Le gaz naturel renouvelable est encore loin d’être économiquement viable – Pivot

Le gaz naturel renouvelable est encore loin d’être économiquement viable – Pivot
Le gaz naturel renouvelable est encore loin d’être économiquement viable – Pivot

La stratégie québécoise de réduction des émissions de gaz à effet de serre prévoit le remplacement progressif du gaz naturel fossile par du gaz issu de sources renouvelables. Cependant, non seulement cette solution ne sera pas possible sans une intervention massive de l’État, mais selon une analyse récente, il existe un risque de manquer de gaz renouvelable pour répondre aux besoins énergétiques de la province.

Selon un récent rapport de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, le gaz naturel renouvelable (GNR) est encore trop cher pour constituer une solution économiquement viable pour remplacer le gaz naturel d’origine fossile sans autres incitatifs économiques.

En fait, le GNR se négocie à environ 25 dollars par gigajoule (GJ) d’énergie potentielle, tandis que le gaz naturel fossile se négocie à environ 3 dollars par gigajoule. Un écart trop grand pour que les entreprises envisagent la transition sans avoir d’autres incitations qui les encouragent ou les limitent, souligne Pierre-Olivier Pineau, co-auteur du rapport.

“Dans un monde théorique, nous n’agirions pas avec des programmes de subventions pour le GNR”, prévient le chercheur. « Nous rendrions les combustibles fossiles trop chers à utiliser et dirions aux gens ‘vous ne pouvez pas enterrer les restes de matière organique, vous devez les recycler.’ »

UNE SOLUTION ALTERNATIVE À L’ÉNERGIE FOSSILE

Actuellement, le GNR provient principalement de la méthanisation de matières organiques résiduelles (le contenu des conteneurs bruns et les résidus agricoles), qui sont d’abord transformées en biogaz, puis raffinées pour obtenir un méthane d’une pureté suffisante pour être intégré aux réseaux de distribution de gaz existants.

Nous évitons ainsi d’enfouir des matières organiques dans les décharges, qui libèrent directement du méthane, un gaz qui, pour le même volume, contribue 25 fois plus que le CO.2 au réchauffement climatique – dans l’atmosphère.

Le méthane qui devient GNR, lorsqu’il est ensuite brûlé dans le réseau, émet encore du CO2mais celui-ci, en plus d’être moins nocif que le méthane d’origine, aurait un effet net nul sur le réchauffement climatique, car il libère du carbone qui a été capturé lors de la production de matière organique. Par exemple, lorsqu’un plant de maïs pousse, il capte le CO2et c’est précisément du CO2 qui sera libéré lorsque l’épi sera transformé en GNR puis brûlé.

Selon la stratégie québécoise de lutte aux changements climatiques, le GNR doit être utilisé principalement pour remplacer le gaz naturel d’origine fossile, notamment dans les procédés industriels difficiles à électrifier et dans les usines qui ne peuvent pas obtenir suffisamment d’électricité pour se décarboner.

Une production potentielle limitée

Actuellement, seulement environ 5 % des matières organiques résiduelles générées au Québec seraient recyclées en GNR, selon les calculs de Recyc-Québec.

D’ailleurs, pour le moment, 90 % du GNR produit au Québec est acheminé aux États-Unis, où le régime fiscal et les incitatifs financiers pour inciter les entreprises à utiliser ce produit sont plus attractifs.

Mais plus important encore, techniquement, cela signifie que, dans le meilleur des cas, le Québec pourrait produire 20 fois plus de GNR qu’il ne le fait actuellement, ce qui porterait la production totale à environ 2 milliards de mètres cubes par année. Cependant, la consommation actuelle de gaz naturel dans la province avoisine les 6 milliards de mètres cubes.

Il faudrait donc réduire notre consommation de gaz naturel des deux tiers si nous espérons un jour remplacer la totalité du gaz naturel d’origine fossile du Québec par du GNR.

Pour des besoins illimités

“Est-il possible? » demande Pierre-Olivier Pineau. “Techniquement oui, mais socialement c’est complètement irréaliste”, déplore le chercheur.

Selon lui, nous sommes tout simplement trop gros consommateurs d’énergie pour nous affranchir du gaz fossile et rien ne montre que nous serions capables de corriger la situation.

Nous vous rappelons que le Canada vient d’être classé avant-dernier pays au monde pour la consommation d’énergie par habitant, selon l’indice de performance énergétique German Watch, qui est la référence dans ce secteur.

Pour Pierre-Olivier Pineau, la seule manière pour le Québec d’inverser la tendance serait que le gouvernement mette en place une série de mesures beaucoup plus sévères envers les personnes et les entreprises qui consomment beaucoup d’énergie, notamment en augmentant radicalement le prix à payer pour l’utiliser. combustibles fossiles.

“Cependant, cela n’est pas réaliste dans la société du Père Noël dans laquelle nous vivons, où les gouvernements veulent constamment offrir des cadeaux aux électeurs”, note-t-il.

Or, à ses yeux, sans mesures décourageant le recours aux énergies les plus polluantes, il est naïf de croire que les consommateurs s’en détourneront et permettront au Québec d’atteindre ses objectifs. « C’est comme dire à quelqu’un : on veut que tu coures le marathon, mais tu n’es pas obligé de t’entraîner, on te donne une moto ou un ski pour t’emmener jusqu’à la ligne d’arrivée », illustre-t-il.

 
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