Ce qui se cache derrière le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah

Ce qui se cache derrière le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah
Ce qui se cache derrière le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah

Israël et le Hezbollah viennent de conclure un cessez-le-feu. Combien de temps ça va durer ? Est-ce une lueur d’espoir pour Gaza ? Voici ce que pensent les experts.

Felix Wellisch, Gerusalemme / cap. médias

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Après quatorze mois de guerre, mercredi matin à 4 heures du matin, heure locale, les armes se sont tues entre Israël et le Hezbollah libanais. Quelques heures avant le cessez-le-feu, une série de lourdes frappes aériennes israéliennes ont secoué Beyrouth.. Le Hezbollah a tiré dimanche 250 roquettes supplémentaires sur Israël, l’une des plus grandes salves depuis le début de la guerre. Le message semblait clair :

“On peut si on veut”

Pourtant, ce jeudi, le cessez-le-feu adopté par Israël mardi soir semble tenir.

Pour parvenir à un accord, le Hezbollah a renoncé à sa volonté d’imposer un cessez-le-feu également dans la bande de Gaza. Il faut dire que les milices soutenues par l’Iran ont dû faire face d’énormes pertes au cours des trois derniers mois. Parmi les près de 4 000 Libanais tués depuis le début de la guerre figurent, outre de nombreux civils, une grande partie des dirigeants du Hamas, dont son leader de longue date, Hassan Nasrallah.

De plus, Israël affirme avoir détruit près de 80 % de l’arsenal de missiles de la milice. Les deux parties respecteront-elles le cessez-le-feu de soixante jours et cette première étape mettra-t-elle fin à la guerre ?

Gendarmes internationaux

Selon les médias, l’accord prévoyait une période de trêve jusqu’à fin janvier. Pendant ce temps, l’armée israélienne devrait quitter le Liban et le Hezbollah se retirera dans les zones situées au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière. L’armée libanaise a annoncé le déploiement de 10 mille soldats dans la zone frontalière. Cela correspond largement aux conditions de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a mis fin à la précédente guerre du Liban en 2006, mais qui n’a jamais été strictement mise en œuvre.

Ce qui est nouveau en revanche, c’est que les États-Unis et quatre autres États veilleront au respect de cet accord. Ils accorderaient également apparemment à Israël, dans un document séparé, le droit de mener des attaques au Liban si nécessaire. Toutefois, celles-ci ne peuvent être dirigées que contre des menaces directes, si l’armée libanaise n’intervient pas contre elles. On ne sait pas exactement dans quelle mesure le Hezbollah peut continuer à exister en tant que milice armée.

Le cabinet de sécurité israélien a approuvé la proposition mardi soir à une majorité de 10 contre 1. Pouvoir séparer la guerre du Liban de celle de Gaza, contre la volonté du Hezbollah, est un succès politique pour Netanyahu.

Le ministre de la Police, le nationaliste Itamar Ben Gvir, a parlé d’une “erreur historique”. Il n’a toutefois pas menacé de briser la coalition. Selon Gayil Talshir, politologue et expert de Netanyahu, le mouvement des colons considère finalement Gaza comme plus important :

« Ils veulent y imposer une occupation militaire et une recolonisation »

Gayil Talshir

Pression de Washington

Ironiquement, les critiques proviennent des communautés évacuées du Nord, celles-là mêmes qui étaient censées bénéficier de cette décision. La guerre a déplacé plus d’un million de Libanais et environ 60 000 Israéliens. Avichai Stern, maire de la ville de Kirijat Shmona, dans le nord d’Israël, a qualifié l’accord de « pacte de reddition » et a appelé à la création d’une zone tampon israélienne au Liban.

Netanyahu a averti mardi soir qu’Israël réagirait extrêmement durement à toute violation.

« La durée de la trêve dépend de ce qui se passe au Liban. S’ils se réarment, nous attaquerons.

Le changement imminent de pouvoir aux États-Unis semble avoir joué un rôle décisif dans cet accord. Le vainqueur des élections, Donald Trump, avait appelé à une fin rapide de la guerre et Netanyahu sait que son pays dépend du soutien américain. Par ailleurs, le président américain sortant, Joe Biden, aurait également exercé des pressions.

Le Hamas espère également

L’Iran a salué mercredi le cessez-le-feu. Sima Shine, du groupe de réflexion israélien INSS, estime que le Hezbollah et Téhéran veulent réellement mettre fin à la guerre. “Il s’agit de sauver ce qui reste du Hezbollah sur le plan politique et militaire », explique l’ancien agent des services secrets israéliens et expert de l’Iran. De plus, l’Iran veut « nettoyer le passé » avant que Trump n’entre en fonction.

Après la fin des combats au Liban, le Hamas s’est déclaré “prêt à un cessez-le-feu et à un échange de prisonniers”, a déclaré un porte-parole. Biden a également annoncé une nouvelle tentative pour mettre fin aux combats à Gaza.

Mercredi, les effets ne se sont toutefois pas fait sentir. Selon les secours, au moins quinze personnes ont été tuées dans des attaques de l’armée israélienne. Dans le même temps, les pluies hivernales qui ont commencé à tomber aggravent la situation déjà catastrophique d’environ deux millions de personnes déplacées. La politologue Sima Shine ne croit pas que Netanyahu s’engage à mettre fin à la guerre à Gaza :

« Il a lui-même déclaré qu’après la guerre viendrait le temps de nouvelles élections en Israël et d’un bilan des événements du 7 octobre. Il ne veut pas en arriver là.

Sima Briller

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