histoire d’un scoop couvert

histoire d’un scoop couvert
histoire d’un scoop couvert
>>

Emmanuel Macron lors d’une visite du chantier de Notre-Dame de Paris le 14 avril 2023. SARAH MEYSSONNIER-PISCINE/SIPA

Lire plus tard Google Actualités Partager

Facebook Gazouillement E-mail Copier le lien

Envoyer

Temps de lecture : 2 minutes.

Accès gratuit

Le magazine de Bernard Arnault a publié en exclusivité des photos de la cathédrale Notre-Dame rénovée. Mais le magazine n’était pas présent en ligne ni dans les kiosques numériques le jour de sa sortie, afin de ne pas offenser davantage le président.

En langage journalistique, on appelle cela un scoop. Huit photos de Notre-Dame rénovée, en exclusivité mondiale, sur papier glacé de “Paris Match”. La qualité n’est pas exceptionnelle, l’image est sombre et les pixels un peu trop présents, mais ce sont les premières images de la célèbre cathédrale, victime d’un incendie en avril 2019. En Une, le magazine l’annonce : «Photo de l’intérieur de la cathédrale. » En surtitre, cette formule en majuscules : “EXCLUSIF. »

Ne cherchez cependant pas les traces de ce numéro historique sur les réseaux sociaux. Contrairement à son habitude, « Paris Match » n’a pas annoncé la couverture de la semaine sur Internet. Pas de photos sur le site, ni d’articles. Jeudi, jour de la sortie de l’hebdomadaire, toujours rien. A la place du numéro de « Paris Match » sur Notre-Dame, le sourire et les cheveux poivre et sel d’Olivier Kersauson, le navigateur vedette du numéro du 21 novembre, semblent figés à jamais. Un phénomène inédit pour un journal, qui renonce ainsi à communiquer en avant-première, et se prive de tous ses lecteurs numériques pendant 48 heures. Le numéro papier est cependant disponible en kiosque. Le signe d’une décision prise à la va-vite, alors qu’il était trop tard pour bloquer la publication du journal ? “Il n’y a aucun moyen, ne jure que par le directeur général du titre Jérôme Béglé. J’ai pris l’initiative de publier ces photos dans le journal, mais j’ai décidé par avance de respecter l’embargo sur les réseaux sociaux. Nous mettrons le PDF en ligne vendredi à midi, au moment de la visite du président. » Le leader avoue seulement avoir reçu” un retour d’expérience qui prend en compte la surprise affichée par l’Elysée” par Jean-Charles Tréhan, représentant de l’actionnaire LVMH.

«Disons qu’ils ont volé le départ»

Les émissaires de Bernard Arnault lui ont-ils ordonné de ne pas fomenter davantage le mécontentement à l’Elysée ? Jérôme Béglé jure avoir fait ce choix tout seul et préfère en parler “stupéfaction” d’Emmanuel Macron, plutôt que la colère présidentielle. «Disons qu’ils ont volé le départ»chuchote un collaborateur du président, peu disposé à fournir plus de détails sur les échanges en coulisses. C’est un secret, mais le locataire de l’Elysée n’a pas aimé voir sa gentillesse mise à l’épreuve, pour un événement précis auquel il accorde une attention particulière, après s’être lui-même donné l’impulsion d’une reconstruction rapide en cinq ans. Bernard Arnault a certainement contribué généreusement au financement des travaux de la cathédrale. Mais que la fuite provienne d’un titre désormais détenu par un homme qu’il a décoré en mars de la Grand-Croix de la Légion d’honneur, et toujours reçu comme chef de l’Etat à l’Elysée, a surpris son entourage. Et dire qu’on pensait que le rachat du magazine (un peu plus de 100 millions d’euros, soit plus de quinze fois sa marge brute d’exploitation) obtenu au terme de longs mois de négociations avec le milliardaire réactionnaire Vincent Bolloré, aurait permis à Emmanuel Macron être mieux traité par ce titre si prisé des hommes politiques…

Lire aussi

Enquête Notre-Dame, des vitraux en veritas ? Comment le projet de vitrail contemporain s’est transformé en bataille politico-artistique

Abonné

Lire plus tard

« La véritable révélation de l’œuvre sera demain »avons-nous insisté jeudi à la présidence. Ce vendredi 29 novembre le Président de la République visitera le bâtiment, en avant-première et en direct à la télévision, dans une scénographie orchestrée. Une occasion précieuse pour Emmanuel Macron de capter un peu de la lumière diffusée sur le monument, devenue plus rare depuis l’arrivée de Michel Barnier à Matignon. En l’absence du « Paris Match », le président peut au moins se rassurer. Pour accompagner la réouverture de la cathédrale, le diocèse de Paris a choisi Publicis, l’agence de communication dirigée par un fidèle, son ancien conseiller spécial Clément Leonarduzzi. Un proche qui, ces dernières semaines, interviewait des journalistes pour savoir s’ils ne voulaient pas être embauchés… au “Paris Match”.

Par Camille Vigogne Le Coat

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Plus d’une centaine de maisons détruites par un incendie majeur dans la région de Los Angeles
NEXT Le système de surélévation de mobil-homes de cette entreprise perpignanaise sacrée meilleure innovation de l’année