On fait surtout le récit actuellement des échanges de tirs entre Russie et Ukraine. Les Russes multiplient les frappes et prennent notamment pour cible les infrastructures énergétiques. Aujourd’hui, Vladimir Poutine menace de frapper Kiev avec le missile hypersonique Oreshnik, déjà testé récemment.
De son côté, l’Ukraine utilise à présent des missiles pour viser des sites en territoire russe. Les ATACMS américains, et les Storm Shadow/Scalp britanniques et français.
Cette guerre à coups de missiles fait les gros titres mais le conflit en Ukraine se joue d’abord sur le front. C’est une guerre d’artillerie à courte portée et il faut des hommes pour la mener.
Et l’Ukraine manque de soldats. C’est depuis longtemps un sujet de préoccupation majeur pour Kiev. Les Etats-Unis font pression sur l’Ukraine pour que le pays abaisse encore l’âge de la mobilisation à 18 ans au lieu de 25. Pour rappel, cet âge a déjà été abaissé de deux ans il y a quelques mois.
Hier, un haut responsable de l’administration Biden a livré son analyse à quelques médias, dont l’AFP. L’Ukraine, dit-il, fait face à une crise « existentielle » de recrutement. Elle « ne mobilise et n’entraîne pas assez de soldats pour pallier les pertes sur le champ de bataille ».
Le porte-parole de la Maison Blanche John Kirby le résume ainsi : « nous pensons que les effectifs sont le besoin le plus vital de l’Ukraine ». Il faut des armes, certes, mais surtout des hommes pour les manipuler.
Bientôt des troupes européennes au sol ?
Et l’Ukraine a perdu beaucoup de soldats depuis 2022. Il n’y a pas de données officielles. Mais The Economist a compilé les estimations récentes, issues de travaux de recherche ou d’enquêtes journalistiques. Le magazine évalue entre 60 et 100.000 le nombre de soldats ukrainiens tués depuis février 2022. Et au moins 400.000 seraient sérieusement blessés et donc hors combat.
En face, le bilan des soldats russes tués atteindrait les 200.000 hommes. La Russie est elle aussi confrontée au défi de la mobilisation. L’armée offre des salaires attractifs et diverses compensations pour recruter. Avec un certain succès, même si le recours à des militaires nord-coréens montre bien que ses ressources ont des limites.
L’Ukraine est quatre fois moins peuplée, l’élan patriotique s’est essoufflée, et les troupes s’épuisent, elles restent de plus en plus longtemps en première ligne.
Pour le moment, les Ukrainiens refusent d’abaisser encore l’âge de conscription. Pas question de sacrifier la jeunesse, l’avenir du pays. Le sujet est trop sensible à un moment où l’Ukraine a besoin de s’unir face à une armée russe qui pilonne son territoire et gagne du terrain.
C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles l’idée d’envoyer des soldats européens en Ukraine fait son chemin. Emmanuel Macron avait été le premier à émettre cette hypothèse en février. Beaucoup de ses partenaires au sein de l’UE s’en étaient émus, mais le projet se précise. Déployer des troupes au sol au moins pour des missions de formation et du soutien logistique.
La France a trouvé un allié, le Royaume-Uni, et des pays de l’est et du nord de l’UE seraient partants. Un renfort précieux à défaut d’une solution au problème de la pénurie d’hommes.