Six ans plus tard, quelqu’un parle
En avril 2021, la police s’est rendue au domicile du couple pour parler du délit signalé par une femme trois mois plus tôt. “Je vais finir ma bière et te suivre», répond Jean-Luc. Au même moment, la police de Charleroi arrive au domicile de son ami Dominique, dénoncé par son ex-compagne. “Ne me dis pas que c’est pour Christiane« leur a-t-il dit.
Les deux hommes sont assis à table. Oui, ils ont transporté le corps sans vie d’une femme, six ans plus tôt, et l’ont jeté dans un puits, après l’avoir transporté dans un congélateur. Au cours de ce désastreux cortège, ils ont également croisé une patrouille de police.
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Les deux hommes prennent l’escorte en direction du canal du Centre, jusqu’à un endroit situé sous le pont autoroutier. Ils indiquent un puits en béton armé. Triste enterrement pour une dame dont personne n’a signalé la disparition. Les enquêteurs retrouvent des ossements. La médecine moderne permet d’identifier la victime, Christiane Scherpereel, née en 1950 à Mouscron.
Femme vulnérable
Christiane Scherpereel était mentalement retardée. C’était une jeune femme qui aimait le crochet et les animaux de compagnie. Elle fréquente également la pègre de la ville, ce qui lui permet de rencontrer Jean-Luc Clitophon, avec qui elle partage des canettes de bière sur le parking d’un magasin.
Jean-Luc a accueilli Christiane chez lui. Le revenu mensuel du couple Clitophon-Volkaert, qui s’élevait à 1.300 euros, allocations sociales perçues par Marie, double grâce à Christiane.
Il dormait dans la salle de bain, à même le sol ou sur un matelas de fortune, près des latrines. Parfois, elle recevait des gifles de Jean-Luc, l’ivrogne qui la réveillait la nuit pour assouvir ses besoins. Un soir, à une date non précisée entre le 1er novembre 2014 et le 1er mai 2015, il a frappé trop fort, à la tête, avec ses poings et une cassette VHS. Motif : il aurait menacé de battre sa fille, la huitième merveille du monde pour Jean-Luc.
Le lendemain, Christiane était morte. Là où de simples mortels auraient appelé la police, Jean-Luc a appelé son vieil ami Dominique pour se débarrasser du corps. Le couple a continué à utiliser le compte du défunt pendant trois ans. Un crime odieux resté silencieux pendant six longues années.
Le tribunal et le jury ont relevé dans leur sentence l’extrême gravité des faits, le but lucratif dans l’utilisation de la carte bancaire de la victime, ainsi que la durée du délit.
Jean-Luc Clitophon, qui comparait au procès sous surveillance électronique, a été interpellé lors de l’audience.