations internationales et aux traités relatifs aux droits de l’homme signés par l’Australie.
A LIRE AUSSI Surprise, les jeunes ne sont pas si mal informés« Nous ne disons pas que sa mise en œuvre sera parfaite […]mais nous savons que c’est la bonne chose à faire », a répondu le Premier ministre. La loi ne rendra pas “les réseaux sociaux plus sûrs pour les jeunes”, a déclaré l’écologiste australienne Sarah Hanson-Young lors du débat au Sénat, se disant “dévastée” de voir des jeunes “accro à ces dangereux algorithmes”.
Et en France ?
Les pays ont déjà mis en place des mesures. En France, une loi votée en juin 2023 a instauré une « majorité numérique » à 15 ans. Le texte n’interdit pas l’accès mais impose aux plateformes l’obligation de vérifier l’âge de leurs utilisateurs, et l’autorisation parentale pour les moins de 15 ans.
Le projet de loi sur la sécurisation de l’espace numérique, examiné à l’Assemblée nationale en 2023, contenait un amendement sur l’interdiction des VPN dans l’usage des réseaux sociaux. Sujet à polémique, il avait été retiré, mais il illustre bien à quel point le problème posé par ces VPN est réel et connu.
A LIRE AUSSI Désinformation : « Le pouvoir des réseaux sociaux dans la bataille de l’opinion publique inquiète de nombreux pays »Dans l’État américain de Floride, une loi devrait entrer en vigueur en janvier pour interdire l’ouverture de compte aux moins de 14 ans, mais les modalités pratiques n’ont pas été fixées. Cependant, dans l’Utah, une loi obligeant les plateformes à vérifier l’âge des utilisateurs et à imposer des restrictions sur les comptes des mineurs a été bloquée par un juge fédéral en septembre, qui l’a jugée inconstitutionnelle.
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Kangourou du jour
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« Même une législation bien intentionnée qui réglemente la parole en fonction de son contenu doit répondre à des normes extrêmement élevées de contrôle constitutionnel. » Référence au Premier Amendement qui interdit aux États de voter des lois limitant la liberté d’expression.
Législation, respect de la vie privée, viabilité technologique… L’Australie va devoir résoudre un certain nombre de questions épineuses. Elle donne un an aux plateformes pour se mettre à niveau, mais aussi pour définir concrètement l’application de cette loi. Au risque, loin d’être improbable, que cela ne ressemble qu’à une fanfaronnade.