Le jour où Philippe Mothe aurait pu priver l’ASBH de son onzième titre

Le jour où Philippe Mothe aurait pu priver l’ASBH de son onzième titre
Le jour où Philippe Mothe aurait pu priver l’ASBH de son onzième titre

L’image est gravée pour l’éternité. Bernard Viviès, les mains sur le visage, s’effondre sur la pelouse du Parc des Princes après avoir trop ouvert le pied. Cruel épilogue à une série de penaltys inédits à ce niveau, l’arrière moustachu du SU Agen vient d'”offrir” à l’AS Béziers son onzième Brennus, le dernier de son histoire. Au sortir de cette nuit cauchemardesque du 26 mai 1984, Philippe Mothe fut le premier à s’en saisir. Le champion en 1982 et vainqueur du Du-Manoir en 1983 avait raté la balle de match quelques minutes plus tôt.

En première série, après un 1/3 des Biterrois, le SUA a pourtant cru en sa bonne étoile. Montlaur avait échoué, pas Viviès. Des 22 mètres à droite, Mothe pourrait donc sceller le sort des Héraultais. Il a dû rejouer ce tir au but des centaines de fois dans sa tête depuis. « Lors de la prolongation, j’ai dit aux entraîneurs René Bénésis et Jean-Michel Mazas que je voulais sortir. Lorsque je prenais des poids, j’étais pris de crampes au mollet. » Et son ballon s’envola à gauche de la cible…

Une erreur de paiement

« Même si je savais qu’une nouvelle série de trois coups de pied recommençait, j’étais très frustré. » Un sentiment qui n’est pas vraiment passé quarante ans plus tard. D’autant que cette finale n’aurait jamais dû se jouer aux tirs au but, et encore moins ainsi. Mais le XV de partant le lendemain pour une tournée en Nouvelle-Zélande, impossible de le rejouer, même si le score était à égalité à l’issue du temps réglementaire (12-12) et de l’étouffante prolongation (21-21). .

« Le destin était un peu contre nous ce soir-là. C’est une grande frustration de perdre la seule finale qui se joue aux tirs au but dans toute l’histoire du rugby français. »

Les deux équipes étaient parfaitement à égalité : 1 essai transformé, 4 pénalités et 1 drop de chaque côté, mais aussi un essai refusé et un drop sur le poteau des deux côtés. Pour la seule fois de son histoire, le Brennus a été décerné à l’issue d’une séance de tirs au but. « Dans le rush, l’arbitre s’est trompé sur le règlement, assure Philippe Mothe. Au lieu de tirer depuis la ligne des 22 de face, puis depuis 40 m et 50 m, il a tiré à gauche et à droite. » Est-ce que cela a changé l’histoire ?

« Une grosse frustration »

Durant les dix minutes d’hésitation qui ont précédé cette séance de tirs au but, en tirant sur sa cigarette, son compère au centre Philippe Sella a sûrement dû ruminer aussi ce tacle de Joguet et cette interception de Médina sur une reprise dès la 22. Philippe Mothe encore a cette mêlée, 30 mètres devant les poteaux, à travers la gorge. « Leur troisième ligne se détache, mais l’arbitre Jean-Claude Yché ne siffle pas de penalty. Lors de son jubilé, nous avons décidé avec les joueurs du SUA de ne pas y aller ! »


Un drop renvoyé par le poteau, un essai refusé à Lavigne pour un en-avant sur sa dernière passe, et son coup de pied gagnant manqué aux tirs au but, Philippe Mothe a vu le destin travailler contre lui.

Archives SO

Avec son drop renvoyé par un poteau et son en-avant refusé à Lavigne, Philippe Mothe en est convaincu : « Le destin était un peu contre nous ce soir-là. En cette année 1984, nous étions sûrs de nos atouts et de pouvoir faire le doublé. C’est une grande frustration de perdre la seule finale qui se joue aux tirs au but dans toute l’histoire du rugby français. On en reparle forcément quand on se retrouve avec des anciens joueurs de Béziers car c’est un grand moment de joie pour eux et de frustration pour nous. »

Un cauchemar qui a failli se reproduire en 2002. Et puis Laurent Mazas a claqué la chute du titre pour le Biarritz Olympique. Est-ce moins cruel que le coup de pied manqué de Philippe Mothe ?

La finale de 1984

Reunion at Raoul-Barrière. Quarante ans après ce fameux 26 mai 1984 au Parc des Princes, Biterrois et Agenais se retrouveront ce vendredi en marge de cette 12e Journée Pro D2. « Ils vont fêter les quarante ans de leur dernier titre et nous serons dix pour encourager le SUA », précise Philippe Mothe qui reformera le duo pour l’occasion avec Philippe Sella. Pour mémoire, voici les compositions des deux équipes qui auront sûrement beaucoup à se dire dans les travées :
AS Béziers: Bonhoure – Fabre, Joguet, Fort, Médina – (o) Escande, (m) Vachier – Lacans (cap.), Bagnaud, Cordier – Palmié, Wolff – Martin, Minaro, Vaquerin. Remplaçants : Pigeaud, Leipp, Chamayou, Piazza, Martinez, Lles.
VOTRE AGENT : Viviès – Bérot, Sella, Mothe, Lavigne – (o) Delage, (m) Llop – Delbreil, Erbani, Gratton – Rivière, Pujade – Dubroca (cap.), Dupont, Tolot. Remplacements : Malbet, Bertoni, Capote, Murat, Gleize, Montlaur.

 
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