Comme pour tous les acteurs libanais directement concernés par l’application de l’accord de cessez-le-feu entre le Liban et Israël annoncé mardi soir, l’armée libanaise était mercredi dès l’aube sur le pied de guerre pour entamer sa mission de maintien de la trêve au Sud-Liban. Dans le cadre de l’application (stricte cette fois) de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, l’armée est chargée de remplacer les miliciens du Hezbollah et de superviser le retrait de ses armes au sud du fleuve Litani. . Réagissant à cette démarche, le député Hassan Fadlallah a affirmé mercredi que son parti fera preuve d’une « coopération totale ». Comment se déroule cette opération et quel est le plan mis en place pour faire décoller cette tâche délicate ? Malgré les récentes atermoiements diplomatiques et l’incertitude qui a précédé l’accord final, l’institution militaire s’était déjà préparée à l’avance et avait réfléchi à la logistique et aux moyens nécessaires. On le sait déjà : dans une première phase, la troupe doit mobiliser progressivement près de 6 000 unités réparties en différents points, à l’exception des régions et localités où sont encore implantées les forces israéliennes. Ils sont censés quitter définitivement le territoire libanais d’ici soixante jours, jusqu’à ce que les militaires libanais aient pris le contrôle de la région.
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En attendant, l’armée libanaise compte déjà près de 4 500 éléments au Sud-Liban – deux brigades de 3 000 éléments et un régiment de plus d’un millier de soldats, qui seront répartis dans les endroits sensibles. Ces derniers avaient été redéployés au cours des deux derniers mois alors que les combats faisaient rage, dans des postes relativement éloignés de la frontière, l’armée n’ayant pas pris part au conflit. Le reste, soit quelque 2 000 éléments supplémentaires, sera déployé petit à petit sur place, les premiers contingents s’étant déjà dirigés vers le sud mercredi matin. « Les effectifs supplémentaires étaient issus des rangs des unités dites de réserve, constituées notamment de forces spéciales comme les commandos terrestres et navals », confie-t-il à L’Orient-Le Jour Général Khalil Gemayel, officier à la retraite. Il s’agit de la formule la plus rapide pour laquelle la troupe a déjà opté. Outre les 6 000 militaires qui devront progressivement être affectés à cette mission, l’institution militaire a prévu d’autres options potentielles si nécessaire.
Les réservistes?
Une deuxième option consiste à redéployer une partie des unités auparavant mobilisées dans des régions relativement sûres, comme le Chouf par exemple. « Ils sont formés et prêts à assumer leur mission. Ils constituent un corps compact et solidaire puisqu’ils se connaissent tous, ce qui est un avantage », précise le général Gemayel. Cela suppose donc que les secours dans ces localités dites sûres puissent être assurés par les Forces de sécurité intérieure. « Les FSI doivent remplir leur mission initiale : alléger le fardeau qui pèse sur l’armée. D’autant que le rôle de la troupe n’est pas de maintenir la sécurité à l’intérieur, mais aux frontières », commente Khaled Hamadé, un autre officier à la retraite.
L’armée, chargée il y a des années de tâches de maintien de l’ordre et de la stabilité intérieure, en soutien aux FSI, alors que son rôle initial aux frontières avait été confisqué par la présence en force du Hezbollah, peut désormais être réhabilitée dans ses fonctions. « Une dernière option consiste enfin à mobiliser les réservistes, estimés à près de 30 000, qui pourront être rappelés à tout moment. Il s’agit d’anciens retraités encore en âge de servir», précise le général Gemayel.
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Sauf que cette formule, testée en 2006, “n’est pas la plus pratique”, estiment d’anciens militaires qui évoquent des problèmes d’efficacité et de motivation, dus à l’âge avancé des rappelés mais aussi aux maigres salaires perçus par les militaires, d’autant plus que la plupart d’entre eux ont déjà trouvé un emploi. Reste donc à garantir le recrutement, l’entraînement et le financement de près de 6 000 autres éléments d’ici six à dix mois, un défi que l’armée s’engage à relever à condition de s’en donner les moyens. Le 24 octobre, à la demande des Nations Unies, les participants à la conférence de Paris ont annoncé une aide de 200 millions de dollars pour soutenir les forces de sécurité libanaises, dont l’armée. « Jusqu’à présent, le Liban n’a rien reçu », confie anonymement à L’HUILE une Source proche du dossier. Cependant, nous ne saurons pas si c’est une période nécessaire pour tester la volonté et le sérieux des Libanais dans le processus de mise en œuvre de la résolution 1701, pendant la période de transition de 60 jours, avant de débourser le moindre centime.
L’une des premières épreuves auxquelles une des unités de l’armée a été confrontée mercredi dans les premiers instants de son déploiement a été de repousser les habitants du sud du Litani qui affluaient en masse pour rejoindre leurs villages. Toutefois, l’armée israélienne est toujours présente dans certaines localités comme Khiam. Mercredi matin, une vidéo d’un habitant se prenant en photo devant un char israélien a circulé sur les réseaux sociaux. Aussitôt alertés, les militaires libanais ont procédé au bouclage de tous les accès à cette ville. « Les Israéliens ont commencé à tirer en l’air pour les éloigner. Les militaires libanais sont rapidement intervenus pour mettre un terme à l’incident”, commente une Source militaire anonyme. Dans un message sur X, Avichay Adraee, porte-parole arabophone de l’armée israélienne, a pris soin de avertir les habitants de ne pas se diriger vers le sud à ce stade. Un des défis que l’armée est dans un premier temps appelée à relever.
Comme pour tous les acteurs libanais directement concernés par l’application de l’accord de cessez-le-feu entre le Liban et Israël annoncé mardi soir, l’armée libanaise était mercredi dès l’aube sur le pied de guerre pour entamer sa mission de maintien de la trêve au Sud-Liban. Dans le cadre de l’application (stricte cette fois) de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU…